Santé : un rapport appelle à lutter contre les faux médicamentsLundi 28 Avril 2025 - 18:45 Henriette Poaty, directrice scientifique à l’Institut national de recherche en sciences de la santé (IRSSA), et le Dr Blondy Mboungou-Bouesse, spécialiste en pharmacologie, pointent dans un rapport les « déconvenues » et les « conséquences » des vendeurs à la sauvette qui exposent la population à des risques sanitaires et interfèrent sur la profession légale des pharmaciens.
Selon le rapport, les conditions de conservation sont douteuses et les notices spécifiant les effets secondaires ne sont pas toujours lues par les acheteurs ; la prescription des doses est effectuée par un non professionnel ; des associations inexpliquées des médicaments sont parfois effectuées par des acheteurs eux-mêmes ou recommandées par le vendeur. Exemple : le Tramadol (une drogue ?) est souvent associé à l’Ibucap (anti-inflammatoire). Sur le plan social, signifie le rapport, il s’agit d’un exercice illégal de la profession, et les vendeurs interfèrent sur la profession des pharmaciens. En outre, le nom « doc » crée une sorte de dévalorisation du métier de pharmaciens ; la vente inopinée favorise la délinquance juvénile par l’accès aux drogues type Tramadol (très consommé par les adolescents). La majorité de ces produits est alimenté par un laboratoire indien et ils proviennent clandestinement de la République démocratique du Congo. Sur le plan économique, il est également démontré que parfois il s’agit de bons médicaments à coût moindre, illégalement fourni par des laboratoires et pharmacies locaux ou des délégués médicaux. L’interdiction formelle d’exercice de vente de ces produits peut poser des problèmes sur le plan économique, car il s’agit souvent de « job alimentaire » effectué par des pères d’enfants sans emploi. Les vendeurs de bokokos, cette deuxième catégorie de vendeurs, mettent sur le marché des plantes médicinales sous forme de racines, de tiges ou de noix. Les produits vendus ont des avantages et des inconvénients. Les avantages et les inconvénients des produits de la pharmacopée vendue à la sauvette Au plan scientifique, selon le rapport, on note plusieurs avantages : les plantes ont de nombreuses vertus thérapeutiques, et ce sont elles qui au départ sont à la base de la fabrication des médicaments d’officine. S’agissant des inconvénients, ces plantes sont souvent consommées sans connaître la dose, la composition chimique et les effets secondaires. Les récoltes des plantes vendues sont non écologiques ; les plantes ne sont pas forcément identifiées et répertoriées par « l’herbier national » ; l’hygiène est défectueuse car les produits placés le plus souvent dans une cuvette ouverte sont touchés par tout le monde, notamment dans les buvettes ; les conditions de conservation ne sont pas assurées. Par ailleurs, ils peuvent faire l’objet d’études pharmacologiques (enquête ethnobotaniques, chimique, expérimentation animale, etc.), car on tend actuellement vers les médicaments traditionnels améliorés (MTA). En conclusion, la profession de manganguiste doit être interdite car, selon le rapport, elle expose la population à des risques sanitaires et interfère la profession légale des pharmaciens. Cependant, pour des raisons socio-économiques, on peut autoriser uniquement la vente des accessoires (gants, compresses, coton, tensiomètre, etc.). En outre, pour faciliter leur réinsertion professionnelle, un accompagnement de ces vendeurs est nécessaire après l’interdiction de vente. L’Etat peut, en association avec les ONG, construire un véritable projet de réinsertion avec des bourses de formation. En ce qui concerne la vente des bokokos, une règlementation de conditionnements des produits est nécessaire. Ces produits ne doivent pas être systématiquement interdits car ils sont d’un grand atout pour la recherche de nouvelles thérapies innovantes basées sur les MTA qui sont vendues à des faibles coûts et accessibles à toutes les couches de la population congolaise. Guillaume Ondze Légendes et crédits photo :Un vendeur des produits médicaux dans la rue/Adiac Notification:Non |