Procès du 4-Mars : selon le colonel Jean-Claude Mopita, responsabilité ne signifie pas culpabilité

Jeudi 22 Août 2013 - 4:57

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Directeur des armements au moment du drame du 4 mars 2012 et inculpé en compagnie d’autres personnes, le colonel Jean-Claude Mopita est venu à la barre pour donner sa version des faits

Après avoir fait la genèse des faits, Jean-Claude Mopita déclare à la Cour que responsabilité ne signifie pas culpabilité, car lorsque quelqu’un est nommé à la tête d’une structure il a un certain nombre de missions à remplir. Revenant sur certains agissements du colonel Marcel Ntsourou à la maison d’arrêt, il dit avoir appris que le caporal-chef Blood Kouack Kakom utilisait le 4 mars un foyer à charbon au sein de l’Établissement central de rechange, de réparation et des réserves en armement et munitions (Écramu) le 7 mai 2012 devant le procureur de la République. Ce qui avait été confirmé par le lieutenant Okana. C’est à partir de cette hypothèse, indique-t-il, qu’il faut creuser puisque le feu du charbon ne pouvait pas causer tous ces dégâts.

« Nous avons écarté catégoriquement l’hypothèse d’un court circuit car c’est du fait de l’homme. Je suppose qu’il y a eu utilisation d’un produit inflammable pour que cela corrobore ce que les gens ont entendu comme bruit. Ce sont les déclarations des uns et des autres devant le procureur et devant tout le monde. Je savais que les explosifs étaient stockées à l’Écramu selon les règles de l’art, nous sommes tous ici pour connaître ce qui s’est passé », a déclaré le directeur des armements, déplorant le fait qu’il avait été écarté de la commission d’enquête.  

Une déclaration quelque peu contraire à ce que Jean-Claude Mopita avait avancé devant le juge d’instruction. Rappelant que la raison d’être de ce procès consiste à mettre toutes les énergies en œuvre pour la manifestation de la vérité, le procureur général près la Cour d’appel de Brazzaville, Corneille Moukala-Moukoko, revient sur ces déclarations. En effet, le directeur des armements a reconnu, en sa qualité de spécialiste des armements, que le pays ne disposait pas d’infrastructures adéquates pour le stockage des munitions. Il avoue devant la Cour avoir fait des propositions qui n’ont jamais abouti aux ministres Justin Lekoundzou Ithi Ossetoumba, Jacques Yvon Ndolou et Charles Zacharie Bowao. Il y a eu beaucoup de rapports à la hiérarchie sur le danger que représente le stockage du matériel, poursuit-il : « Verbalement au ministre Bowao, j’ai dit que ce que nous avons là représente un danger. Si cela peut être ainsi, tous les bâtiments seront rasés y compris chez le président de la République. Nous devons tout faire pour faire sortir ces choses-là, c’est-à-dire on doit aller stocker ces choses-là dans un autre endroit. Après les évènements, le ministre a reconnu qu’il se rappellait de ce que je lui avais dit. Le stockage de ce type de matériels en ville commande un type de construction à mettre en place de stockage. Il avait pris note. »

Le colonel Jean-Claude Mopita reconnaît qu’il était interdit à plusieurs endroits de l’Écramu de fumer ou d’utiliser tout ce qui est feu. Pour lui, l’incident du bâtiment B ne pouvait atteindre l’autre bâtiment situé à environ 80 mètres, il s’agit peut-être d’un piège tendu par les auteurs du feu. Le vendredi 2 mars 2012, soit 48 heures avant le drame, le directeur des armements était à l’Écramu pour faire réparer un groupe électrogène tombé en panne.

Le groupe électrogène a-t-il causé l’incendie ?

En effet, absent du pays, Jean-Claude Mopita était informé de la visite, le mardi 6 mars 2012, du ministre à la présidence, chargé de la Défense nationale, Charles Zacharie Bowao. C’est ainsi qu’il a ordonné la réparation de l’un des deux groupes électrogènes de l’Écramu fonctionnant respectivement au gasoil et à l'essence. Mais d’après lui et le chef de l’Écramu, le colonel Frédéric-Noël Ingani, ce ne sont pas les groupes électrogènes qui ont causé le feu, au regard de leur emplacement. C’est ainsi que le président de la Cour, Mathurin Bayi, a exigé la comparution devant la barre du secrétaire du chef de l’Écramu, qui avait l’habitude d’acheter de l’essence pour faire fonctionner le groupe.

Parfait-Wilfried Douniama