Procès du 4-Mars : l’audition des accusés s’est achevée le 22 août

Vendredi 23 Août 2013 - 3:28

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Trois prévenus et un témoin ont été auditionnés pour éclairer la lanterne de la Cour sur l’origine de l’incendie d’une part, et sur les fonds déboursés par l’État congolais pour la construction de soutes de munitions, d'autre part

Les accusés Issangou, Abdou Yorgen Bouandzobo et Ngouolali Missie ont, au cours de leurs dépositions, déclaré avoir vu l’adjudant Guy-Bernard Okemba, officier de permanence devant remplacer le sergent-chef Alvarez Georgino Ngouolali Missie le 4 mars 2013, en possession de deux bidons de 25 litres. Ils ont ainsi confirmé cette version des faits à la Cour le 22 août lors de la déposition de l’adjudant Okemba.

L’adjudant Guy-Bernard Okemba, témoin dans cette affaire, a nié les faits qui lui étaient reprochés. La Cour décidait alors de confronter l’adjudant à ses collaborateurs qui l’avaient vu avec ces bidons. Après confrontation, l’adjudant Guy-Bernard Okemba infirmait ces propos en déclarant qu’il n’avait pas de bidons en sa possession. « Tout le monde sait que j’emporte mes bidons pour puiser de l’eau au forage de l’Asecna chaque lundi, mais ce jour-là je ne les avais pas avec moi », a-t-il signifié à la Cour.

Pour répondre à la question de la Cour au sujet de l’origine de l’incendie, l’adjudant a déclaré qu’il n’était pas spécialiste en armement, mais en gérance de carburant. Cependant, lors de sa déposition, l’adjudant ne l’a pas déclaré à la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST), ni lors de son instruction devant le juge d’instruction.

Plus de 400 millions FCFA détournés

Ces fonds ont été déboursés par l’État congolais pour la construction de soutes à Bilolo en vue de stocker le matériel militaire. À son tour, le colonel Germain Ickonga Akindou, directeur général de l’équipement (DGE) inculpé pour détournement de deniers publics en 2006, a été auditionné puis confronté aux époux Kouyaté. Cette affaire, qui ne semble pas avoir de lien avec la tragédie du 4-Mars, a permis à la Cour de connaître la malversation faite au détriment de l’État congolais. « Mon intérêt a toujours été à la recherche de l’efficacité. J’assume les faits qui sont au niveau de ma compétence, j’assume ma responsabilité. Il y avait des malformations au niveau de l’exécution des travaux », a indiqué le colonel devant la Cour. Ce marché avait été attribué à l’établissement « 3F » de Mme Kouyaté, née Henriette Clarisse Mbochi, épouse du cousin du colonel Ickonga. Cette société est spécialisée en livraison des fournitures de bureau et non en bâtiment.

Selon le colonel Ickonga, le bureau d’études de la DGE avait initié et exécuté le projet de construction des soutes à Bilolo, dans le neuvième arrondissement Djiri. « Deux soutes ont été construites, mais l’une d’entre elles s’était effondrée. L’objectif n’était pas de stocker le matériel de l’Écramu, car les soutes ne sont pas habilitées à recevoir plusieurs types de matériel. Et c’est la DGEE qui avait exécuté les travaux à la place de l’établissement 3F », a-t-il déclaré. Il avait demandé à Ismaël Kouyaté de lui donner le dossier fiscal de son épouse, sans en connaître la cause. Deux mois plus tard, selon Henriette Kouyaté, le colonel Germain Ickonga Akindou appelle son mari pour lui dire que l’argent a été transféré sur leur compte. « Nous lui avons versé cet argent en deux phases. Nous lui avons payé 210 millions FCFA la première fois, et la seconde phase (2009), nous lui avons remis 273 millions FCFA », a-t-elle fait savoir. Et à son mari de poursuivre qu’il avait l’habitude de distribuer des marchés dans la famille. « Il m’a demandé le 14 mars dans sa résidence d’accepter le fait que c’est moi qui avait exécuté les travaux, mais j’ai refusé, vu que je ne connaissais ni les lieux d’exécution des travaux ni le plan de construction », a déclaré l’accusé Ismaël Kouyaté. Le colonel a, quant à lui, infirmé avoir reçu la totalité de la somme attendue pour l’exécution des travaux. Au terme de son audition, Henriette Kouyaté a fait une crise, puis a été conduite à l’hôpital avant la fin des débats. Malgré cela, le colonel Germain Ickonga Akindou nie les faits qui lui sont imputés.

À l’issue des débats, le procureur général près la Cour d’appel de Brazzaville, Corneille Moukala Moukoko, a déclaré que tous les accusés avaient été interrogés mais qu’il y avait encore des témoins à entendre. « On pourra se faire une idée lorsque tout le monde sera auditionné. L’audience se déroule et se déroulera dans la sérénité, comme promis dans mon discours d’ouverture. Ceux qui ont commis des méfaits seront condamnés, et ceux qui ne seront pas reconnus coupables seront acquittés. Le Congo est un état de droit, et vous en aurez la preuve. Les preuves viennent au fur et à mesure que l’affaire est en train d’être jugée », a-t-il conclu.

Josiane Mambou-Loukoula