Au parlement européen, le pape dénonce une Méditerranée devenue le cimetière des migrantsMardi 25 Novembre 2014 - 16:51 Le Souverain pontife a rendu une rapide visite aux parlementaires européens au siège de leur institution à Strasbourg. Il y a plaidé pour plus d’humanité Le pape François s’est adressé aux députés européens au siège de leur institution, parlement et conseil, à Strasbourg en France. Répondant à une invitation que lui avaient adressée les députés, et notamment leur président, le socialiste allemand Martin Shultz, il a été accueilli par la ministre Ségolène Royal, venue représenter le chef de l’Etat français, François Hollande. Aucun froid à voir en cela : le protocole veut que le président français accueille le pape (chef de l’Etat du Vatican) si l’invitation est faite d’Etat à Etat. Or celle-ci avait été lancée par l’Europe…
C’est d’ailleurs pourquoi, à propos d’immigration notamment, le chef de l’Eglise catholique ne s’est pas privé de ‘sonner les cloches’ à cette vieille Europe « un peu fatiguée et pessimiste, qui se sent assiégée par les nouveautés provenant des autres continents ». Pour lui, « le moment est venu d'abandonner l'idée d'une Europe effrayée et repliée sur elle-même », et s’éloignant de jour en jour de l’idéal humaniste. « Les grandes idées qui ont jadis inspiré l'Europe semblent avoir perdu leur attrait pour être remplacées par les technicités bureaucratiques des institutions », a souligné le pape.
Il y a un an, le Souverain pontife visitant l’île italienne de Lampedusa devenue l’emblème des drames effroyables de l’immigration, avait dénoncé une « globalisation de l’indifférence », « des cœurs qui se ferment » devant ces centaines de noyades de migrants en mer Méditerranée. Ce mardi à Strasbourg, il a enfoncé le clou : « On ne peut tolérer que la Méditerranée devienne un grand cimetière! Dans les barques qui arrivent quotidiennement sur les côtes européennes, il y a des hommes et des femmes qui ont besoin d'accueil et d'aide ». Il a vivement appelé de ses vœux « des législations qui sachent en même temps protéger les droits des citoyens européens et garantir l'accueil des migrants ».
Le dernier pape à s'être rendu au parlement européen est le Polonais Jean Paul II. C’était en 1988, c’est-à-dire avant la chute du mur de Berlin qui séparait l’Europe en deux. La visite du pape, qui n’aura duré que trois heures au Parlement et au Conseil de l’Europe, a été marquée par sa brève rencontre avec une vieille Allemande de 97 ans qui l’avait hébergé durant des études de langue en Allemagne, en 1985. C’est d’ailleurs en allemand que le pape, qui n’est pas particulièrement connu pour être polyglotte, a conversé le plus souvent avec M. Martin Shultz durant ce bref séjour où il a strictement respecté son programme de chef d’Etat, ne se rendant pas même à la cathédrale de Strasbourg. Lucien Mpama |