Lutte contre l'incivisme : le gouvernement sollicite l’implication de l’église

Samedi 7 Février 2015 - 16:00

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C'est la démarche entreprise par le ministre de la Jeunesse et de l’Éducation civique, Anatole Collinet Makosso. Il a,  pour ce faire, échangé avec les représentants des confessions religieuses, le 6 janvier, à Brazzaville.

Cettte séance de travail s'est déroulée une semaine après les violences perpétrées par des jeunes dans plusieurs localités du Congo suite à l’élimination des Diables rouges du Congo lors du quart de finale de la 30e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football (CAN). Touché par des actes inciviques perpétrés par les jeunes, Anatole Collinet Makosso a respectivement rencontré, à son cabinet de travail, les délégations du Conseil œcuménique, du Conseil supérieur des églises de réveil du Congo, de l’église Kimbanguiste du Congo ainsi que celle du Conseil supérieur islamique du Congo.

La société congolaise reconnue vulnérable 

Face à toutes ces délégations, un seul message : s’impliquer activement dans l’éducation et l’encadrement de la jeunesse à travers la prière. En effet, selon le ministre, la charge d’encadrer la jeunesse revient à trois entités principales : la famille qui est la première cellule d’organisation sociale ; l’État à partir de 6 ans à travers l’école et l’église par le biais du catéchisme, de la mosquée, l’école de dimanche. « C’est là aussi où la religion joue sa part. Donc, c’est nous trois qui avons la charge de l’éducation de l’enfant. Toutes les fois que notre jeunesse se trouve dans cet état de perversion, il faut que nous puissions nous retrouver, nous regarder pour voir de quel côté il y a eu la faille. Aujourd’hui, nous venons de vivre les choses que nous n’avions plus vécues depuis une dizaine d’années », a introduit Anatole Collinet Makosso.

Le ministre s’est dit surpris du comportement peu civique et malheureux que les jeunes ont affiché à l’issue des matches de football livrés par les Diables rouges en Guinée Équatoriale. « Cela nous a rappelés la vulnérabilité de la société dans laquelle nous sommes à cause de la violence. Il est vrai que de temps en temps, on déplorait un certain nombre d’activités, mais on était loin d’imaginer que ces choses qu’on déplorait prendraient le tournant que nous avons connu ces deux dernières semaines » a-t-il rappelé.

S'agit-il d'un problème spirituel ?

Le patron de la jeunesse a, par ailleurs, rappelé aux confessions religieuses que l’éducation civique est d’abord la première fonction de l’église et de la mosquée. Le rôle de la religion est d’assurer l’éducation du citoyen, de l’humain dans sa relation avec Dieu en se servant des oracles de Dieu, en se servant des préceptes divins. C’est ainsi qu’il a insisté sur la nécessité de conjuguer les efforts. D’après Anatole Collinet Makosso, il y a quelque chose qui ne va pas. « Ce qui ne va pas ce n'est pas quelque chose de matériel, de physique, il y a un vrai problème spirituel. Le spirituel ne regarde pas l’État, le spirituel vous regarde parce qu’il s’agit d’une jeunesse qui est pratiquement à 80% chrétienne et croyante. Je voudrais officiellement vous confier la mission d’intercession en faveur de notre jeunesse, vous soumettre comme une intention de prière du gouvernement pour que dans la mission qui est la vôtre, vous puissiez à partir de ce mois de février consacrer peut-être tout le mois à prier pour la jeunesse », a-t-il sollicité.

Abordé à la sortie de la séance de travail, le président de la Coordination nationale de la jeunesse musulmane du Congo, Oumarou Imam, a expliqué à la presse qu’il est envisagé la mise en place des plateformes ensemble avec le ministère afin d’amener la jeunesse à une prise de conscience. Pour lui, les violences observées pendant les matches de la CAN devraient servir d’expérience pour façonner l’avenir. « Au niveau de notre structure, la jeunesse occupe une place de choix et dans tous les serments des vendredis, nous rappelons toujours à la jeunesse leur rôle et la place qu’elle occupe au niveau de la société. Nous savons que tous les mouvements ont les regards sur la jeunesse, c’est pourquoi, cette jeunesse doit être éduquée afin qu’elle puisse prendre ses responsabilités. Elle ne doit pas faire l’objet des manipulations, on ne doit pas l’utiliser pour assouvir des instincts  mais plutôt pour donner à cette jeunesse ce qu’elle mérite », a conclu Oumarou Imam.

 

Parfait Wilfried Douniama

Légendes et crédits photo : 

Le ministre s'entretenant avec les représentants du Conseil supérieur islamique et de l'église Kimbanguiste du Congo; crédit photo Adiac