Tshangu : une famille victime des actes de pillage et des menaces

Jeudi 26 Février 2015 - 17:45

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Les auteurs pensent ainsi punir la mère que l’on accuse être sorcière et d’avoir été la cause du malheur qui frappe les membres de cette famille.

Les assaillants ont saccagé, le 26 février, la maison familiale située dans un quartier de la commune de Kimbanseke, et ils ont tabassé tous ceux qui étaient dedans, qui voulaient s’opposer à cette violence. Mais, en plus, ils ont emporté certains biens de valeur dont le frigo, un réchaud, des ustensiles de cuisine, des habits, etc., en sabotant également ce qu’ils n’ont pas pu emporter. Ces agresseurs, qui ont qualifié les membres de cette famille de sorciers, ont proféré des menaces à tout le monde et particulièrement à Mme Semo Francisca Tuba, la maman de la famille, à qui ils ont promis la mort, où qu’elle soit.

La récidive

Ces pourfendeurs sont venus, le 26 février, rééditer des actes qu’ils ont commis en décembre 2014 contre Mme Semo Francisca Tuba et qui l’ont conduite à quitter le pays en catastrophe. Il est indiqué que la victime était revenue d’urgence du Canada pour secourir son frère malade, qu’elle a fait venir du village pour Kinshasa. Ce dernier était donc le seul frère survivant de Mme Semo Francisca Tuba. Malheureusement, il n’a pas survécu à cette maladie.

Des témoins notent que des murmures créés par la jalousie au sein de la famille et des enfants de la personne décédée liée à la position sociale acquise par « l’accusée » ont soulevé la foule et les autres jeunes du quartier contre la sœur que l’on accuse être auteure de cette maladie et de la mort de son frère ainsi que de toutes les malheurs arrivées à cette famille. Ce qui a fait qu’elle ait été brutalisée lors des obsèques.

Ses accusateurs, parmi lesquels certains membres de la famille, l’ont agressée, dévêtue et aspergée de pétrole, en vue de la brûler vive sur un bûcher de vieux pneus préparé pour la circonstance, devant une foule surexcité et convaincue de sa culpabilité. Cette dame n’a eu la vie sauve que grâce à l'intervention d'un groupe de policiers en patrouille.

Comme on peut le constater, la croyance à l'occultisme et à la sorcellerie gagne de plus en plus du terrain au Congo et spécialement à Kinshasa où les églises pullulent dans chaque avenue. Dans les situations difficiles, la plupart de familles au Congo s'abattent facilement sur un individu ou des individus jugés de sorciers suite à leur position sociale ou familiale. Si à la catéchèse, on apprend que Dieu voit tout et il est partout, dans la cité, c'est Satan, le diable ou le sorcier qui est partout. Ce n'est plus Dieu qui décide de la vie de l'homme mais c'est le sorcier.

Les accusations de sorcellerie sont sources des conflits et d’éclatement de beaucoup de familles à Kinshasa. Elle permet également la résurgence de l’insécurité. La responsabilité reviendra, une fois de plus, au pouvoir publique, en vue de redresser ceux qui, par leur croyance, violent les lois en s’attaquant à d’autres pour « se faire justice ».

Lucien Dianzenza