Patrice Nsouami : « Des sectes, il y en a. Certaines sont d’origines chrétiennes, d’autres ont des origines que je ne maîtrise pas. »

Samedi 21 Septembre 2013 - 8:48

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Le premier berger de l’Église évangélique du Congo, le pasteur Patrice Nsouami, s’exprime au sujet des sectes qui sont de plus en plus nombreuses au Congo. Pour le journal du samedi, il définit le terme et en explique les origines

Les Dépêches de Brazzaville : Comment définissez les sectes ?
Pasteur Patrice Nsouami : Je vous suis infiniment reconnaissant que vous m'accordiez l’opportunité de m’exprimer à ce sujet dans les colonnes de votre média. Ce n’est pas souvent que cela arrive. Nous avons constaté que les médias congolais étaient beaucoup plus enclins à se rapprocher des responsables des mouvements sectaires que des églises dites instituées, traditionnelles. Pour en revenir à votre question, le mot secte dérive du latin secare, qui signifie séparer. Donc une secte, c’est un mouvement religieux qui se sépare d’un tronc que l’on peut supposer doctrinal. Cette séparation advient pour des raisons multiples, par exemple pour des raisons doctrinales ou encore elle peut-être liée à la gestion de l’éthique quand les uns ou les autres ne s’accordent plus sur certaines pratiques. Ce sont ces comportements qui poussent certains à se retirer pour aller créer ailleurs. Les sociologues pourront trouver d’autres interprétations.

LDB : Reconnaissez-vous l’existence des sectes au Congo et quelle appréciation faites-vous des « bizinga » au sein de l’Église évangélique du Congo ?
PPN : Je dis qu’il y en a qui sont issues de nos églises. Elles se sont installées sur le terrain au fil des ans. D’autres sont venues d’ailleurs et se sont implantées sur le label du Christ Jésus. Ces églises il y en a à foison. La  libéralisation des croyances est née de la Conférence souveraine nationale. Au nom de cette liberté d’expression, des sectes se sont installées au nom du Christ Jésus. Certaines sont d’origines chrétiennes, d’autres ont des origines que je ne maîtrise pas. Le phénomène « bizinga » dans notre église est né d’une grâce que nous avons reçue du Seigneur en 1947. L’EEC bénéficie d’un héritage spirituel appelé « réveil spirituel », les historiens de l’Église situent ce phénomène (appelons-le ainsi) à la date précise du 19 janvier 1947 au séminaire théologique de Ngouédi. C’est à cette époque là que l’Église, telle que nous la connaissons aujourd’hui, était sur le point de naître parce qu’en 1947 on parlait de mission évangélique suédoise. Ce sont des missionnaires suédois qui ont accompagné ce mouvement, cette grâce spirituelle. Comment se définit cette grâce particulière ? Les membres de la mission évangélique suédoise étaient témoins de l’expression d’un certain nombre de dons spirituels tels que consignés dans les Saintes Écritures, précisément dans la lettre de Paul aux Corinthiens. Prophéties, don de vision, de guérison et autres… Ces dons ce sont exprimés à partir de cette date historique. Par la suite, l’église naissante, donc L’Église évangélique du Congo, qui naît le 15 juillet 1961 dans le temple de Poto-Poto, s’est donné également comme tâche d'encadrer ce mouvement de réveil spirituel. Mais l’Église n'a pas suffisamment porté son attention sur un arrimage entre les Saintes Écritures et les prophéties. Les gens se sont souvent exprimés hors contexte, il y a eu un laisser aller, une débandade, d’où le constat de gens qui se sont installés chez eux et reçoivent des gens en quête de spiritualité ou de guérison, cela parfois sans l’autorisation de l’EEC. Ils sont même nombreux qui travaillent en déconnexion de l’Église.

LDB : Les prédictions de ces prétendus voyants « mbikundi » génèrent des conflits au sein des familles. En tant que premier berger de l’Église protestante du Congo, quel est votre point de vue ou quels sont vos conseils ?
PPN :
Fondamentalement, l’Église évangélique du Congo est foncièrement opposée aux discours en rapport à la sorcellerie. Les discours de scission sont interdits selon les textes fondamentaux qui régissent l’Église. Ils disent clairement que l’Église condamne toutes personnes qui accuse une autre de sorcellerie. En se référant aux Saintes Écritures, de bout en bout, de la Genèse à l’Apocalypse, le phénomène de sorcellerie peut se lire d’un point de vue sociologique mais pas d’un point de vue théologique. De ce point de vue, l’EEC n’affirme ni n’infirme ni ne confirme l’existence de ce phénomène. C’est un phénomène qui détruit la société. Le Christ Jésus n’ayant pas parlé de cela, lui, le chef de l’Église universelle, il est de bon aloi que l’Église se taise ! Pour ne pas créer de difficultés dans les relations internes.

Luce-Jennyfer Mianzoukouta

Légendes et crédits photo : 

Photo : Le pasteur Patrice Nsouami. (© DR)