Réflexion : quand le boom de l’immobilier tire l’économie congolaise vers le haut

Jeudi 26 Septembre 2013 - 20:43

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Le moment est peut-être venu d’ériger de nouvelles villes dotées d’infrastructures modernes dans un contexte d’émergence d’une classe moyenne qui aspire à une meilleure qualité de vie

Or, si ce secteur était structuré et professionnalisé, nul doute qu’il générerait davantage de recettes pour l’État. Ne dit-on pas que quand le bâtiment va, tout va ? Cet adage se vérifie pour tout visiteur se rendant au Congo.

Le plus remarquable est l’ampleur des changements dans les deux principales villes du pays, dont l’architecture est restée figée pendant des années. Depuis l’indépendance, notre pays n’a quasiment pas créé de nouvelles villes, celles qui existent datant pour l’essentiel de l’époque coloniale et elles manquent cruellement d’infrastructures. Trop souvent nos villes sont dépourvues d’éclat, car on a préféré faire cohabiter le neuf avec du vieux, ce qui ne permet pas d’apprécier les réels changements apportés dans les formats de nos villes.

Mais les grands chantiers en cours augurent de perspectives encourageantes pour le secteur immobilier, ce qui est un gage de la vigueur de l’économie du Congo, dont les retombées vont se diffuser partout, à condition de professionnaliser ce secteur, par exemple, en formant  des spécialistes dans les métiers de l’immobilier (administrateurs de biens, gestionnaires de patrimoines, agents immobiliers, promoteurs, etc.). Objectif : tenir compte des aléas de l’entretien des immeubles en mettant en place une organisation efficace de maintenance technico-économique du patrimoine immobilier, élément fondamental de l’équilibre financier des opérations immobilières et donc de la rentabilité des sociétés propriétaires.

Les mécanismes de fonctionnement du secteur immobilier jouent un rôle stratégique dans l’économie d’un pays. Ils impliquent plusieurs acteurs (banques, assurances, propriétaires fonciers, État, collectivités locales, promoteurs, locataires). Le développement de ce secteur a des répercussions immédiates sur le niveau du crédit bancaire, l’évolution des taux d’intérêt, l’endettement des ménages. Il est aussi pourvoyeur de nombreux emplois.

Par exemple, la crise financière mondiale qui date de 2008 trouve son origine dans les crédits subprime de l’immobilier consécutif au surendettement des ménages américains qui ont bénéficié trop facilement de crédits bancaires qu’ils étaient incapables de rembourser, ce qui a conduit de nombreuses banques menacées de faillite à « titriser » leurs créances « pourries » en les cédant à d’autres banques plus saines financièrement.      

Nous assistons actuellement au Congo à une augmentation de l’offre de maisons à louer et de locaux professionnels, très recherchés par les investisseurs. Ce qui a pour corollaire de faire grimper le prix du mètre carré tant en ville que dans les quartiers populaires. Or les autorités pourraient tirer profit de cette embellie du secteur immobilier pour faire un état des lieux de toutes les maisons restées inachevées ou inoccupées pendant des années, leurs propriétaires étant parfois décédés. Ces maisons pourraient être préemptées par les pouvoirs publics qui les rachèteraient à des prix conventionnels avant de les céder à des promoteurs à même de les réhabiliter afin d’accroître l’offre locative et renouveler le parc immobilier de la ville. Ce qui constituerait un facteur d’attractivité et de modifications profondes de l’architecture physique de la ville, tout en permettant, par exemple, l’implantation de nouveaux sièges sociaux de grandes entreprises.

Jean Mavoungou