Secteur agricole : nécessité d’une réforme en profondeur

Samedi 26 Octobre 2013 - 15:42

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La mission assignée à la nouvelle équipe gouvernementale place certains ministères au cœur de la stratégie présidentielle pour améliorer le vécu quotidien des Congolais, notamment celui en charge de l'agriculture.

 Le gouvernement sortant mis en place le 9 mai 2012, à peine moins de dix-huit mois de fonctionnement, a reçu en son temps la double mission d’améliorer les conditions de vie des populations ainsi que de moderniser le pays. Si Joseph Kabila ne remet pas en question l’embellie économique, il a épinglé une fois encore le manque de résultats sur le premier volet de la mission. Dans les milieux, l'on impute cette contreperformance par plusieurs raisons, dont les plus importantes sont l'insuffisance de ressources budgétaires (moins de 3% du budget) et le cadre organisationnel, avec un Code agricole qui tarde à arriver.

Le tout premier ministère à sortir du lot dans la stratégie de Kabila est le ministère de l’Agriculture, avec une annonce forte de la tenue en RDC des états généraux des agriculteurs et des paysans. Ces dix dernières années, le secteur a connu un regain d’intérêt, même si sa part est restée bien maigre dans le budget de l'État : 3,5% en 2012. On est loin des 10% promis par la RDC au sommet de Maputo. Mais à l’actif du gouvernement sortant, il y a la campagne agricole qui est financée à hauteur de 23 millions de dollars américains, avec un projet d’augmenter l’enveloppe en 2014. Son objectif est d’aider le pays dans ses efforts d’atteindre l’autosuffisance alimentaire. Il y a eu aussi, et ce sur une période plus longue, la réhabilitation du complexe agro-industriel du DAIPN. En 2012, l’agriculture a bien figuré parmi les cinq premiers secteurs (mines, agriculture, télécommunications, commerce et construction) qui ont alimenté la croissance économique : 7,2% (2012) et 8,2% (proj.2013).     

Mais que peut-on attendre de ces états généraux ? Du côté de la Fédération des entreprises du Congo, favorable à cette rencontre, il y a la question cruciale du cadre harmonieux et incitatif à mettre en place en faveur des exploitants agricoles ; bref, un Code agricole capable de régler clairement les problèmes posés par la sécurité des investissements, les conflits fonciers, la fiscalité agricole, etc. Pour les experts, il faut imprimer une profondeur à la réforme agricole, car l’agriculture intègre la production animale, la protection des végétaux, la pêche et l’aquaculture. La seule faiblesse du pays est de ne disposer d’aucun cadre formel pour orienter durablement le secteur. Il faut nécessairement aménager l'actuelle loi agricole et même voter des nouvelles, en fonction des enjeux futurs. Pour le gouvernement, il tirera le plus grand bénéfice en organisant le secteur qui reste le plus sous-fiscalisé du pays.

Mais tout cela exige au gouvernement de la rationalité, et moins de propagande, à travers un Plan de développement capable d’aider à la maîtrise des potentialités de chaque province. L’on doit encourager aussi la mise en œuvre des plans dans chaque province du pays, et mieux assurer la traçabilité des financements extérieurs affectés à l’alimentation et l’agriculture à travers des ONG de développement et des organismes internationaux. Il y va de la survie de 44 millions de Congolais dépendant directement du secteur agricole. 

Laurent Essolomwa