Urbanisation : les villes africaines insolvables pour lever des capitaux privés

Samedi 26 Octobre 2013 - 15:45

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Une étude de la Banque mondiale (BM), réalisée sur 500 villes, a révélé qu’à peine 4% d'entre elles sont solvables sur les marchés financiers internationaux, et 20% sur les marchés locaux.

Le faible pourcentage est la conséquence de la très faible solvabilité de ces villes africaines suite notamment au manque d’infrastructures durables et aux déficits chroniques des financespubliques. Beaucoup parmi elles ont même des dépenses non compressibles largement supérieures aux recettes collectées. Aussi le défi posé par la recherche d’une solvabilité pour accéder aux sources de financements place-t-il ces villes africaines dans l’obligation de trouver des solutions appropriées, sur la base de l’expérience des villes les mieux cotées de la région. En effet, il s’agit d’apporter des améliorations globales réelles, d’autant que la plupart d’entre elles ont connu ces dernières années une expansion rapide de ses habitants, sans un développement conséquent des infrastructures de base. Avec les limites imposées par leur trésorerie déficitaire, de nombreuses villes en voie de développement ne peuvent pas faire face à l’ampleur des besoins d’infrastructures et de services. Pire, elles ne peuvent même pas non plus accéder aux marchés des capitaux pour trouver ailleurs les fonds nécessaires à orienter vers les infrastructures de base.

La BM a lancé un programme pour la solvabilité de ces villes. Elle s’attaque ainsi aux problèmes de financement des villes africaines pour y attirer des investissements dans le développement durable. 80% des municipalités participant au programme connaissent un déficit d’exploitation chronique. À en croire la BM, chaque dollar investi dans la solvabilité d’une ville d’un pays en développement peut en générer cent dans les fonds privés pour le financement des infrastructures sobres en carbone et résilientes aux effets du changement climatique. Selon ses estimations, il faut plus de 700 milliards de dollars américains par an pour financer les infrastructures urbaines dans l’ensemble des pays à revenu faible et intermédiaire. « À mesure que les villes grandissent, les autorités municipales doivent élargir et diversifier leurs sources de financement, en allant au-delà des traditionnels fonds publics pour accéder à des volumes d'épargne bien plus importants, en particulier sur les marchés financiers nationaux », a expliqué la BM.

Mais il y a des obligations pour avoir accès à des financements à grande échelle et à un coût raisonnable. Les autorités de ces villes doivent impérativement porter une attention soutenue et rigoureuse aux politiques et pratiques qui sous-tendent à leur solvabilité, a poursuivi l’institution de Bretton Woods. L’accompagnement vise ainsi à les aider à planifier et trouver les financements nécessaires à un développement à faibles émissions de carbone et résilient. Des formations sur la solvabilité ont eu lieu au courant du mois d’octobre, à Nairobi. L’on annonce aussi des activités exhaustives de renforcement des capacités et des institutions à plus long terme.

Dans le cadre des différentes étapes sur la voie de la solvabilité, il y a un exercice d’autoévaluation approfondie des finances de leur ville respective pour élaborer un plan d’action pluriannuel capable d’aider efficacement à réduire les obstacles à la solvabilité. Plusieurs responsables des recettes de ces villes ont reconnu l’importance d’une bonne planification des dépenses, l’ampleur alarmante de l’informel et la nécessité de procéder à l’enregistrement des biens immobiliers pour les soumettre à l’impôt.

Laurent Essolomwa

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le Boulevard du 30 juin Photo 2 : Une vue du centre-ville de Kinshasa