Conférence de presse de François Hollande : « La France n’a pas vocation à choisir les dirigeants africains, ce temps-là est révolu »Mercredi 15 Janvier 2014 - 13:30 Pour la troisième conférence de presse de son mandat, le 14 janvier, le chef de l’État français, François Hollande, était avant tout attendu sur la politique économique qu’il avait esquissée lors de ses vœux. En matière internationale, il a évoqué le couple franco-allemand, l’engagement de la France au Mali et en Centrafrique, et n’a pu échapper par ailleurs aux questions sur sa vie privée Un pacte de responsabilité avec les entreprises pour que la France « retrouve sa force économique » François Hollande a détaillé son pacte de responsabilité décliné en quatre points : la poursuite de l’allègement des prélèvements pour les entreprises ; la modernisation de la fiscalité des entreprises pour favoriser l’investissement et l’emploi ; la simplification des normes et procédures en matière d’embauche, d’insertion des jeunes, d’emploi des seniors et de formation. « Si la France veut garder son influence dans le monde, peser sur le cours de l’Europe, elle doit impérativement retrouver sa force économique », a-t-il souligné souligné, ajoutant : « Le temps est venu de régler le principal problème de la France, sa production. C’est sur l’offre qu’il faut agir. » Vie privée et statut de la première dame Le magazine Closer a publié la semaine dernière un article sur la vie privée du président, au centre d’un tumulte médiatique. Interrogé sur la création possible d’un statut de première dame, François Hollande a répondu par la négative : « Il n’y a pas de statut du conjoint du chef de l'État, il n’y en a jamais eu. Il y a une pratique […]. Ce qui est essentiel, c’est la transparence, c'est que les moyens qui lui sont consacrés doivent être connus. » Exprimant son indignation sur les révélations de Closer, une « violation [qui] touche une liberté fondamentale, à savoir le respect de la vie privée et de la dignité des personnes », il s’est déclaré opposé aux « lois de circonstance ». Interrogé sur sa sécurité, il a répondu : « Partout et à tout moment, ma sécurité est assurée […] y compris lorsque je me déplace à titre privé ». La relance de l’axe Berlin-Paris Saluant le « premier pas » que représente l’instauration d’un salaire minimum en Allemagne, François Hollande a fait trois propositions pour relancer les relations avec Berlin avant le prochain conseil des ministres franco-allemand qui, a-t-il annoncé, se tiendra en France le 19 février. La première concerne « une convergence économique et sociale ». Il a en particulier évoqué l’harmonisation des règles fiscales, « notamment pour les entreprises ». Le deuxième chantier concerne la coordination des politiques énergétiques. Il a souhaité la création d’« une grande entreprise franco-allemande pour la transition énergétique », « un grand enjeu pour l’Europe », pour lequel la France et l’Allemagne doivent « montrer l’exemple ». Enfin, François Hollande a plaidé pour l’Europe de la Défense avec en première ligne le « couple franco-allemand ». Les interventions françaises au Mali et en Centrafrique Alors que la France est engagée au Mali et en Centrafrique, le chef de l’État a reconnu que « tout n’est pas réglé ». « Au Mali, ou Centrafrique, nous avons agi avec les Africains. Et nous avons été soutenus par les Européens. Pourquoi la France a-t-elle été la première ? Car elle a des sources prédisposées sur le continent africain. Si nous n’étions pas intervenus, personne ne l’aurait fait. Aucun pays européen n’aurait eu les forces pour le faire. Nous sommes une puissance qui a les moyens de porter des messages. La France a un outil de défense qu’elle entretient. L’enjeu, c’est de faire en sorte que la France reste une grande puissance », a-t-il souligné. Il a assuré que l’opération Serval au Mali allait très bientôt s’achever : elle comptera 1 600 soldats fin février et 1 000 à la fin du printemps. « Voilà ce qu’est une intervention utile, où la France a pu être à sa place », s’est-il félicité. Il a aussi précisé que les forces armées françaises étaient « en capacité de lancer une frappe en Syrie », si les Nations unies en avaient fait la demande, arguant que « peu de pays peuvent avoir cette souveraineté ». Concernant la Centrafrique, il a assuré : « Nous n’interférons pas dans le choix des dirigeants centrafricains. C’est la responsabilité des Centrafricains, aidés par les pays voisins. Nous, la France, nous veillons à ce qu’il puisse y avoir l’arrêt des exactions, des violences et des affrontements interreligieux. » Excluant un renforcement du dispositif militaire français, il a rappelé : « Une force de maintien de la paix sera, à un moment, décidée et viendra prendre le relais. Alors, nous avons espoir que progressivement l’apaisement revienne, le désarmement puisse se produire et la transition politique également. » « Je veux terminer avec ce qui était depuis quarante ans la politique de la France […]. C’est fini ! Ce que je veux, c’est sauver la population », a conclu François Hollande. François Hollande a besoin de la diplomatie du pape François Le chef de l’État sera reçu par le pape François le 24 janvier « en tant que chef d’État rendant visite à un autre chef d’État ». Une visite qu’il juge utile sur nombreux sujets, citant par exemple le dossier syrien, les négociations israélo-palestiniennes, la situation des chrétiens d’Orient ou la conférence sur le climat en 2015 qui se tiendra à Paris. De notre envoyé spécial, Noël Ndong |