APD : La France joue la transparence avec la mise en place d’un site conforme au standard de l’IITAMercredi 5 Février 2014 - 16:26 Alors que la démocratie renaît, le Mali risque de compromettre ses chances dans la lutte contre la corruption et l’éradication des abus du pouvoir deux ans après le coup d’État La population malienne a besoin de changements significatifs, dont une distribution plus juste de l’aide au développement, selon un nouveau rapport publié aujourd’hui. Les donateurs et le gouvernement malien se rencontrent aujourd’hui à Bruxelles pour une conférence sur l’avenir du pays. L’ONG Oxfam et des partenaires de la société civile malienne ont cosigné un rapport intitulé « Ce qui reste à faire : quatre priorités pour une meilleure gouvernance au Mali », qui appelle les donateurs à s’assurer que la relation entre le gouvernement et le citoyen est renforcée, plus transparente, équitable, juste et inclusive. Pour le directeur pays pour Oxfam au Mali, Mohamed L. Coulibaly, le pays « est à la croisée des chemins. Les décideurs qui se retrouvent à Bruxelles doivent placer la justice, la réconciliation, la participation citoyenne et le développement équitable au centre de leurs discussions. » En 2013, les donateurs s’étaient engagés à verser 3,2 milliards d’euros pour le développement et la reconstruction au Mali. Le moment exact des fonds transférés au Mali est difficile à évaluer, notamment à cause de la complexité des engagements. Certains donateurs avaient annoncé des enveloppes pour la région, d’autres avaient comptabilisé des projets initiés avant la crise, d’autres encore ont affiché une contribution majoritairement composée de prêts ou mobilisé de véritables enveloppes additionnelles sous forme de dons. En tout état de cause, on peut s’interroger sur le montant d’aide réellement disponible pour la stabilisation et la reconstruction du pays, en particulier pour la France. Les fonds reçus ont contribué au soutien du processus électoral et à quelques efforts de reconstruction. Mais beaucoup reste encore à faire pour la restauration d’un ordre démocratique, d’une bonne gouvernance et dans la lutte contre la corruption. Oxfam et la société civile malienne veulent que les promesses d’engagements soient soumises à un véritable suivi, conformément au standard de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide (IITA). Cet outil vient d’être mis en place par la France. Il permet de suivre la mise en place des projets de développement et d’urgence humanitaire financés par la France au Mali. Le ministre en charge du Développement, Pascal Canfin, a reconnu que jusqu’ici, « la France avait traîné un peu des pieds pour adopter ce standard international », une norme largement utilisée par les bailleurs de fonds internationaux. Celle-ci sera étendue jusqu’à la fin de l’année aux seize autres pays prioritaires pour l’aide publique française (Bénin, Burkina Faso, Burundi, République centrafricaine, Comores, République démocratique du Congo, Djibouti, Ghana, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Tchad, Togo, Sénégal). « Nous avons mené une expérience pilote en septembre 2013 au Mali et nous nous engageons dans la loi à l’étendre aux seize pays pauvres prioritaires qui reçoivent l’essentiel de nos dons », a confirmé le ministre. L’engagement de la France en matière de transparence sera par ailleurs inscrit dans la loi d’orientation et de programmation relative à la politique de développement et de solidarité, actuellement en discussion au Parlement. Plusieurs ONG ont salué le nouveau site français, enfin conforme au standard international de l’Initiative internationale pour la transparence de l’aide : « En publiant des données d’aide selon un standard commun, on peut désormais suivre les flux financiers de l’aide au développement tout au long du processus jusqu’au terrain. » Selon le responsable plaidoyer d’Oxfam France, Christian Reboul, « le chemin est encore long pour arriver à une pleine et véritable transparence de l’ensemble de l’aide publique au développement française et à sa traçabilité », un engagement pris par le président, François Hollande, lors du G8 en 2013. Il invite le gouvernement à poursuivre ses efforts pour que cet engagement international soit respecté en « suivant l’exemple de ce site pour le Mali ». Noël Ndong |