Maître Marcel Gotène, une année déjà...

Mercredi 19 Février 2014 - 11:45

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Décédé à l'âge de 74 ans dans la nuit du 19 au 20 février 2013 à Rabat, au Maroc, le peintre Marcel Gotène a gravé son nom dans le marbre. En ce jour de mémoire, sa famille évoque le parcours de cet homme de talent

L’art, sous toutes ses formes biomorphiques, n’avait pas de secret pour Marcel Gotène. Originaire du district d’Abala (département des Plateaux), il fut l’un des peintres les plus représentatifs de l’art congolais. La multiplicité de ses techniques et ses approches variées l’ont tout de suite sorti du cadre quelque peu étroit de la nation, pour en faire une icône continentale, son plus valeureux représentant dans le monde. En Europe en particulier, mais aussi en Asie et en Amérique, le nom de Gotène s’est rapidement imposé, devenant le symbole de l’art africain.


Formé à la non moins emblématique École de peinture de Poto-Poto, Marcel Gotène fut l’ambassadeur d’un art inépuisable, d’un trait qui savait se jouer des lignes et des formes, où triomphait toujours « la petite touche de l’Africain » dans un choix de couleurs éclatantes. Défendant avec fierté la peinture congolaise, il sera impressionné par les Zigoma, Thango et autres Bonguila, tous graphistes contemporains.


L’œuvre de Marcel Gotène suscite encore des interrogations. La richesse de ses tableaux est telle que les scènes de la vie courante de nos villages, de nos savanes et nos forêts qu’il représente semblent l’avoir imploré de les porter sur la toile vers des horizons lointains. Mondes renfermés dans l’être humain mais inerconnectés entre eux ; mondes de l’homme dans sa relation avec la faune et la flore ; monde citadin aussi où l'on peut deviner, à défaut de les entendre, les furieuses clameurs des agglomérations. 


Le poète Philippe Makita soulignait justement à propos des tableaux de Gotène qu’ils constituaient « une parabole picturale ». Liens perceptibles découvrant les multiples facettes toujours complémentaires des êtres humains dans une esthétique parfaitement raffinée.


Pour revenir à l’homme lui-même, sa formation débute en 1951 sous l’œil protecteur de Pierre Lods, l’illustre fondateur de l’École de peinture de Poto-Poto, aujourd’hui reconnue internationalement. Âgé de 12 ans seulement, l’apprenti peintre Gotène apprendra à laisser libre cours à ses perceptions dans ses créations artistiques. Le résultat sera impressionnant pour ses précepteurs, année après année. Il n’y resta que deux ans et demi pour, comme il le disait, rester égal à lui-même et se frayer un chemin dans son propre style.


La veuve de Gotène née Édith Eleka explique que les premiers mois après sa disparition ont été les plus difficiles de son existence. La douleur est encore vive, mais la commémoration du premier anniversaire de sa mort est aussi source de force pour ses enfants qui entendent rendre un hommage digne au père et, tout à la fois, exprimer le merci le plus profond à toutes les personnes qui les ont assistés.

« Jusqu’à présent nous avons du mal à réaliser, mais à travers ses toiles, nous voyons sa présence et nous comprenons mieux l’adage qui dit que l’artiste ne meurt jamais. Marcel Gotène était un homme au style unique. Un style que beaucoup auront du mal à rejoindre tellement il était unique », souligne un mécène.


La famille Gotène a demandé une messe qui sera célébrée en l’église Notre-Dame-de-Fatima le 19 février à 6 heures du matin. Une gerbe de fleurs sera déposée sur la tombe de l’illustre disparu après la messe.

En soixante ans de carrière, Marcel Gotène a participé à de nombreuses expositions et a reçu de multiples prix et hommages. Prix du Mérite congolais décerné par le président de la République en 2012, il a notamment été élu meilleur artiste continental par l’Institut Léonard-de-Vinci de Rome (Italie) en 1989.


Luce Jennyfer Mianzoukouta

Légendes et crédits photo : 

(© DR)