Nord-Kivu : Vital Kamerhe donne le go de la pré campagne

Jeudi 20 Février 2014 - 15:45

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À toutes les étapes de sa tournée dans cette province, le président de l’UNC se positionne comme une alternative crédible face au pouvoir actuel en perspective de l’échéance de 2016.

À la suite de Joseph Kabila qui venait de séjourner à l’est du pays libéré après la débâcle infligée aux rebelles du M23, Vital Kamerhe a aussi pris le pari d’effectuer une tournée à l’est du pays sous le couvert de la fameuse « caravane de la paix ». Nonobstant les tribulations ayant caractérisé ce déplacement avec, en toile de fond, l’interdiction de décoller qu'on lui a imposée par deux fois, le président de l’Union pour la Nation (UNC) a finalement quitté Kinshasa par la grande porte. Le coup de gueule de la délégation de l’Union européenne qui a dénoncé ces restrictions faites sur les opposants avait largement contribué à décanter la situation. Sur place à Goma, le moins qu’on puisse dire, est que le leader de l’UNC a une fois de plus démontré ce qu’il vaut dans cette partie du pays. Tous les ingrédients étaient réunis pour lui réserver un accueil digne de ce nom. Bains de foule, chants et danses, calicots aux  couleurs de l’UNC, marches à pied, etc. Bref, l’accueil était à la dimension de l’homme présenté comme une alternative crédible par rapport à l’actuel pouvoir.

Ce déplacement a le mérite de poser les jalons d’un succès électoral de l’UNC et de son mentor à l’horizon 2016. Difficile de tracer la ligne de démarcation entre une activité politique routinière de l’UNC venue sensibiliser sa base de l’est du pays et une pré campagne électorale tendant à positionner d’ores et déjà Vital Kamerhe comme virtuel challenger de Joseph Kabila en 2016. Dans un meeting à Goma devant une foule innombrable et compacte, Vital Kamerhe a de nouveau martelé sur l’expiration le 6 décembre 2016 du mandat de Joseph Kabila espérant que la Constitution sera respectée quant à ce. Son discours n’a pas changé d’un iota et reste toujours ponctué par des pamphlets contre l’actuel pouvoir qu’il tient pour responsable de tous les maux dont souffrent aujourd’hui les Congolais. S’agissant de la sécurité des biens et des personnes, le leader de l’UNC a livré sa petite recette avec, à la clé, l’exigence pour les groupes armés de déposer les armes. « Nous demandons à nos enfants Maï-Maï de déposer les armes. Les Maï-Maï devraient savoir que l’arme est dangereuse dans la brousse pour nos mères, pères et nos enfants. Cela profite aux ennemis étrangers », a-t-il déclaré.

La sécurité des civils devrait, a-t-il ajouté, être l’apanage des seules Fardc et de la Monusco. De la même manière, les forces étrangères (FDLR, ADF/Nalu, LRA) qui occupent le territoire national devraient retourner chez elles. « Ce que nous souhaitons, c’est la paix aussi bien en RDC qu’en Ouganda et au Rwanda », a-t-il lâché avant de plaider pour la mise sur pied d’un mécanisme favorisant le retour volontaire des combattants des groupes armés étrangers. Un discours très applaudi par les « Gomatraciens » visiblement acquis à la cause de l’UNC. Après l’étape de Goma, son fief de Bukavu est dans l’agenda de Vital Kamerhe.  « Bukavu, c'est le fief de Kamerhe. Ici, il y aura un monde fou pour l'accueillir », a indiqué Bomporiki, un élu du coin, précisant qu’avant d’y arriver, le président de l’UNC fera une escale à Beni et à Butembo où il tiendra des meetings, sans oublier son passage sur le lieu où a été assassiné le colonel Mamadou Ndala. Si d’aucuns applaudissent le discours de Vital Kamerhe estimant qu’il est rassembleur, d’autres par contre le trouvent simplement démagogique avec des senteurs électoralistes très prononcées alors qu’on est encore loin des échéances.

 Qu’on le veuille ou pas, le go de la pré campagne électorale est déjà lancé à l’est du pays. Vital Kamerhe veut capitaliser ses chances de succéder à Kabila en mettant en condition l’électorat de l’est du pays dont on connaît l’influence sur les joutes électorales. Avec un Étienne Tshisekedi amorphe et ployant sous le poids de l’âge (il aura atteint 84 ans en 2016) et vraisemblablement non partant pour 2016 et un Jean Pierre Bemba toujours détenu à la Haye, Vital Kamerhe sait qu’il est de plus en plus proche de son destin. Quitte à mieux négocier le virage. Car les choses ne seront pas aussi simples qu’il le croit.

     

  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Arrivée de Vital Kamerhe à Goma