Congo-Chine : bilan d’un demi-siècle de coopération et de perspectives

Jeudi 20 Février 2014 - 18:15

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Une date marque le début des relations entre la République du Congo et la République populaire de Chine : le 22 février 1964. Ce jour-là, le président Alphonse Massamba-Débat apposait sa signature sur un communiqué conjoint portant sur l’établissement des relations diplomatiques

 Les relations sino-congolaises ont été amplifiées par les visites du président Denis Sassou N’Guesso en Chine : 1980, 1987, 2000, 2005 et la dernière, en avril 2010, à l’occasion de l’Exposition universelle de Shanghai. C’est au cours de cette visite que le chef de l’État congolais avait pris l’engagement de financer la reconstruction d’une école primaire de la ville de Yushu, détruite à la suite d’un tremblement de terre. Deux millions d’euros soit 1,310 milliard FCFA avait été mis à la disposition du gouvernement chinois à cette fin.

L’école, reconstruite et débaptisée « École de l’amitié sino-congolaise Denis Sassou N’Guesso », a été inaugurée en juillet 2012 par l’actuel ministre congolais des Affaires étrangères et de la Coopération, Basile Ikouébé.

Du Congo vers la Chine

Les visites présidentielles ont été suivies par des réunions de travail entre les deux pays notamment les voyages des ministres congolais des Affaires étrangères en Chine (1997, 1999, 2000, 2004 et 2006). En juillet 2012, Basile Ikouébé s’est rendu à Beijing pour prendre part à la 5e Conférence ministérielle sur la coopération Chine-Afrique.

La récente visite de travail est celle que vient d’effectuer le ministre d’État, ministre de l’Économie, des Finances, du Plan, du Portefeuille public et de l’Intégration, Gilbert Ondongo, et d'autres personnalités du pays, du 8 au 21 janvier 2014 pour les préparatifs du cinquantième anniversaire des relations entre les deux pays.

De la Chine vers le Congo

Plusieurs hauts responsables chinois ont été reçus au Congo pour des visites de travail. Il s’agit notamment du vice-Premier ministre chinois du Conseil des Affaires d’État ; du Premier ministre, Wen Jiabao ; du Directeur général du département chargé des Affaires africaines, Sem Zan Ming ; du gouverneur de l’Eximbank, Li Ruogu ; du vice-ministre du Commerce, Fu Ziying ; du ministre de l’Éducation nationale, Yuan Guiren ; du ministre de l’Agriculture, Hui Liangyu ; du vice-ministre du département international du Comité central du Parti communiste Chinois (PCC), Ai Ping.

Entre temps, la République du Congo a attendu 49 ans pour recevoir un chef d’État chinois. Il s’agit du président Xi Jinping qui a séjourné au Congo du 29 au 30 mars 2013 avec, à la clé, de nombreuses activités dont l’inauguration de l’hôpital de base de Mfilou et de la grande bibliothèque de l’université Marien-N’Gouabi.

Une coopération consignée dans les accords

Comme socle de la coopération économique et technique, citons l’accord signé le 02 octobre 1964 à Pékin et celui instituant la Grande Commission mixte de coopération, signé le 27 mai 1982 à Beijing. Huit sessions sont à mettre à l’actif de cette grande commission dont la dernière a eu lieu le 09 août 2011 à Brazzaville. Un autre accord de partenariat stratégique, celui signé le 19 juin 2006 à Brazzaville, est considéré comme l’un des supports essentiels de la coopération entre la Chine et le Congo.

Dans le cadre du partenariat stratégique entre la Chine et le Congo, plusieurs accords ont été signés. En juin 2006, les deux pays ont conclu un accord-cadre de financement de neuf projets d’infrastructures de base comme la construction de la deuxième usine de Djiri, la modernisation et le réaménagement des installations terminales de l’aéroport international de Maya-Maya, et la construction de routes et de logements sociaux.

La relance en mars 2013

La visite officielle du président chinois au Congo avait été marquée par la signature avec la partie congolaise d’une dizaine d’accords de coopération dans divers domaines.

Ces accords portent sur : la construction du port d’Oyo ; la construction de la centrale hydroélectrique de Liouesso (département de la Sangha) ; la construction du port minéralier à Pointe-Noire dont le mode de financement fera l’objet des discussions entre les deux parties ; la promotion du développement des Petites et Moyennes Entreprises (PME) entre la Banque chinoise de développement et la Banque de développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC) ; la fourniture de téléfilms chinois ; la construction de logements sociaux (prêt préférentiel de 370 millions de Yuans) ; l’aide sans intérêt de 100 millions de Yuans ; l’aide matérielle d’un million de Yuans au nom de la première dame de Chine ; la construction du lycée de Mpila (prêt préférentiel de 400 millions de Yuans) et la construction de 200 logements sociaux.

En revanche, la convention de financement d’un montant de trois cents millions d’euros en faveur des PME avait été signée en octobre 2013 à Beijing. Elle sera mise en œuvre cette année.

La Chine est très impliquée dans tous les grands travaux de modernisation du pays. D’un coût global de 280 millions de dollars, la centrale hydraulique d’Imboulou donne la mesure de cette ambition de modernisation. Le siège du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, la maison de la radio et de la télévision nationale, la bibliothèque universitaire de Brazzaville, deux hôpitaux ainsi que cinq marchés modernes, sont le fruit de cette coopération.

En échange, la Chine bénéficie de plus en plus de l’exploitation des immenses ressources en matières premières, présentes sur le sol congolais. Des accords de coopération ont été signés dans les domaines forestier, minier et pétrolier.

 « Une option stratégique de longue date » 

« La Chine fait grand cas de la volonté de coopération de la République du Congo. Elle continuera à aider le Congo-Brazzaville. Le gouvernement chinois encourage les entreprises chinoises à contribuer au développement des Zones économiques spéciales au Congo-Brazzaville », affirmait le président chinois en mars 2013, lors de sa visite à Brazzaville. Et d’ajouter, en parlant du continent : « L’Afrique doit compter sur la solidarité pour son propre développement. La coopération amicale avec les pays africains est pour la Chine un principe majeur de la politique extérieure, et une option stratégique de longue date. »

Pour le président Denis Sassou N’Guesso, la Chine a su respecter et aider l’Afrique sans jamais s’ingérer dans les affaires intérieures des pays africains. « Ceux qui parlent de néocolonialisme vis-à-vis de la Chine ont des arrières-pensées », a prévenu Denis Sassou N’Guesso. Selon lui, les peuples africains accueillent très favorablement la présence de la Chine qu’ils souhaitent voir jouer un rôle encore plus important dans la promotion de la paix, de la stabilité et du développement de leur continent.

Comment se présente l’avenir entre les deux pays ?

Selon le département Afrique/Asie du ministère des Affaires étrangères, certains projets pourront faire l’objet d'accords qui seront signés lors de la visite d’État en Chine du président de la République, Denis Sassou N’Guesso. Parmi lesquels : la création d’un centre aéronautique à Brazzaville ; la construction du chemin de fer Pointe-Noire-Ouesso ; la modernisation du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) ; la construction d’une nouvelle usine de traitement d’eau sur la rivière Loemé à Pointe-Noire ; la construction de l’École supérieure de formation aux métiers de la poste et des communications électroniques à Brazzaville ; la réhabilitation du Palais des congrès dont les travaux sont en cours ; la délocalisation des entreprises chinoises dans les zones économiques spéciales et les zones industrielles en création ; la création d’une banque commerciale sino-congolaise.

Par ailleurs, le protocole d’exécution de l’accord de coopération culturelle pour les années 2014-2016 entre les gouvernements congolais et chinois, sera également signé lors de la commission mixte.

Enfin, signalons qu’EXIM Banque a mis en place des lignes de crédits d’un montant total de 3,4 milliards de Yuans RMB, soit 238.000.000.000 FCFA pour le financement d’une trentaine de projets.

La Chine en chiffres  

Population totale : 1.350.695.000

Accroissement naturel : 0,5%

Superficie : 9.600.001 km²

Densité : 144 habitants/km²

Population urbaine : 51,8%

Capitale : Pékin

Population des principales villes (banlieue inclue) : Shanghai (17.900.000) ; Guangzhou (Canton) (15.300.000) ; Pékin (13.200.000) ; Shenzhen (9.400.000) ; Wuhan (9.000.000) ; Tianjin (8.200.000).

Langue officielle : en Chine, la langue nationale est le chinois mandarin.

Langue(s) des affaires : lorsque les interlocuteurs étrangers ne parlent pas le chinois, les échanges commerciaux se font généralement en anglais.

Religion : les Chinois sont généralement athées. Cependant, le bouddhisme, le taoïsme et le confucianisme sont relativement répandus au sein de la population âgée et attirent aujourd'hui une partie de la classe aisée. Il existe également des minorités chrétiennes et islamiques.

Taux d'alphabétisation : 90,9%

Taux de change au 20/02/2014 : Monnaie locale : Yuan chinois (ou Renminbi) (CNY)
1 CNY = 0,1638 USD, 1 USD = 6,1069 CNY
1 CNY = 0,1190 EUR, 1 EUR = 8,4007 CNY

Nature de l'État : la République Populaire de Chine est un État communiste. Elle correspond à un État unitaire centralisé totalement administré par le Parti communiste chinois, avec une grande administration nationale s'occupant de tout.

Niveau de développement : deuxième pays le plus riche du monde (PIB), marché financier émergent.
Plus grande population au monde ; taux de croissance du PIB le plus élevé au monde sur les 10 dernières années.

IDH* : 0.687/1

IDH (rang mondial) : 94/187

Indicatif téléphonique :
Pour appeler depuis la Chine, composer le 00
Pour appeler vers la Chine, composer le +86

Suffixe Internet : .cn

Ordinateurs : 4,1 pour 100 habitants

Lignes de téléphone : 20,6 pour 100 habitants

Utilisateurs d'Internet : 42,3 pour 100 habitants

Accès à l'électricité : 99.4% de la population

 

 

Yvette-Reine Nzaba

Légendes et crédits photo : 

photos 1, 2, 3 : De nombreuses réalisations au Congo qui sont le fruit de la coopération sino-congolaise.