Opposition républicaine : le MLC n'est pas partie prenante

Jeudi 20 Février 2014 - 17:45

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Secrétaire général adjoint chargé de la coordination des fédérations et président du groupe parlementaire MLC à l’Assemblée nationale, Alexis Lenga refuse toute inféodation de son parti dans un quelconque regroupement politique.

« Le MLC respecte le choix des personnalités et partis politiques qui ont créé l’opposition républicaine, mais n’est pas partie prenante dans cette plate-forme ». Ces propos du secrétaire général adjoint du Mouvement de libération du Congo (MLC), tenus lors d’un entretien avec les Dépêches de Brazzaville, permettent de dissiper tout malentendu à ce sujet. Alexis Lenga affirme sans ambages que son parti n’est pas concerné par cette nouvelle mouvance politique. Tout en laissant aux uns et autres la liberté d’initiative, de choix, d’opinion et d’association, il  brandit la loi portant statut de l’opposition qui stipule en son article 18 que l’opposition parlementaire désigne en son sein un porte-parole ayant rang de ministre d’État et à qui le gouvernement donne les moyens de son action. « C’est depuis 2006 que le MLC attend la désignation de ce porte-parole de l’opposition » a-t-il fait remarquer. Une façon polie de rejeter une initiative qui visiblement paraît comme une pure distraction parce que s’écartant d’une dynamique déjà amorcée.

Alexis Lenga réfute, par ailleurs, toute inféodation du MLC dans un quelconque regroupement politique. « Lors de la cérémonie d’échange des vœux à la permanence du parti, le MLC avait annoncé des contacts avec d’autres forces de l’opposition pour la mise en place d’une plate-forme électorale pour 2016. Dans sa récente histoire en 2006, le parti avait fédéré autour de lui des forces politiques crédibles et significatives à travers le Renado et l’UN pour soutenir la candidature de Jean Pierre Bemba au premier et au second tour de l’élection présidentielle de 2006 », a-t-il expliqué tout en martelant sur la vision du MLC de fédérer autour de lui des forces politiques crédibles pour l’alternance en 2016. C’est cela le leitmotiv du MLC qui ne fait plus mystère sur ses vraies ambitions en tant que l’un des partis phares du paysage politique national. « Nous sommes une grande machine politique de la RDC significativement représentée au Parlement. Pour fédérer des forces autour de lui, le MLC n’a pas à s’inféoder aux autres groupes. Nous avons nos propres stratégies de combat politique mais in fine, nous plaidons pour que l’opposition se présente unie face à l’actuelle majorité lors de la prochaine élection présidentielle et bien d’autres scrutins », a-t-il indiqué.

Toujours constant dans ses prises de position notamment en ce qui concerne la formation du gouvernement de cohésion nationale, le parti de Jean Pierre Bemba est loin d’en faire une préoccupation. Cette perspective n’émeut nullement Alexis Lenga qui remet les pendules à l’heure. Le MLC, a-t-il indiqué, était parti aux concertations nationales pour faire le point sur la marche du pays en vue de la réconciliation des fils et filles de ce pays. Et Alexis Lenga d’ajouter « qu’il n’était nullement question pour nous de réclamer une Conférence nationale bis ou un Sun City bis ou pour quémander des postes ministériels, ou encore de signer un pacte pour la mise en place d’un gouvernement de cohésion nationale. Ce cadre du MLC précise qu’aucun parti de la majorité ou de l’opposition n’a proposé une telle démarche lors desdites assises. C’est plutôt le chef de l’État, a-t-il soutenu, qui en a fait l’annonce. 

Pas de procès équitable pour Bemba

Abordant le cas Jean-Pierre Bemba toujours détenu à la Haye, Alexis Lenga a dénoncé toutes les manœuvres dilatoires orchestrées au niveau de la CPI pour retarder le dénouement de son procès. « En novembre 2013, un deuxième dossier  a été créé de toute pièce contre Jean-Pierre Bemba par la CPI en violation du droit de la défense. Il est inadmissible que dans une juridiction internationale comme la CPI, que la défense d’un prévenu soit paralysée au mépris des principes et règles des statuts de Rome en plaçant sur écoute téléphonique les avocats et leur client Jean Pierre Bemba », a-t-il fait observer. Tout le retard constaté sur le déroulement du procès résulterait, de son point de vue, de cette manœuvre. Autre conséquence, égrène-t-il, « c’est le fait que Jean Pierre Bemba ait été contraint de se choisir de nouveaux avocats après la mise en cause de Me Aimé Kilolo et les autres ».

Cette situation a entraîné le ralentissement de la procédure et du procès dont les audiences se déroulent présentement à huis clos. Tout ceci, pense-t-il, n’augure rien de bon. Rien ne présage que son mentor ait droit à une justice équitable « d’autant plus qu’on est en train de faire exception des règles universellement reconnues, notamment les statuts de Rome qui interdisent au procureur et aux juges de pénétrer ou d’intercepter les communications entre le prévenu et ses avocats ». Il plaide pour que les juges et la procureure de la CPI se conforment aux prescrits universels des droits de l’homme dans le procès Jean Pierre Bemba.  

Accusé de léthargie, le MLC a, par ailleurs, entrepris une série d’activités marquées par les descentes de ses cadres à la base avec Kinshasa comme première étape. Le secrétaire général adjoint chargé de la coordination des fédérations et président du groupe parlementaire MLC à l’Assemblée nationale fait partie des animateurs de cette action. À Maluku, dans la périphérie est de Kinshasa, Alexis Lenga a communié avec la base du MLC qu’il a tenu informée sur l’évolution du parti avec, en prime, le développement du procès Jean Pierre Bemba. Preuve que le MLC continue de fonctionner même en l’absence de son leader.

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des cadres du MLC au cours d'une matinée politique à Maluku