Allan Kimbaloula : « Les vacances à Pointe-Noire sont pour moi synonyme de parties de foot sur la plage, à Songolo, avec les cousins et les copains »

Samedi 1 Mars 2014 - 2:17

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Formé à Lille, Allan Kimbaloula, milieu offensif excentré né en France d’un père congolais et d’une mère camerounaise, évolue depuis un an en Estonie. Il raconte dans nos colonnes son parcours. Et déclare sa flamme aux Diables rouges

La famille et le Congo

Les Dépêches de Brazzaville : Allan, quels sont tes liens avec le Congo ?
Mon  père est Congolais. Il est né à Pointe-Noire où je vais régulièrement rendre visite à mes oncles. Ma dernière visite date de 2010, mais auparavant j’allais voir la famille tous les dix-huit mois.

Et ta famille maternelle est camerounaise ?
Oui, ma mère est Camerounaise, de Sangmélima, dans le sud du Cameroun.

Du point de vue footballistique, de quel côté penche ton cœur ?
Le Congo et les Diables rouges.

Des Diables rouges, tu en as côtoyé deux à Lille : Ladislas Douniama et Barel Mouko. Ils t’ont parlé de la sélection ?
Oui, je jouais avec eux avec la CFA du Losc. D’ailleurs à cette époque, en 2010, j’avais reçu une convocation pour un match amical du Congo, mais mon club m’avait bloqué et il n’y avait jamais eu de suite. Sinon, Barel et Ladislas m’ont beaucoup parlé de l’ambiance, de la ferveur, des supporteurs et de la passion autour du football au pays. Ça donne envie, forcément.

Dans ta famille, on te parle des Diables rouges ?
Oui, mes oncles sont des fervents supporteurs de l’équipe nationale. À la maison, il y a un nom qui revenait souvent : Mbono le Sorcier. Car mon père chambrait souvent ma mère avec les buts de Mbono à la CAN 72. Dans ces cas-là, ma mère lui répondait que, depuis, le Cameroun a dépassé le Congo en termes de palmarès.

Lors de tes vacances à Pointe-Noire, tu es déjà allé au stade ?
Non, je n’ai pas été au stade. Mais les vacances à Pointe-Noire sont pour moi synonyme de parties de foot sur la plage, à Songolo, avec les cousins et les copains.

Parcours en club

Après ta formation à Lille, entre 10 et 20 ans, tu as rejoint l’Estonie. Comment t’es-tu retrouvé dans ce pays peu connu sur la carte du football européen ?
À l’époque, c’était bouché à mon poste à Lille avec Hazard et Gervinho. J’ai quitté le club et je suis resté sans club jusqu’en décembre. Là, un scout de Norwich City (qui évolue en Premier League, NDLR) m’a emmené faire un essai d’une semaine, avec un match amical durant lequel j’ai marqué. Pourtant, ça ne s’est pas concrétisé pour des histoires d’agent. Quelques temps plus tard, j’ai reçu un mail du directeur sportif de Nomme Kalju qui m’a tenu un discours ambitieux, avec une possible participation en Ligue des champions. Son discours m’a tenté et j’avais besoin de retrouver les terrains, le jeu. Et aujourd’hui, je ne regrette vraiment pas.

À quel niveau situes-tu le championnat estonien ?
Je dirai milieu de tableau de Ligue 2. Le football ici est celui des pays de l’Est, très exigeant athlétiquement. Les conditions climatiques ne facilitent pas le jeu et rendent les terrains difficiles. Quand je suis arrivé, j’ai découvert des températures très froides, dans les -20, -25 degrés. Ça demande un petit temps d’adaptation.

Comment juges-tu ta première saison à Nomme Kalju (32 matchs de championnat, 25 titularisations, 6 buts, 5 passes décisives) ?
Globalement bonne pour une première saison chez les pros. Je ne suis pas totalement satisfait, mais il faut prendre en compte qu’il m’a fallu quelques mois pour m’adapter. Ma deuxième partie de saison est bien meilleure que la première. D’ailleurs, cinq de mes six buts ont été marqués lors des matchs retour. On va dire que j’aurais pu mieux faire.

Comment expliques-tu que tu marques six buts en une saison alors que tu n’en avais marqué aucun en 26 apparitions avec la CFA de Lille, sachant que tu ne joues pas dans l’axe à Kalju, mais sur le flanc gauche ?
Par la confiance. À Kalju, on m’a fait comprendre rapidement qu’on comptait sur moi, que j’étais le maillon fort de l’attaque. Ça aide à prendre une autre dimension, à prendre des risques. Et même si ça ne paye pas à tous les coups, forcément ça porte davantage ses fruits que quand tu ne tentes rien.

Avec Kalju, vice-champion 2013, tu as aussi découvert la scène européenne et la prestigieuse Ligues des champions pour un bilan de 4 matchs et 1 passe décisive…
C’était génial. Entendre l’hymne de la compétition, c’est spécial. C’est une ambiance et une atmosphère incroyable, même en préliminaire. Et puis nous avons marqué l’histoire du club en nous qualifiant pour le deuxième tour. Nous étions opposés à l’HJK Helsinki, qui était donnée largement gagnant. On fait un nul chez eux, alors qu’on doit gagner le match. Au retour, on l’emporte 2-1 et on devient le premier club estonien à franchir ce tour. Après, face au Viktoria Plzen, qui a battu ensuite le CSKA Moscou en poules et est toujours en lice en Ligue Europa, c’était un niveau au-dessus. Mais ce fut une belle aventure.

En faisant des recherches sur toi, j’ai lu que tu avais failli signer à l’AS Roma. C’est vrai ?
Oui, c’est vrai. J’avais déjà eu des touches de clubs portugais et allemands, mais rien de concret. Avec la Roma, ça a été chaud. Ils sont venus me voir en Estonie le dernier jour du mercato, le 2 septembre. Les Italiens ont fait une offre, mais mon président ne l’a pas jugée acceptable. Et ça ne s’est pas fait.

À l’AS Rome, l’entraîneur s’appelait Rudy Garcia… C’est lui qui te voulait ?
Oui. Je me souviens, il voulait que je vienne. Il attendait le départ du Brésilien Marquinho (finalement prêté au Hellas Verone en janvier, NDLR) pour que je vienne pallier son départ.

Tu as l’air de prendre ce transfert avorté avec philosophie…
Je me dis que si ça ne s’est pas fait, c'est que je n’étais peut-être pas assez confirmé, et que la Roma n’a pas voulu s’aligner sur le prix pour cette raison. Ensuite, j’ai fait mes matchs, j’ai progressé, j’ai emmagasiné de l’expérience. Et j’ai attiré l’attention d’autres recruteurs, puisque ces dernières semaines j’ai visité les installations de clubs russes et polonais. Donc, je préfère regarder devant moi.

Le championnat reprend ce week-end en Estonie. Tu n’es donc pas certain de le disputer ?
Effectivement, rien n’est acquis. Le mercato n’est pas terminé dans plusieurs pays de l’Est, dont la Pologne et la Russie. Il est possible que dans deux heures mon club trouve un accord et que je fasse mon sac. Comme il est possible que je reste jusqu’en juin, période à laquelle je serai libre.

Là encore, tu sembles zen. Rester quatre mois de plus à Kalju ne te dérange pas plus que ça ?
Non. J’aurai une quinzaine de matchs en plus dans les jambes. Et si ça se trouve, grâce à ça, j’irai dans un club encore plus huppé que ceux qui me veulent aujourd’hui. Donc, s’il faut jouer ces matchs, je les jouerai à fond.

Allan-Axel Kimbaloula, né le 1er janvier 1992 à Tourcoing (France)
Formation :
au Losc de 2002 à 2012. Passage au Pôle Espoirs de Lievin entre 12 et 14 ans, génération Varane et Kondogbia
Taille : 1,83 mètre
Pied fort : droit
Poste de prédilection : Ailier droit ou gauche
Points forts : qualité de dribble, vitesse et percussion
Points faibles : replacement tactique et jeu de tête : « Depuis tout petit, je n’ai jamais aimé les duels aériens, je trouvais que c’était un truc de défenseur. Avec le temps, j’ai essayé de gommer mon retard, mais ça n’est pas pour autant devenu une qualité. »

Camille Delourme

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Allan Kimbaloula a marqué à six reprises cette saison avec Nomme Kalju, un total honorable qui ne satisfait pas totalement l'ambitieux ailier congolais. (© DR) ; Photo 2 : Barré par Hazard et Gervinho, Kimbaloula a su rebondir ailleurs et est désormais convoité par plusieurs formations européennes. (© DR)