Finances du Vatican : le pape sort la grande loupe

Mardi 16 Juillet 2013 - 13:00

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Le Souverain pontife entend ne plus voir se répéter les scandales et soupçons autour de la banque du Vatican

« L’enquête se poursuit ». C’est ce qu’on se borne à répéter au Vatican où l’on ne veut pas verser dans l’alimentation quotidienne des ragots dont sont friands les journaux, tout en gardant une ligne de ferme clarté dans les activités financières de l’IOR. L’Institut pour les œuvres de religion, considéré comme la banque officieuse du Vatican, est décidément une source de déboires infinis pour les papes de ces deux dernières décennies. Mais le pape argentin actuel semble déterminé à tailler les branches de la mauvaise réputation.

Il a décidé (« il », en fait la justice du Vatican) que Mgr Nunzio Scarano resterait en prison et qu’il n’est pas question de lui accorder les faveurs des arrêts à domicile. Bien plus, a indiqué le Vatican vendredi dernier, « dans le cadre des enquêtes menées par les autorités judiciaires du Vatican sur des transactions suspectes », il n’y avait pas de passe-droits. Un communiqué rapporte ainsi que « par une ordonnance du 9 juillet, le promoteur de justice du tribunal de la Cité du Vatican a ordonné le gel des avoirs au nom de Mgr Nunzio Scarano à l'IOR ». Du jamais vu !

Ancien responsable comptable de l’APSA, la puissante agence qui gère le fabuleux patrimoine immobilier du Vatican, Mgr Scarano fait l’objet d’une enquête judiciaire depuis le mois dernier. La police italienne, estime que le haut-prélat aurait servi d’écran pour des virements suspects en provenance de Monaco effectués à travers la banque du Vatican. Par sa position et ses agissements, indique la police, il masquait « le bénéficiaire réel de l'opération et entravait la traçabilité de ces sommes d'argent ».

Pas question donc que la pomme pourrie, selon un proverbe italienne bien connu, vienne pourrir l’ensemble du contenu d’un panier. Le père Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, a indiqué que « l'enquête pourra être étendue à d'autres personnes ». Et pour être encore plus explicite, le Vatican annonce une volonté de fermeté peu commune : « L'IOR suit une ligne claire d'identification systématique et de tolérance zéro face à toutes les activités illégales, qu'elles soient menées par des laïcs ou des ecclésiastiques. »

D’ores et déjà, le directeur de cette « banque » et son adjoint direct ont présenté leur démission « dans l’intérêt majeur de l’IOR », ont-ils tenu à préciser. Mais les indiscrétions publiées ces derniers jours par le quotidien de gauche à grand tirage, La Repubblica, ont donné à comprendre que ces deux hautes personnalités laïques n’avaient plus le choix. Le travail des enquêteurs se serait rapproché, et les limiers ne seraient pas loin de les considérer comme des complices notamment du transfert de ces 20 millions d’euros « tombés » dans les comptes de l’IOR sans que l’on soit trop regardant sur leur provenance et sur les personnes qui en étaient les bénéficiaires ultimes. Donc, l’enquête se poursuit.

Lucien Mpama