Italie : la grosse artillerie raciste contre la ministre de l’Intégration

Mardi 16 Juillet 2013 - 13:30

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Le parti xénophobe de la Ligue du Nord n’a pas lésiné sur la lourdeur de l’exécrable : l’insulte contre la ministre italo-congolaise agite la classe politique

D’ordinaire, il faut un événement de portée nationale avérée pour que le président italien Giorgio Napolitano sorte de sa réserve de bonze. Il faut donc bien croire que dans l’échelle des insultes racistes contre la ministre italienne de l’Intégration, Cécile Kyenge Kashetu, le parti de la Ligue du Nord y est allé au bazooka cette fois, troublant la quiétude légendaire au sommet de la colline du Quirinal, le palais présidentiel. « J’ai été touché ; je suis indigné par trois cas qui démontrent une tendance au barbarisme dans la vie civile », a fait dire le président. La gravité des faits est telle qu’il a convoqué une conférence de presse pour ce jeudi afin d’expliquer à l’opinion qu’il y a des limites à ne pas franchir dans l’invective politique.

« Je ne vois pas, après de tels propos, comment un sénateur peut se maintenir à son poste de vice-président et prétendre servir la République », indique pour sa part Khalid Chaouki, responsable du courant dit des « nouveaux Italiens », au sein du Parti démocratique PD (gauche), le principal parti politique de la péninsule. « En moins de 24h, la campagne Change.org que j’ai lancée sur le Net a recueilli 22.000 signatures de demandes de démission. Ce succès extraordinaire traduit le sentiment d’indignation et de honte qui a touché des milliers de citoyens après les très graves insultes racistes de Roberto Calderolli contre Cécile Kyenge », a-t-il expliqué.

En cause, encore une fois un des ténors de la Ligue du Nord, connus pour ses dérapages plus ou moins contrôlés sur les immigrés et ceux qui les soutiennent. Vice-président du Sénat, Roberto Calderolli a affirmé que la ministre italo-congolaise ressemblait plus à un orang-outan qu’à une personne. Le tollé soulevé a été tel qu’il a dû tout de suite appeler la concernée pour lui présenter ses excuses. Mais devant les écrans de télévision, il a expliqué : « Ce n’était pas un jugement raciste, mais seulement une considération esthétique. Je veux bien admettre que ce n’était pas une blague heureuse, mais en aucun cas, je ne me démettrai pour cela. Quitte à prendre des immigrés au gouvernement, le Premier ministre devait-il les choisir entre une Allemande (Josefa Idem, qui a d’ailleurs démissionné, Ndlr) et une Congolaise qui parle italien en ânonnant », a ajouté le sénateur.

Comme souvent, la classe politique a fait bloc autour de Cécile Kyenge pour lui témoigner sa solidarité. Et pour une fois, ces gestes ne sont pas venus des seules personnalités de gauche ou, à la limite, des anciens démocrates chrétiens. Même au sein de la Ligue du Nord, des voix illustres se sont élevées pour prendre nettement leurs distances par rapport aux propos du sénateur. « Roberto Calderolli se trompe du tout au tout : l’offense personnelle n’est pas de mise en politique. Et d’ailleurs, en proférant ses insultes, il a étouffé le débat important sur l’immigration dont il faut parler, au profit de considérations qui n’ont aucune utilité », a par exemple estimé ce lundi Flavio Tosi, le maire de Vérone, membre éminent de la Ligue du Nord.

Lucien Mpama