Course à la primature: une frange d'opposants se liguent contre Léon Kengo wa Dondo

Lundi 10 Mars 2014 - 16:45

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À quelques jours de l’ouverture de la session ordinaire de mars prévu d’ici au 15 courant, la tension monte au sein de l’opposition politique avec, pour enjeu principal, la formation du gouvernement de cohésion nationale.​ C'est ainsi qu'une frange d'opposants dénient à l’actuel président du Sénat la qualité d’autorité morale de l’opposition

Des indiscrétions recueillies dans  les milieux concernés laissent entendre que le suspens pourrait enfin être levé à ce sujet à la faveur de cette rentrée parlementaire. Le fait que Léon Kengo wa Dondo se prévale aujourd’hui du titre d’autorité morale de l’opposition et se retrouve à la tête d’une plate-forme dénommée  « opposition républicaine » est loin de faire l’unanimité. Hormis les membres de cette structure obligés de lui faire allégeance dans la perspective d’obtenir un poste ministériel dans le futur gouvernement de cohésion nationale, tous ceux qui se retrouvent en dehors du cadre lui dénient cette qualité.

En fait, le président du Sénat semble s’affirmer de plus en plus comme l’homme par lequel les prétentions au niveau de l’opposition devraient passer. Son quitus serait donc requis pour avaliser, au sein de l’opposition, une candidature à un quelconque poste ministériel ou faire valoir une prétention au niveau des entreprises publiques. Le fait pour Léon Kengo wa Dondo d’avoir été à l’origine des concertations nationales et de les avoir co-présidées le placerait, d’après certains, dans une position confortable dans la gestion des ambitions qui s’exprimeraient au sein de l’opposition en prévision de la formation du gouvernement de cohésion nationale. Celui-ci passe également pour être son initiative imposée au chef de l’État soucieux de faire participer toutes les forces vives du pays dans la gouvernance du pays.   

C’est non sans raison que les opposants ayant participé à ce forum ont vite adhéré à cette opposition républicaine qui tend à devenir le cadre par excellence où vont se distribuer des postes. Porté à bras le corps par une clique des courtisans, Léon Kengo wa Dondo autoproclamé « autorité morale » d’une frange de l’opposition se mue désormais en faiseurs des rois. En arrière-fond de ce repositionnement se dissimulerait une stratégie bien concoctée tendant à forcer le destin afin de le hisser au perchoir de la primature.  Ce qui ne fait pas l’affaire d’autres opposants parmi lesquels Joseph Olenghankoy, président des Fonus. Pour ce dernier, toutes les manœuvres entreprises par l‘intéressé de briguer, pour la cinquième fois, la primature (il a été quatre fois Premier ministre et a passé plus de dix ans à ce poste sous le régime du maréchal Mobutu) rencontreront la résistance des Congolais. Ces derniers, a-t-il déclaré, ne sont pas prêts à revivre la triste expérience du Programme d’ajustement structurel qu’il avait appliqué sous Mobutu et dont on subit aujourd’hui les effets pervers aujourd’hui. En fait, Joseph Olenghankoy ainsi que d’autres opposants qui n’ont pas été consultés par Léon Kengo wa Dondo craignent d’être mis à l’écart de cet enjeu politique qui risque de se négocier sans eux.

Tout en dénonçant l’alliance contre-nature que le président du Sénat tisse actuellement avec la Majorité, le président des Fonus exhorte le camp kabiliste à se méfier de lui pour autant que son passé est teinté des coups bas et autres manigances. Et de rappeler ses accointances de l’époque avec la plateforme URD pendant la longue transition mobutienne où son seul crédo était de "récupérer" le fauteuil de premier ministre au détriment de l’élu de la Conférence nationale souveraine, Étienne Tshisekedi. « Nous attendons que la majorité agrée Kengo comme autorité morale de l’opposition pour pouvoir déclencher les hostilités », a défié Joseph Olenghankoy plus que jamais déterminé à lui barre la route.    

  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Léon Kengo wa Dondo