Gouvernement de cohésion nationale: l'agitation gagne du terrain

Mercredi 12 Mars 2014 - 18:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

Il se prépare dans les milieux de la Majorité présidentielle une rencontre à Kingakati autour du chef de l’Etat que d’aucuns perçoivent déjà comme un signe annonciateur des changements attendus dans l’appareil gouvernemental.  

Cela fait près de quatre mois depuis que les Congolais attendent la formation du gouvernement de cohésion nationale dont l’option a été levée sans ambigüité par les concertations nationales. A regarder l’agitation qui s’empare de plus en plus des acteurs politiques, tout concourt à dire que la levée du suspens est imminente. Ce n’est plus qu’une question des jours, apprend-on, d’autant plus que la rentrée parlementaire s’effectue déjà ce samedi 15 mars. A en croire certaines indiscrétions, le Chef de l’Etat, en vertu des pouvoirs discrétionnaires qui lui  sont reconnus par la Constitution, attendait cette échéance pour se prononcer sur ce fameux gouvernement qui tient en haleine l’opinion générale depuis près de quatre mois. Quoi de plus normal lorsqu’on sait qu’après sa formation, la nouvelle équipe gouvernementale aura besoin du quitus du Parlement pour entrer en fonction selon les us et coutumes. Faire les choses en dehors du cadre parlementaire n’aurait eu aucun sens et serait même à contrecourant de la légalité, fait-on observer.

Cette question du gouvernement risque, à l’allure où vont les choses, de tenir la vedette de cette session ordinaire de mars au regard de l’enjeu qu’elle représente par rapport aux intérêts des uns et des autres. L’on croit savoir que des tractations vont s’accentuer dans les groupes parlementaires tant de l‘opposition que de la majorité sur fond de repositionnement politique. La problématique de la mise à jour des recommandations des concertations nationales, avec comme point de mire, le fameux gouvernement, sera à n’en point douter l’une des matières-clé de cette session à côté de la feuille de route électorale de la Céni, de l’institution de la Commission nationale des  droits de l’homme etc. Tout ce que l’on sait est qu’il s’agit d’un gouvernement de coalition dans lequel un quota sera réservé à l’opposition politique, selon le vœu du Chef de l’Etat qui entend impliquer toutes les compétences du pays dans l’œuvre de la reconstruction nationale. Il se susurre dans les milieux intéressés que des ex rebelles bénéficiaires de l’amnistie pourront aussi être éligibles dans ce gouvernement qui aura le mérite de fédérer toutes les sensibilités politiques du pays.  

Il s’avère que l’opposition part divisée puisqu’écartelée entre les pro et les anti Kengo, entre les concertateurs et les non concertateurs, les deux tendances ne faisant plus mystère sur leurs prétentions. Bien plus, au niveau de certains grands partis politiques de l’opposition, des sons discordants se font déjà entendre par rapport à leur participation dans ce gouvernement à l’image de l’UDPS ou encore du MLC où les ténors sont loin de parler le même langage.

Une reunion à Kingakati 

A la majorité, les choses ne sont pas tout aussi faciles, avec à la clé, une gestion pas toujours facile des ambitions. Là-dessus, il nous revient que les Chefs des partis politiques écartés au départ par Matata Ponyo qui, au finish, n’a composé qu’avec une poignée, entendent revenir aux affaires. Entretemps, les membres de ce regroupement politique prestant au sein du gouvernement, sont loin d’accorder leurs violons. Des conflits d’intérêts mettant aux prises au sein de l’exécutif national quelques têtes couronnées de la majorité laissent entrevoir des fissures au sein de cette plate-forme qui a plus que jamais besoin de se ressouder autour de son autorité morale. La publication du dernier sondage Les Points dans lequel beaucoup des ministres en fonction se sont retrouvés en très mauvaise posture a contribué à exacerber la tension. La presse est même mise à contribution pour soigner l'image de tel ou tel ministre candidat à l'éviction.     

C’est dans cette optique qu’il faudra placer la réunion projetée pour ce dimanche 16 mars à Kingakati, dans la périphérie Est de Kinshasa. Cette réunion, apprend-on, s’avère une opportunité pour non seulement régler certains conflits internes au sein de ce regroupement politique, mais aussi pour lever les grandes options en rapport avec la formation du gouvernement de cohésion nationale. Il appert que Joseph Kabila, en sa qualité d’autorité morale, en profitera pour lever un coin de voile par rapport à ses choix en se prononçant notamment sur le prochain Premier ministre qui aura le devoir de fédérer toutes les sensibilités politiques au service de la nation. Wait and see.  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Matata Ponyo et quelques membres du gouvernement