Immigration : le pape rappelle aux occidentaux qu’ils sont aussi des chrétiens

Samedi 27 Septembre 2014 - 11:30

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Pour le Souverain pontife, la question de l’immigration invite tout le monde à replonger au centre du message de l’Évangile.

Le pape François adresse un message à double détente au monde à propos de l’immigration. Loin de se limiter au seul rappel du devoir de solidarité, le chef de l’Église catholique souligne aussi qu’aborder la question de l’immigration, phénomène qui touche tous les continents désormais, doit aussi se faire selon les valeurs de l’Évangile. Car, dit le pape en substance, Jésus-Christ lui-même a été un immigré durant une partie de ses 33 ans de vie terrestre. Il serait donc paradoxal de se barricader dans des lois de rejet.

Pour la prochaine Journée mondiale du migrant, qui se célèbrera dans la deuxième semaine de janvier 2015, le Souverain pontife a choisi le thème général de : « L’Église sans frontières, mère de tous ». Le pape entend rappeler aux catholiques que l’Église est dite universelle aussi du fait qu’elle « ouvre effectivement ses bras pour accueillir tous les peuples, sans distinctions et sans frontières pour annoncer à tous que Dieu est amour ». Église sans frontières, Eglise mère de tous, celle-ci ne peut diffuser dans le monde que la culture de l’accueil et de la solidarité, selon laquelle « personne ne doit être considéré inutile, encombrant ou être écarté ». À une époque de si vastes migrations, où un grand nombre de personnes laissent leur lieu d’origine et « entreprennent le voyage risqué de l’espérance avec un bagage plein de désirs et de peurs, à la recherche de conditions de vie plus humaines », il n’est pas illusoire de rappeler que l’Évangile du Christ est fondé sur l’accueil. 

Or les mouvements migratoires suscitent souvent méfiances et hostilités même au sein des communautés catholiques établies, souligne le pape. Et cette méfiance naît « avant même qu’on ne connaisse les parcours de vie, de persécution ou de misère des personnes impliquées » dans l’immigration. Alors « suspicions et préjugés entrent en conflit avec le commandement biblique d’accueillir avec respect et solidarité l’étranger dans le besoin ». D’accueil, le devoir de solidarité se mue alors en souci de se soumettre aux lois, en recherche de prétextes commodes pour le rejet de la différence. Cela conduit le chrétien à un conflit intérieur.

« D’une part, résonne dans le sanctuaire de la conscience, l’appel à toucher la misère humaine et à mettre en pratique le commandement de l’amour que Jésus nous a laissé quand il s’est identifié avec l’étranger, avec celui qui souffre, avec toutes les victimes innocentes de la violence et de l’exploitation. D’autre part, cependant, à cause de la faiblesse de notre nature, nous sommes tentés d’être des chrétiens qui se maintiennent à une prudente distance des plaies du Seigneur », souligne encore le pape. Il exhorte dès lors au « courage de la foi, de l’espérance et de la charité (qui) permet de réduire les distances qui séparent des drames humains. Jésus-Christ est toujours en attente d’être reconnu dans les migrants et dans les réfugiés, dans les personnes déplacées et les exilés, et aussi de cette manière il nous appelle à partager nos ressources, parfois à renoncer à quelque chose de notre bien-être acquis ». 

Le pape rappelle enfin l’impératif de « lutter contre le honteux et criminel trafic d’êtres humains, contre la violation des droits fondamentaux, contre toutes les formes de violence, d’oppression et d’esclavage ». Il conclut son message par un autre rappel ; une évidence que l’on a tendance à oublier aujourd’hui face à l’immigration : « aucun pays ne peut affronter seul les difficultés liées à ce phénomène, qui est si vaste qu’il concerne désormais tous les continents dans le double mouvement d’immigration et d’émigration ».

 

Lucien Mpama