Littérature : Kamel Daoud, prix Goncourt du Premier roman

Le livre Meursault, contre-enquête, paru en Algérie aux Éditions Barzakh en 2013 puis en France chez Actes Sud en mai 2014, est un roman qui peut se lire tel un reflet de L’Étranger soixante-dix ans après. Un hommage d’autant plus digne que l’écriture de Daoud se savoure à chaque ligne. Il plonge le lecteur dans une profonde réflexion sur les héritages qui conditionnent le présent et sur le pouvoir exceptionnel de la littérature pour dire le réel. Dans son ouvrage, l’auteur s’interroge sur la personnalité de l’Algérien assassiné par le héros de L’Étranger, le chef-d’œuvre d’Albert Camus publié en 1942. C’était en Algérie. Meursault avait assassiné un Arabe, la presse en avait fait un fait divers, Camus une œuvre immense.

Dans l’œuvre de Camus, Meursault est le narrateur et le tueur. Chez Kamel Daoud, la voix nous provient du frère de l’homme assassiné sur la plage. Il faudrait se replonger dans L'Étranger pour apprécier réellement la contre-enquête de Daoud. Mais son roman est un livre à part entière. Kamel est aussi connu par les chroniques qu’il tient dans Le Quotidien d’Oran. Il est  apprécié pour ses coups de gueule, ses colères, ses convictions, son esprit de résistance.

En 2014, Kamel Daoud avait reçu pour le même livre le prix des Cinq Continents de la Francophonie.