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France : le gouvernement Barnier, un exécutif au centre-droit ?

Dimanche 22 Septembre 2024 - 10:34

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Le secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler, a présenté samedi soir la liste des 39 membres du nouveau gouvernement dirigé par le Premier ministre français Michel Barnier. Cette équipe, fruit de deux semaines de négociations, est marquée par une alliance entre des figures des Républicains (LR) et des représentants de l'ex-majorité présidentielle, selon des experts.

Les macronistes au centre du jeu

Parmi les 17 ministres de plein exercice nommés samedi soir, seule une figure provient de la gauche, tandis que sept autres sont issus des rangs d'Ensemble pour la République et trois appartiennent au parti Les Républicains.

Malgré la défaite aux législatives, les macronistes conservent donc une place de choix au sein de ce gouvernement. Certains, déjà présents dans le gouvernement de l'ancien Premier ministre Gabriel Attal, maintiennent leur position, comme Sébastien Lecornu aux Armées et Rachida Dati à la Culture. D'autres figures de l'ex-majorité présidentielle, telles que Catherine Vautrin, Guillaume Kasbarian et Agnès Pannier-Runacher, sont reclassées à des ministères clés comme les Territoires, la Fonction publique ou encore la Transition écologique. Jean-Noël Barrot (MoDem) est promu à l'Europe et aux Affaires étrangères.

Marc Ferracci devient ministre de l'Industrie, Astrid Panosyan-Bouvet hérite du Travail, et Anne Genetet obtient l'Education. A Bercy, Antoine Armand prend les rênes de l'Economie, tandis que Laurent Saint-Martin est nommé au Budget.

Ce maintien de l'influence macroniste agace l'opposition, notamment le Rassemblement national. Jordan Bardella s'est ainsi indigné, déclarant : "Ce 'nouveau' gouvernement signe le retour du macronisme par une porte dérobée".

Un équilibre fragile entre LR et Renaissance, et peu d’ouverture à gauche

Le nouvel équilibre politique a été âprement négocié entre LR et l'ex-majorité présidentielle. Au total, les Républicains obtiennent dix postes ministériels, dont trois ministères de plein exercice.

Malgré ses promesses d'ouverture, Michel Barnier n'a accueilli qu'un seul ancien socialiste dans son équipe : Didier Migaud, nommé à la Justice. Cette faible ouverture à gauche n'a pas manqué de faire réagir les socialistes. Patrick Kanner ironisant : "On va passer d'une équipe de centre-droit et de droite à une autre de droite et de centre-droit".

Cette situation semble marquer une clarification de "l'ouverture vers la droite d'Emmanuel Macron depuis sa réélection", comme l'expliquait le politologue et chercheur au CNRS Bruno Cautrès. Le président s'éloigne ainsi de son approche du "en même temps" qui avait marqué son arrivée au pouvoir en 2017.

Les Républicains aux commandes de ministères phares

Initialement réticents à l'idée de participer au gouvernement, les Républicains y occupent désormais dix postes. Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, est nommé à l'Intérieur, un poste stratégique. Annie Genevard, députée LR, prend les rênes du ministère de l'Agriculture, et Gil Avérous devient ministre des Sports. La nomination de Laurence Garnier au poste de secrétaire d'Etat à la Consommation a été vertement critiquée par la gauche en raison de l'opposition de la sénatrice LR au mariage pour tous et à la constitutionnalisation de l'interruption volontaire de grossesse (IVG).

L'arrivée de ces personnalités LR, connues pour leurs positions conservatrices, marque un retour de la "droite Trocadéro", selon un cadre du parti Horizons. En effet, plusieurs d'entre eux, comme Bruno Retailleau, se sont opposés à l'ouverture au mariage aux couples de même sexe et avaient soutenu François Fillon lors de la présidentielle de 2017. Cette composition fait du gouvernement Barnier le plus marqué à droite depuis la fin de l'ère Sarkozy-Fillon, il y a plus de dix ans.

Une feuille de route encore floue

Pour l'instant, Michel Barnier n'a donné que quelques indications sur ses priorités, notamment le pouvoir d'achat, la sécurité, l'immigration et la "dette écologique". Mais le détail des dossiers prioritaires reste à définir. Cette incertitude met en danger un gouvernement qui ne bénéficie que du soutien de 212 députés, loin de la majorité absolue de 289 députés, nécessaire pour gouverner sans obstacles.

La politique du nouveau gouvernement sera précisée lors de la déclaration de politique générale prévue le 1er octobre. En attendant, le premier dossier majeur auquel M. Barnier devra s'attaquer sera celui du budget. Le Premier ministre a d'ailleurs déjà exclu toute "hausse d'impôts sur les classes moyennes et les Français qui travaillent", un sujet sensible pour l'alliance entre macronistes et Républicains.

 

Xinhua

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Édition Quotidienne (DB)

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