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Africajarc 2015 : de nouveaux horizons musicaux

Samedi 8 Août 2015 - 9:23

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La petite ville de Cajarc, dans le Lot, était à nouveau cette année le rendez-vous incontournable des cultures africaines, et au-delà. La 17e édition du festival Africajarc, qui a eu lieu du 24 au 28 juillet, a élargi ses horizons artistiques en intégrant les héritiers de l’Afrique à sa programmation, et ce fut une réussite.

Les trois soirées de concerts, animées par Soro Solo, l’oncle de l’émission de radio hebdomadaire L’Afrique enchantée sur France Inter, nous ont fait voyager de la Réunion à l’Afrique du Nord en passant par les États-Unis. Un voyage surprenant, et convaincant.

Les héritiers de l’Afrique

Moh ! KouyatéCette première soirée musicale était dédiée à ceux qui par leur histoire, leurs parcours restent en lien avec le continent. Quatre groupes et quatre univers : la soirée a débuté par deux jeunes artistes. D’un côté, la réunionnaise Maya Kamaty qui nous a présenté son premier album « Santié Papang » et transmis sa joie de vivre communicative au son d’un maloya revisité. Elle écrit, chante et fait danser le créole de chez elle, riche de sens et d’histoire et sa voix puissante et limpide nous emporte. Coup de cœur ! De l’autre côté, le guinéen Moh ! Kouyaté a également présenté son premier album intitulé « Loundo » (« un jour »). Chez les Kouyaté, dynastie de griots depuis le 13e siècle, l’apprentissage de la musique, c’est sacré. Moh ! se fait rapidement repérer par les meilleurs guitaristes de Guinée qui voient en lui la relève. Dans sa musique, se mêlent tradition mandingue et musiques actuelles, de l’afro-beat au blues en passant par le rock. Cet album est la somme de toutes ses expériences musicales, et on ressent la générosité et l’enracinement de cet artiste quand il est sur scène. Ils étaient suivis par la jeune américaine Nikki Hill qui, de sa voix cassée et puissante, nous a amené dans son univers rockabilly et rythm’n blues. Elle a fait le show !

Clou de la soirée, le célèbre groupe toulousain Zebda qui, malgré l’heure tardive, a littéralement enflammé la grande scène d’Africajarc pour la première fois. Leurs textes engagés et leur gouaille sans pareil nous ont enthousiasmés. Emblème des héritiers de l'Algérie dans la ville rose, ils clament à tue-tête « là où on va, on est chez nous ». Le public a repris avec plaisir ses succès « Tomber la chemise » ou « Motivés » et entendu les messages passés avec humour : un appel à la fraternité, au-delà des frontières et des barrières culturelles.

Nouveaux horizons

Mahmoud AhmedToujours placée sous le signe du renouvellement, la soirée du samedi était très belle, malgré l’annulation à la dernière minute du groupe formé par Winston McAnuff et Fixi. C’est Kuku, chanteur et musicien américain d’origine nigériane, qui a lancé les hostilités accompagné de son groupe. Ce géant au chapeau et à la voix rauque dresse un pont entre ses racines yoruba et le monde occidental. Il a fait parler de lui cette année avec son deuxième album « Ballads & Blasphemy » dans lequel ses textes en yoruba, anglais et pidjin et son mix bien à lui de musique traditionnelle et de soul avec quelques accents de folk ont séduit. Cet ancien soldat de l’armée américaine chante l’amour et la paix entre les peuples.

La soirée a atteint son apothéose avec le grand Mahmoud Ahmed. Africajarc ouvrait ainsi pour la première fois ses portes à la musique éthiopienne, on espère qu’elle ne les refermera pas ! L’Ethiopie recèle de véritables trésors musicaux et Mahmoud Ahmed en fait partie. Ce leader de l’éthio-jazz nous a fait danser des épaules du haut de ses 76 ans durant près de 2h. Véritable crooner, il nous a enveloppés de sa douce voix et emportés dans son groove électrique à l’aide de ses musiciens, jazz band épatant.

Le groupe « The Tuff Lions » a remplacé au pied levé Winston McAnuff et Fixi pour nous livrer un reggae dynamique et convaincant.

Afro guinguette

Afro guinguetteLe festival s’est terminé par un bal avec le groupe Afro Guinguette mené par Cheikh Sow, chanteur et parolier sénégalais et Jacques Métivier, accordéoniste et compositeur français, rejoints par Bruno Lecouffe à la guitare et Jean-François Guédon à la batterie. Ils forment un quatuor hétéroclite qui met à l’honneur le mélange des genres sur des textes en français et en wolof. Ils ont réussi à ambiancer joyeusement cette soirée de clôture de leur musique festive et de leurs textes humanistes. Un DJ set de l’animateur de l’émission radio « Black Voices », Mathieu Richard sur Radio HDR, a permis de terminer l’édition 2015 du festival Africajarc en beauté. Passionné de musiques africaines des années 60-70, il nous a fait danser sur les rythmes du bikutsi, de la rumba ou de l’afro beat.

Tremplin Musical d'Africajarc

KolingaLe premier tremplin musical organisé par l’équipe d’Africajarc a eu lieu en mars dernier et a permis à deux groupes d’être présents sur la petite scène du bord du Lot lors du festival. Kolinga, tout d’abord, duo franco-congolais qui a remporté ce tremplin à l’unanimité par son charme intimiste et son afro-folk originale. C’est de la rencontre entre Arnaud Estor, guitariste jazz et Rebecca M’Boungou, chanteuse et danseuse, qu’est né Kolinga. Le trio mené par la chanteuse malgache Georgina Razafindrakoto a également gagné son sésame. Accompagnée de deux musiciens, elle a fait résonner les sonorités de sa musique malgache de sa voix profonde. Georgina déborde d’énergie et a entraîné les spectateurs dans des rythmes endiablés !

Pauline Pétesch

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Moh ! Kouyaté ; Photo 2 : Mahmoud Ahmed ; Photo 3 : Afro guinguette ; Photo 4 : Kolinga (c) Pauline Pétesch - ADIAC

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