Adoptions : les familles italiennes s’impatientent

Vendredi 7 Août 2015 - 16:30

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Les adoptants italiens de quelque 150 petits Congolais demandent des explications à leur gouvernement sur 22 mois de blocage.

Au cours de la séance des questions orales à l’Assemblée nationale italienne le mercredi dernier, des familles d’adoptants de petits Congolais sont venus interpeller leurs députés sur les raisons du blocage des dossiers. « Il y a une absence de communication entre le gouvernement italien et les familles : en 22 mois, nous n’avons eu qu’une seule rencontre avec la Commission internationale des adoptions et reçu un seul mail, dans lequel on nous invitait à patienter », ont dénoncé les familles italiennes.

Depuis novembre 2013, les familles italiennes s’en tiennent aux indications du gouvernement de Kinshasa de procéder à l’examen au cas par cas, après la découverte d’irrégularités dans ces dossiers. Des adoptants, notamment canadiens, se seraient révélés des couples homosexuels voulant avoir un enfant. Cela ne correspond pas à la notion de famille retenue par la législation en République démocratique du Congo. Depuis lors, quelques enfants ont été autorisés à rejoindre leurs nouvelles familles en Italie, mais pour quelque 150 d’entre eux, les dossiers sont encore dans les tiroirs au Congo.

Les familles soulignent bien toutefois que les raisons du blocage sont plus à rechercher du côté de Rome qu’à Kinshasa. C’est d’ailleurs un fait, souligne Antonella Prete, mère adoptante et avocate de profession, que « la seule donnée sûre en cette affaire est le moratoire observé par la République démocratique du Congo, et qui est déterminé par les irrégularités d’autres États qui ont suscité la juste réaction congolaise sur l’ensemble des dossiers d’adoption. L’Italie nous a maintes fois affirmé qu’aucune famille italienne n’était impliquée », a-t-elle déclaré.

Alors « que fait le gouvernement italien? », demandent les familles. Leur exigence principale est pour l’instant celle d’être mieux informées pour savoir comment se régler. « Nous voulons être mis au courant de l’évolution de l’ensemble des procédures d’adoption et des raisons qui portent l’Italie, pays naguère vertueux dans les questions d’adoption, à être impliquée dans le blocage », relèvent ces familles. Interpellant plus directement le ministre Paolo Gentiloni des Affaires étrangères et de la Coopération (responsable de la Commission internationale des adoptions), un élu a voulu la confirmation des informations de presse qui font état de négociations en cours pour des accords de coopérations avec le Congo, la Gambie, le Ghana et le Sénégal.

De tels accords auraient plus généralement comme champ d’application celui de l’immigration, mais les familles d’adoptants se demandent si ces pourparlers n’ont pas d’incidence aussi sur le sort des petits Congolais en attente. Comme c’est le même ministère qui gère les deux domaines, Coopération internationale et Adoptions. Faut-il voir dans l’immobilisme actuel le contrecoup de la mauvaise opinion suscitée en Italie par les flux migratoires ? Des questions, mais pas de réponses sûres pour le moment.

Lucien Mpama

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