Affaire Mike Mukebayi : FFJ propose une voie de sortie au cardinal Laurent Monsengwo

Lundi 1 Septembre 2014 - 16:00

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Dans une lettre ouverte adressée au prélat catholique, l’ONG, qui exhorte à la libération du journaliste incarcéré, pense que les actions à mener, ayant comme pillier l'implication de l'archévêque de Kinshasa, visent la restauration de son « image d’homme de paix » entamée par la publication querellée.

Dans ce document signé le 1er septembre par son directeur exécutif, l’association de défense et de promotion de la liberté de la presse en RDC, Freedom for journalist (FFJ), a tenu à apporter officiellement à la connaissance du cardinal Laurent Monsengwo « le malaise né au sein de la famille communicationnelle nationale à la suite de l’expéditive incarcération, à la prison centrale de Makala, du directeur du bihebdomadaire RD Congo News, le journaliste Mukebayi Nkoso Mike ».

L’ONG, qui reconnaît que le contenu de l’article querellé a bien écorné l’honneur du prélat dont le statut du pasteur aurait été malmené, en face d’une loi liberticide sur la liberté de la presse qui donne de larges compétences au juge pénal appelé à se fonder sur la plainte plutôt que sur les faits rapportés, y a proposé une voie de sortie pour restaurer l’image d’homme de paix reconnue à l’Archevêque de Kinshasa.

FFJ a, de ce fait, étaler les trois possibilités qui s’offraient au cardinal face à cet article publié dans RD Congo News. Il s’agissait, selon cette ONG, d’adresser un droit de réponse au journal afin d’être publié selon la loi, afin de démentir des faits allégués. L’archevêque pouvait également saisir la profession, qui organise en son sein un tribunal des pairs, ou, comme ultime possibilité, ester en justice contre le journaliste. « Mais ici aussi, une jurisprudence voudrait qu’une affaire en procédure disciplinaire devant la profession soit, au préalable, vidée avant d’envisager un éventuel recours à la justice », a prévenu FFJ, qui a noté la saisine de l’Observatoire des médias congolais, l’une des instances d’autorégulation de la profession, par le frère du cardinal, François Kaniki, pour cet article querellé.

Pour cette ONG, ce dossier qu’elle suit de près aurait du trouver une solution dans une procédure disciplinaire au sein de la profession, et en cas de condamnation, le journaliste se soumettrait à la sanction qui serait plus sévère que l’emprisonnement qui fait du journaliste un réel et véritable héros.

Le pardon, une force qui libère

FFJ regrette que le pardon du prélat accordé au journaliste n’ait pu entraîner le retrait de la plainte.  Pour cette ONG, en effet, ce qui a tout l’air d’un désormais bras de fer engagé entre une composante des journalistes et les proches de l’archevêque de Kinshasa, ne sort nullement gagnant le premier des Catholiques à Kinshasa. « FFJ pense que votre pardon, pourtant sincère, n’a rien apporté sur le fond, puisque sans effet positif sur l’actuelle situation du journaliste », a regretté Désiré-Israël Kazadi, dans cette lettre ouverte.

Pour obtenir donc les effets de ce pardon dont, pour FFJ, le retrait de la plainte et l’élargissement du journaliste ou le respect de la procédure, cette ONG exhorte à une intervention personnelle du prélat catholique. « Sur ce point précis, FFJ est d’avis que votre influence personnelle pourrait, à elle seule, contraindre les plaignants – qui malmènent votre image plus qu’ils la préservent – à  tirer toutes les conséquences. En modèle, Sa Sainteté le Pape Jean-Paul II, non seulement qu’il pardonna à celui qui attenta à sa vie mais lui, en sus, rendu visite », a soutenu cette association.

L’ONG rappelle également que deux sit-in organisés par elle afin de remettre un mémo au cardinal ont été brutalement réprimés par les policiers alors que les autorités politico-administratives et policières ont officiellement et préalablement été informées de cette action. Pour FFJ, le tableau fort sombre de la brutalité policière à l’endroit de ces hommes et de ces femmes des médias est, à n’en point douter, placardé sur l’image reluisante, il y a peu, de l’archevêché. Ce qui aurait dû, selon Désiré-Israël Kazadi, être évité.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

une conférence de presse de FFJ sur l'affaire Mike MUkebayi/ Photo Adia