Afrique du Sud : « Discussions constructives » entre Zuma et Ramaphosa

Mercredi 7 Février 2018 - 13:13

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Le Congrès national africain (ANC) a reporté sa réunion extraordinaire, devant se pencher sur un départ anticipé du président sud-africain, à la suite des échanges jugés fructueux entre ce dernier et son possible successeur.

La rencontre du mardi soir entre les deux ténors de l’ANC marque le début de la fin du feuilleton politique qui perdure depuis des mois au sein du parti au pouvoir. Le comité national exécutif (NEC) – principal organe de décision du parti - aurait pu décider, ce 7 février, de forcer Jacob Zuma à la démission. Un scénario humiliant pour celui qui a succédé à Thabo Mbeki.

Mais coup de théâtre, cette réunion a été reportée in extremis aux 17 et 18 février en raison de « discussions fructueuses et productives » entre les deux principaux acteurs de la crise, a annoncé l'ANC, sans donner plus de précisions. Ce qui pourrait suggérer qu'un accord ait été trouvé. Pourtant, le parti n'a pas évoqué la possibilité d'un accord sur une éventuelle démission du président, dont le dernier mandat expire en 2019. Mais tard dans la soirée, un quotidien sud-africain, "le Sunday Times", affirmait que le président Zuma avait accepté de démissionner une fois que certaines conditions auront été remplies.

L'ANC, au pouvoir depuis la fin du régime ségrégationniste de l'apartheid en 1994, se déchire depuis des semaines sur l'avenir du président Zuma, embourbé dans des scandales. Les partisans du nouveau chef de l'ANC, Cyril Ramaphosa, élu en décembre dernier, tentent de le pousser au plus vite vers la sortie, alors que se profilent les élections générales de 2019. Les pro-Zuma insistent, eux, pour que le président termine son second mandat.

Cette question lancinante qui paralyse l'ANC a plongé le pays dans une crise politique majeure, avec le report du discours annuel du chef de l'Etat devant le parlement, prévu le 8 février. « Nous avons pensé qu'il était nécessaire d'assurer un climat politique plus propice » au discours du chef de l'Etat, a justifié la présidente du parlement, Baleka Mbete, craignant que l'intervention de Jacob Zuma ne soit fortement perturbée.

Un précédent en 2008

L'ANC multiplie depuis plusieurs semaines réunions officielles et tractations en coulisses, sans parvenir à une décision sur l'avenir de Jacob Zuma. Le 4 février dans la soirée, le président a renvoyé dans les cordes les six plus hauts dirigeants du parti, qui étaient venus dans sa résidence de Pretoria le prier de partir. « Je ne vois pas pourquoi je démissionnerai. Je n'ai rien fait de mal », leur a-t-il lancé, bravache, selon la presse locale.

Le NEC et ses cent sept membres ont le pouvoir de « rappeler » le président, qui ne tient sa légitimité que des seuls députés qui l'élisent, et de le pousser à la démission, comme ce fut le cas en 2008 pour le président Thabo Mbeki. « Zuma doit partir, et le plus tôt sera le mieux », a estimé la fondation Nelson-Mandela. Il « a trahi le pays dont Nelson Mandela avait rêvé », a-t-elle ajouté.

Dans ce combat interne à l'ANC, Cyril Ramaphosa, qui a promis de combattre la corruption qui gangrène le sommet de l'Etat et de faire revenir les investisseurs étrangers dans le pays, joue gros. Le 6 février, les analystes politiques estimaient en tout cas que le report de l'adresse à la nation – qui est une première dans l’histoire du pays - indique très clairement que Jacob Zuma n’est plus maître de la situation.

Pendant ce temps, l’opposition s’impatiente. Si Jacob Zuma ne part pas, elle s’en chargera. Une nouvelle motion de défiance contre le président a été déposée et doit être soumise au vote de l’Assemblée dans moins de trois semaines. C’est la huitième motion de défiance contre le chef de l’Etat.

Josiane Mambou Loukoula

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