Application de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba : Washington interpelle les États signataires

Mercredi 9 Juillet 2014 - 15:12

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Livrant la position de son pays, l'ambassadeur des États-Unis en RDC, James Swan, n'exclut pas la possibilité pour son pays de prendre des mesures « disciplinaires » à l'encontre de tout signataire qui ne respecterait pas ses engagements librement souscrit à Addis-Abeba.

Où en est-on avec l’application de l’Accord-cadre signé en février 2013 par onze pays africains sous l’égide des Nations unies ? Nulle part, pourrait-on être tenté de dire lorsqu’on sait que la majeure partie des signataires dudit traité n’ont pas encore réalisé leur part du contrat. S’il est vrai qu’en ce qui la concerne, la RDC s’attelle à matérialiser ses engagements nationaux comme en témoignent les avancées substantielles jusque-là engrangées dans les secteurs y relatifs, tel n’est pas le cas pour certains pays signataires à l’image du Rwanda. D’après Washington qui se montre de plus en plus très préoccupé par l’état d’avancement du processus de paix dans la région des grands lacs, le régime de Kigali ne se montre pas disposé à collaborer pleinement à la mise en œuvre de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. D’où l’appel de l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique en RDC, James Swan, lancé à Kigali qu’il n’aimerait pas voir se mettre en marge du processus de paix dans la région tel que tracé dans l’Accord-cadre d’Addis-Abeba du 24 février 2013.

En fait, Washington tient à imprimer un coup d’accélérateur au processus de paix dans la région actuellement embourbé du fait des atermoiements de certains signataires dans l’application des engagements souscrits. Alors que l’accord-cadre censé restaurer la paix dans l’est de la RDC, en proie à de multiples conflits armés depuis deux décennies, prône le respect par les États membres de la Cirgl de la souveraineté de leurs voisins sur fond d’un engagement ferme à ne pas soutenir les groupes armés, le constat sur le terrain est tout autre. Le cas de la rébellion du M23 appuyée militairement par le Rwanda et l’Ouganda laisse entrevoir l’immensité des efforts à fournir pour dissuader les uns et les autres à ne plus afficher de telles attitudes aux antipodes des objectifs de paix visés. Se présentant désormais comme le garant de l’application effective de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, Washington n’exclut pas la possibilité de prendre des mesures « disciplinaires » contre tout signataire qui irait à l’encontre des engagements pris à Addis-Abeba. « Il faut que tous les signataires respectent leur engagement à travers l’Accord-cadre de paix et de sécurité. Et c’est le message que nous communiquons à tous les acteurs, y compris les Rwandais », avait déclaré l’ambassadeur James Swan à l’issue de sa rencontre avec François Muamba, coordonnateur national du mécanisme de suivi de l’Accord-cadre de paix d’Addis-Abeba.

C’est dire que tous les signataires de l’Accord-cadre membres de la Cirgl sont dorénavant priés à accélérer la mise en œuvre du processus de paix dans la région des Grands lacs au risque de subir des sanctions de la part de Washington. Nonobstant les menaces américaines, Kigali continue d’afficher une intransigeance par rapport à la démocratisation de son régime qui passe notamment par la réintégration des Forces démocratiques pour la libération du Rwanda  dans le circuit politico-social du pays avec, à la clé, une réconciliation de cœurs censée tourner définitivement la page sombre du génocide de 1994. Et quelles que soient les raisons avancées par Kigali, Washington pense qu’elles ne sont pas suffisantes pour que le régime de Paul Kagame se permette de mettre un frein au mécanisme de paix déployé dans les Grands lacs. Le processus est, comme qui dirait, irréversible.           

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

L'ambassadeur américain en RDC James Swan