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Après le nucléaire le spatial ?

Dimanche 12 Août 2018 - 10:16

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Que l'insaisissable président des Etats-Unis, Donald Trump, lance son pays dans une nouvelle surenchère militaire ruineuse en faisant des futures armes spatiales un objectif stratégique majeur n'a rien de bien surprenant. Il confirme simplement le fait que les grandes puissances, aveuglées par leur richesse, obnubilées par leur volonté de dominer le monde, sont toujours incapables de comprendre que le fait de détenir des armes de destruction massive ne protège pas et ne protègera jamais leurs peuples contre la violence, contre le terrorisme, contre la guerre asymétrique, contre la misère, contre l'instinct destructeur qui inspirent l'espèce humaine depuis la nuit des temps sous les formes les plus diverses, les plus extrêmes.

Le jour viendra, sans doute plus vite qu'on ne le croit, où l'on dressera le bilan, accablant à tous égards, de l'arme nucléaire et où l'humanité prendra conscience à l'échelle planétaire que si les sommes pharamineuses dépensées pour s'en doter par les pays riches de l'hémisphère nord - des milliers de milliards de dollars, de roubles, d'euros, de yuans ! - avaient été utilisées à des fins sociales et économiques, le monde ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Car la paix, contrairement aux apparences, ne naît pas de la possession ou de l'usage inconsidéré des armes, aussi puissantes et destructrices soient-elles, mais plus simplement de la croissance, du progrès, de l'éducation, de l'instruction, de la protection sociale, de la santé, bref des avancées de toute nature qui permettent à l'homme de surmonter ses mauvais instincts.

Ceci est d'autant plus juste, d'autant plus évident que la vraie bataille qui se joue sous nos yeux n'est pas celle qui oppose plus ou moins les puissants de ce monde mais celle qui concerne la protection de notre environnement. Tous les feux sont, en effet, au rouge dans le domaine du dérèglement climatique, de la dégradation de la nature, de la hausse des températures, de la fonte des glaces, de la montée des océans, autrement dit de la capacité de l'homme moderne à prévenir les effets de la suractivité industrielle à laquelle il se livre sans prendre la juste mesure de leurs effets destructeurs. Cela alors même qu'il commence à en ressentir les effets sur tous les continents, sous toutes les latitudes.

Dans un pareil contexte, il est évident que si les pays riches consacraient au développement humain et à la protection de la nature ne serait-ce qu'une partie des sommes gigantesques qu'ils dépensent en vain et en pure perte dans l'espoir d'assurer leur sécurité face aux autres nations, ils contribueraient de façon décisive à protéger la paix sur tous les continents et donc à conjurer le mauvais sort que génère inévitablement leur égocentrisme.

Les pays dits développés étant manifestement incapables de comprendre ce qui précède, il revient de façon claire, indiscutable, aux pays du Tiers-monde de le faire comprendre tant qu'il en est temps à la communauté mondiale. Une tâche qui semble impossible à mener tant est grand l'égoïsme des  puissants de ce monde mais qui n'a en réalité rien d'illusoire étant donné le poids humain croissant de ce même Tiers-monde où, à terme de cinquante-soixante ans, vivront les trois quarts de l'humanité.

Démontrer aux "Grands" qu'ils ne pourront jamais utiliser l'arme nucléaire et encore moins, demain, l'arme spatiale sans courir le risque de se détruire eux-mêmes ne devrait pas être très difficile dans le contexte actuel où la société civile des pays riches fait entendre sa voix de plus en plus fortement dans les débats publics. Dépenser autant d'argent pour développer des systèmes d'armes qui ne seront jamais utilisés alors que chacun aspire à une vie meilleure et s'inquiète de la dégradation de son environnement finira, en effet, tôt ou tard, par provoquer des tsunami politiques dans les nations apparemment stables qui cèdent aux pressions de leurs lobbies industriels et se lancent sans vraiment réfléchir dans une nouvelle course aux armements dont rien de bon ne peut sortir.  

 

 

 

 

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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