Artisanat : des vanniers réclament un cadre de travail décent

Samedi 25 Novembre 2017 - 7:13

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Assis sous les arbres aux abords des avenues avec des lianes en mains au rythme des chants depuis plus de trente ans pour les uns et dix-huit ans pour les autres, les vanniers du site de Bifouiti, à Makélékélé, et ceux situés en face du CEG Matsoua, dans le 4e arrondissement de Brazzaville, Moungali, sont exposés à toutes sortes d’intempéries.

 

Une visite chez les vanniers de Bifouiti et du CEG Matsoua permet d'observer plusieurs articles fabriqués avec passion : meubles, étagères, fauteuil de mariage, pouffe, pirogues communément appelé Zebilamba ; paniers et bien d’autres.   Ces articles sont exposés et vendus au même endroit et ailleurs à bon prix. Ces prix sont discutables et vont de 500 à 280 000 F CFA selon la nature de l’article. Par exemple, le Zebilamba coûte 2 500 FCFA ; les fauteuils de mariage 120 000 F CFA et les meubles 280 000 F CFA. Le président de l’Association des jeunes artisans vanniers de Bifouiti, Albert Louvila, explique que toutes ces œuvres d’art sont faites à base de la liane en provenance du département du Pool. Selon lui, l’insécurité qui règne dans ce département a changé les habitudes d’approvisionnement. Les lianes proviennent actuellement d’un village d’Imboulou et sont vendues au marché Total et au port de Yoro. 

L’apport multiforme de l’État serait la bienvenue

Abert Louvila pense que le gouvernement devrait accorder la chance aux vanniers de sortir hors du pays pour valoriser les œuvres d’art du Congo ; participer aux expositions internationales afin d’ouvrir leur esprit d’imagination et échanger également leurs expériences avec les autres. « Nous souhaitons avoir l’expérience des Philippines, du Japon parce qu’ils sont des experts dans ce domaine.  J’ai été émerveillé quand j’ai visité les ateliers et les différentes machines de vannerie en Algérie », indique-t-il, avant de déplorer « l’absence des artisans congolais à l’exposition de Dubaï ».    Les vanniers congolais sont reconnus par le ministère des Petites et moyennes entreprises (PME), poursuit le président, ajoutant qu'ils sont malheureusement abandonnés à eux-mêmes, parce qu’ils ne reçoivent pas de subventions de l’État et sont exposés aux intempéries par manque de paillotes.

 Les vanniers souhaitent l’apport de l’État dans l’exercice de leur métier, insiste-t-il, invitant le ministère chargé des PME à créer des structures nécessaires pour une modernisation efficiente de ce secteur. « Nous voulons d’une création des espaces de travail avec des conditions améliorées ; d’une garantie d’assistance sanitaire et, encore mieux, être pris en compte par la Caisse nationale de sécurité sociale », souhaite-t-il, avant d’ajouter: « Ici, chaque meuble a son prix et ses dimensions alors que ce ministère pouvait mettre en place une sorte de barème, en accord avec des vanniers, afin que tout s’y réfère. Ce travail est comme une entreprise, nous voyons comment les confrères étrangers sont structurés avec l’aide de l’État ». Il a, par ailleurs, reconnu les visites d’encouragement de ce ministère en leur offrant des places d’expositions dans la ville, malgré la taxe annuelle estimée à 58 000 FCFA proposée par la mairie que les vanniers n’ont pas encore payée.

Un métier ouvert à tous les citoyens

Les jeunes qui aimeraient évoluer dans ce domaine ne doivent pas hésiter à venir apprendre, assure Albert Louvila. La formation est payante comme l’a fait le ministère qui a déboursé une somme de 150 000 F CFA pour un jeune, a-t-il dit. « C’est une fierté de ma part de pouvoir exercer ce métier depuis 1986 ici, après l’avoir appris à Makana, dans un village situé sur la route nationale 1. Je suis indépendant et je me contente de ce que je perçois de mes clients qui proviennent de tous les arrondissements de Brazzaville », se réjouit Albert Louvila. 

L’artisan de Matsoua renchérit : « Le site en face du CEG Matsoua existe depuis 1999. Actuellement, nous sommes au nombre de six titulaires et plusieurs vanniers journaliers dirigés par un chef d’atelier.À travers ce travail, nous nourrissons nos familles, payons les frais d’écolage des enfants depuis des années. La vente est présentement au ralenti à cause de la crise financière malgré  notre production qui touche directement les besoins de la population ».

 

 

Lydie Gisèle Oko

Légendes et crédits photo : 

Des vanniers

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