Athaya Mokonzi : « Love alcoolisé », un concept à découvrir

Samedi 20 Septembre 2014 - 5:30

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Sous ses airs de crooner ténébreux, Athaya  Mokonzi est un grand romantique, et les titres de son album en sont la preuve. Passionné de dessin depuis son enfance, il adore écouter les variétés françaises à ses heures perdues. Johnny Halliday et Eddy Mitchell, ses auteurs et chanteurs préférés l’inspirent et nourrissent ses compositions. En studio, son album, intitulé Love alcoolisé, est tout un concept à découvrir

« Enfant, je voulais être dessinateur et travailler chez Disney Marvey, parce que j’étais victime d’humiliations et d’insultes de la part de mes amis par rapport au timbre de ma voix qui était déjà plus grave que ceux de mes professeurs, un complexe qui m’a longtemps collé à la peau. » En effet, rien ne prédestine Athaya Mokonzi à devenir artiste-musicien. Les rencontres, les voyages et le hasard y contribuent, et l’artiste entre dans les arcanes de la musique en 2000 alors qu’il est au Bénin pour un long séjour.

Pour vivre, il se fait un nom grâce à des animations privées à domicile (mariages, anniversaires, manifestations culturelles) en tant DJ. Et lors d’une soirée de mariage, alors qu’il anime la soirée, une coupure d’électricité surgit : « Il fallait bien faire quelque chose, parce que les gens commençaient à s’ennuyer. J’ai donc pris des cuillères et un sceau sur lequel j’ai commencé à taper tout en fredonnant. Et spontanément, les gens ont commencé à chanter, puis à danser tout au long de la soirée. À la fin de la soirée, l’organisatrice est venue me trouver et m’a conseillé de me lancer dans la musique, me disant que j’y ferai une belle carrière ! »

Un conseil qu’il banalise et poursuit tranquillement sa route tout en continuant à animer des soirées, faire cabarets, boîtes de nuit et bars. De plus en plus sollicité, il finit par y prendre goût et se laisse aller à suivre son feeling. Et au Bénin où il se trouve, il voyage de ville en ville sans trop se poser de questions. De retour à Brazzaville en 2005, il sort son premier titre, Décalé alcoolisé. Un album qui a du mal à trouver sa place, car le coupé-décalé est encore peu connu au Congo : « Ça s’est fait sur un coup de tête, et malheureusement les distributeurs que j’ai contactés n’ont pas voulu de moi, parce que je n’étais pas connu. Mais, ironie du sort, l’album a bien marché, car je l’ai vendu de main en main, et cette vente m’a conduit à Kinshasa, en Côte d’Ivoire, au Nigeria… » Malgré ce joli succès, l’artiste se cherche encore. En 2006, il sort Zook love alcoolisé suivi de Slow alcoolisé, où il se sent enfin dans sa peau.

À partir de ce moment, il se stabilise et commence à travailler avec un groupe : « Quand j’ai eu un groupe, les propositions ont commencé à pleuvoir. Et en 2007, avec le groupe FB Star, on a joué à la cafète du Centre culturel français mon propre répertoire. » Un spectacle positif, puisque grâce à cette prestation il fait la connaissance de DeLaVallet Bidienfeno avec qui il commence à travailler, mettant entre parenthèses la préparation de son album. Une collaboration enrichissante, car Au-delà, le spectacle de DeLaVallet Bidienfeno dans lequel il intervient, lui ouvre de nouvelles portes.

Il fait le tour du monde, et ses déplacements lui donnent la force de mettre enfin en place un projet qui lui tient à cœur : « Longtemps, j’avais rêvé d’organiser une soirée-souvenir des chansons françaises que l’on n’écoute plus aujourd’hui, sur des mises en scène originales. Un projet qui a tout de suite plus au directeur du Centre culturel à l’époque. Nommé Le Cabaret du vendredi 13, cordonné par Keben et moi, ce spectacle a été un véritable succès ! » Après à cette soirée, Athaya et Keben font l’affiche à Kinshasa lors des Journées de la Francophonie. Le duo, entre la voix fine de Keben et la voix grave d’Athaya, fait mouche. En 2013, ils réitèrent la formule à l’Institut français de Brazzaville, la salle et comble et les spectateurs sont ravis. Rentré tout dernièrement de tournée avec la compagnie Baning’art ou ils ont fait dix-sept villes de France, l’artiste se rend compte qu’il lui faut un support musical : « Quand je finis les spectacles, les professionnels de la musique me demandent toujours un support CD. Je pense que le moment est venu que je me consacre à cet album… »

La sortie de l’album est prévue pour bientôt. Un album constitué de treize titres, nommé Love alcoolisé que l’auteur définit comme un mélange de flamenco, de jazz, de variété française, de blues, avec un grand penchant pour le rock’n’roll : « Ma musique, je ne la calcule pas, je la ressens. Je n’ai pas encore trouvé mes propres limites et donc je n’ai pas envie de me couler dans un carcan, car ce n’est pas moi qui ai choisi la musique, c’est elle qui est venue à moi. Mais je sais une seule chose, le ciel est en train de s’ouvrir pour moi, et c’est formidable ! »

Annette Kouamba-Matondo