Au lendemain des attentats de Bruxelles, l’Italie interroge et s’interroge

Mercredi 23 Mars 2016 - 18:30

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Pays souvent visé par les menaces du mouvement djihadiste de l’Etat islamique, l’Italie s'interroge sur ses capacités de préparation et celle de ses voisins.

Les attentats de mardi, en plein centre de Bruxelles, capitale hyper-protégée des institutions européennes, ont eu un écho très fort en Italie. Quatre des victimes sont des Italiens ; ils font partie des 200 blessés comptabilisés mais, légèrement atteints, ils sont déjà sortis d’hôpital. Au moment où ses lignes sont écrites, l’identification de la trentaine de morts se poursuit ainsi que l’enquête, ce qui pourrait amener de nouveaux développements aussi bien sur les auteurs des attaques, les modalités et les motivations de leur action, etc.

L’Italie s’est donc tout de suite directement sentie concernée. Un message de son exécutif, le président et le premier ministre, a souligné la solidarité de Rome avec Bruxelles. Mais la presse italienne mercredi était surtout interrogative. Avec la première d’entre elles, vu que la menace terroriste s’est désormais matérialisée dans de nombreuses villes européennes comme Londres, Madrid, Amsterdam, Paris et maintenant Bruxelles : à qui le tour ? L’Italie est-elle suffisamment outillée pour contrer et anéantir des préparatifs d’attentats djihadistes avant qu’ils aient lieu sur son territoire?

L’an dernier, le mouvement Etat islamique avait promis les pires foudres à « l’Italie, la croisée » si elle osait seulement aller bombarder en Lybie. Il affirmait pouvoir « marcher sur Rome et hisser le drapeau (islamiste) au Vatican ». Un an plus tôt, il avait laissait entendre que sa stratégie passerait par « lâcher » des milliers de migrants sur l’Europe et à y infiltrer ne serait qu’une vingtaine de ses adeptes près à passer à l’action : est-ce ce scénario qui commence à se matérialiser ? se demandait la presse mercredi.

Journaux, radios et télé qui consacraient beaucoup de leurs éditions spéciales aux événements de Bruxelles s’interrogeaient aussi sur l’existence, en Belgique mais aussi en France, de ces ghettos inconnus en Italie où les gens se regroupent par affinités ethniques et/ou religieuses. Le quartier de Molenbeeck à Bruxelles, mais aussi le nord de Marseille et la Seine Saint-Denis en France ont suscité beaucoup de commentaires. Alors, l’Italie, est-elle déjà infiltrée de cellules terroristes dormantes, prêtes à passer à l’action. Et le feront-elles en traversant les frontières des pays voisins ? L’Italie, pour l’instant, a été préservée du radicalisme religieux agressif, mais personne ne peut jurer qu’il en sera toujours ainsi.

C’est pourquoi le premier ministre Matteo Renzi juge urgent un « pacte européen pour la liberté et la sécurité ». Lucide, le premier ministre constate avec pragmatisme que le moment n’est sans doute pas celui « des chacals, mais pas non plus celui des colombes... Il faut que l'Europe aille au bout cette fois. Il faut investir dans une structure unitaire de sécurité et de défense. Les services de sécurité doivent travailler plus ensemble et mieux ensemble, avec une collaboration constante, ponctuelle et continue », a-t-il affirmé.

Rappelant l’expérience de son pays qui, dans les années 1980, dut faire face à une vague d’attentats de gauchistes ou de la mafia, M. Matteo Renzi note : « La menace est globale mais les tueurs sont aussi des tueurs locaux. L'ennemi n'est donc pas seulement celui de l'extérieur, celui loin de nous, l'ennemi se cache aussi au cœur des villes européennes, dans les périphéries de certaines de nos capitales ». Pour lui, la lutte passe par les mesures sécuritaires, mais aussi par l’éducation, « avec les militaires mais aussi avec les maîtresses du primaire. Cela doit être fait avec les forces de police mais aussi avec les forces du social, si nous voulons récupérer au moins la prochaine génération ».

Lucien Mpama

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