Beaucoup d’Africains musulmans dans les prisons italiennes

Samedi 4 Février 2017 - 13:10

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Les chiffres du ministère de la Justice montrent que les prisonniers d’origine africaine peuplent les centres pénitentiaires de la Péninsule.

Prévenir le djihadisme, notamment en surveillant le phénomène dit des "loups solitaires": l’Italie se montre particulièrement attentive à conforter la surveillance, qui lui vaut d’avoir été épargnée jusqu’ici par la vague d’attentats islamistes en Europe. Mais les chiffres diffusés par le ministère de la Justice jeudi, sont particulièrement éclairants sur la montée des tendances au radicalisme au sein des communautés établies parfois depuis de longues années dans le pays. Ils révèlent une inclination progressive des Africains de religion musulmane vers l’attitude violente.

Au premier février de cette année, l’Italie comptait 55.381 personnes condamnées par voie définitive en prison. Mais le fait inquiétant est que 34% de ces prisonniers  sont des Africains, avec plus de la moitié d’entre eux (14.680) provenant des pays musulmans. En tête, on compte les Marocains (qui constituent aussi, par ailleurs, la première communauté africaine d’Italie) avec 3.359 prisonniers, suivis de la Tunisie (2141). Près de 6.300 sont des musulmans pratiquants versant vers une pratique rigoriste de leur religion. Parmi eux,157 imams.

„ Pour important que soit notre effort majeur de surveiller et contrôler (ces populations), nous ne pouvons pas sous-évaluer les signaux d’alarme, parce que la prison est un endroit où se réalisent des formes de radicalisation rapide. Elle renferme des sujets vulnérables “, a souligné jeudi Andrea Orlando, le ministre italien de la Justice. „ En prison, il y a un grand risque que se diffusent des formes d’exclusion et d’isolement; des conditions sur lesquelles s’appuie le radicalisme pour alimenter un sens de vendetta et de haine contre la société. Garantir la pratique d’un culte est un droit fondamental des personnes, mais il faut veiller à ne pas alimenter de dangereuses poches de resentiment“, a-t-il fait remarquer.

Ces données ont été lues avec des lunettes différentes par les différents camps politiques italiens. Comme d’habitude, les populistes ont souligné le danger que constitue le fait d’emprisonner des étrangers qui coûtent cher à la société, estimant que la solution est dans les expulsions massives. Ou dans le fait d’empêcher les clandestins de gagner les côtes italiennes, d’aucuns préconisant même des moyens extrêmes pour y parvenir. Il y a peu, un dirigeant du mouvement xénophobe de la Ligue du Nord préconisait de couler à coups de canon les embarcations qui amènent chaque semaine des dizaines de désespérés sur les côtes italiennes à partir de la Libye.

Mais même si cela représente un effort de longue haleine, le gouvernement continue de privilégier la ligne de l’intégration et de la formation aux valeurs. „ En règle générale, l’éducation au pluralisme religieux constitue l’instrument de prévention le plus décisif contre la radicalisation. Dans les prisons, nous avons besoin de personnels formés qui puissent offrir une connaissance saine de l’Islam à une population qui ne possède souvent que des vagues rudiments théologiques de sa propre religion. Ces personnels devront avoir une connaissance de l’éthique islamique et connaître le taux d’analphabétisme religieux aujourd’hui présent dans les prisons italiennes“, a insisté le ministre.

Lucien Mpama

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