Changements climatiques : le Maroc présente à la presse africaine ses capacités d’abriter la COP22

Mardi 6 Septembre 2016 - 17:30

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Quelque cinquante-cinq journalistes venus de vingt-huit pays d’Afrique séjournent au Maroc depuis le 2 septembre. Le royaume chérifien leur présente toutes ses capacités et dispositions prises en vue d’accueillir, en novembre prochain, la Conférence des Nations unies sur le climat (COP22), qui sera très déterminante après l’étape de Paris en 2015.

Pour le pays organisateur, cet événement s’inscrit dans la logique des intérêts des générations futures. Marrakech 2016 va ouvrir un nouveau régime climatique.

Le comité de pilotage de la COP22 mettra un accent particulier sur la part de l’adaptation des changements climatiques à la sécurité alimentaire. En plus, une première rencontre sera initiée entre les négociateurs et la société civile.

« A Marrakech, les mécanismes d’accès facile aux financements seront un enjeu important », a annoncé Mohamed Benyahia, négociateur en chef, du pôle Side events de la COP22.

Il s’est félicité du fait que depuis l’accord de Paris en 2015 les négociations sur le climat « marchent sur leurs deux pieds : l’adaptation et l’atténuation ».

Par ailleurs, les experts déplorent le fait que les projets présentés par les pays du sud ne sont pas bancables.

A la prochaine conférence sur le climat, il sera également question de présenter le guichet unique des financements des projets climatiques ; puis de mettre en place un réseau des centres d’excellence qui constituera une coalition pour accompagner les pays moins avancés et les pays insulaires.

« Ce guichet unique va permettre à toutes les parties de savoir les fonds qui existent et les critères d’éligibilité (…) ; question de permettre aux pays en développement d’élaborer les projets et de les rendre bancables », a expliqué Nizar Baraka, président du comité scientifique de la COP22.

Marrakech suscite plus d’espoir parce que la Chine et les Etats-Unis, qui représentent 39% d’émissions de gaz à effet de serre, viennent de ratifier l’accord de Paris. Mais, pour que celui-ci entre en vigueur, 55 Etats doivent le ratifier. A peine 41% l’ont déjà fait.

D’après le ministre délégué au ministère marocain de l’Intérieur, Charki Draiss, tous les sites devant abriter la COP22 seront livrés d’ici à mi-octobre.

« Le Maroc est suffisamment outillé pour relever les défis sécuritaires de cet événement. Nous assurerons la protection des délégations à travers les services spéciaux », a assuré M. Draiss.

 Casablanca, première étape de la visite

Ce voyage de presse, le deuxième du genre, après celui organisé en juillet dernier, a eu pour première étape la cité de Casablanca. La ville océane, avec ses 4 millions d’habitants est souvent présentée comme la vitrine du pays en raison de son importante plateforme aéroportuaire.

Dans cette ville, anciennement appelée Anfa, il a été beaucoup plus question du tourisme. Une balade a été organisée le 3 septembre pendant de longues heures- en faveur des journalistes qui ont découvert, entre autres, la nouvelle et l’ancienne Médina, les espaces verts de la ligue arabe et de l’Hermitage, la nouvelle gare, le quartier des libraires ou encore le quartier des bourgeois.

La boucle a été bouclée à la chaîne de radiotélévision M2 qui a un statut particulier : cette chaîne est un média public, mais pas officiel pour la simple raison que l’Etat participe à son capital à hauteur de 68%, mais n’interfère pas sur sa ligne éditoriale. En plus, 90% des recettes de M2, opérationnelle depuis 1987, proviennent de la publicité.

La journée du 4 septembre a été réservée à la visite de l’emblématique mosquée Hassan II, reconnue comme la troisième au monde (par sa taille) et la première du continent africain.

Œuvre de l’architecte français, Michel Pinsau, la mosquée Hassan II de Casablanca, dont le mur de protection essuie tous les jours les eaux de l’océan atlantique, a été inaugurée en septembre 1993 après six années et demie de travaux qui ont mobilisé 10.000 artisans, dont 3.000 ouvriers pour un coût global estimé à 7 milliards de francs français.

Sa principale salle de prière a une capacité d’accueil de 25.000 fidèles : 20.000 hommes en bas et 5.000 femmes réparties sur les deux mezzanines.

La mosquée dispose d’un minaret de 200 mètres de hauteur ; puis d’un rayon laser (visible jusqu’à 35 kilomètres de distance) orienté vers la Mecque. Ses haut-parleurs impliqués dans la décoration sont au nombre de 360. Son toit (ouvrable) fait 1100 tonnes. C’est la Fondation Mohamed VI qui gère la mosquée. Mohamed VI, au trône depuis 1999, porte le titre de commandeur des croyances.

L’étape de Rabat la capitale

C’est à Rabat que les journalistes sont entrés dans le vif du sujet. Arrivés dans la capitale marocaine le 5 septembre, ils ont aussitôt pris part à une conférence académique sur les changements climatiques.

Animée par trois experts, cette conférence a permis de faire la lumière sur les efforts consentis par le royaume chérifien dans l’économie verte depuis de longues années ; les difficultés que rencontre l’Afrique pour accéder aux fonds destinés au financement des projets de lutte contre les changements climatiques ; les avancées enregistrées depuis l’accord de Paris en 2015 sur le climat et les attentes de la COP de Marrakech. Entendu que Marrakech va abriter sa deuxième COP après celle de 2001.

« Le continent africain est celui qui émet moins de gaz à effet de serre (3%). Mais, c’est l’Afrique et les pays moins avancés qui vont être les victimes du changement climatique dans les 40 prochaines années », a souligné Samira Sitail, chef du pôle de la presse et de la communication de la COP22.

« Seulement 4% des investissements dans le cadre du climat sont captés par l’Afrique », a-t-elle déploré.

Invité à donner une impulsion aux négociations sur le climat, le Maroc qui accueille la COP22 est un ‘’exemple type’’ dans le développement des énergies renouvelables, malgré la forte présence du désert.

« Les énergies renouvelables sont d’abord une affaire de gouvernance et non d’argent », a affirmé Saïd Mouline, chef du pôle partenariat public-privé de la COP22.

Dans cette optique, le Maroc développe 90% de projets d’énergie dans l’éolien. Actuellement, il fabrique 70% de ses pièces détachées sur place. Ces dernières années l’investissement dans le secteur a été chiffré à 1,7 milliard de dollars.

Le pays se propose d’atteindre 2000 mégawatts d’énergie éolienne et 2000 mégawatts d’énergie solaire en 2020. En somme, le Maroc disposant d’un Fonds national de l’environnement qui accompagne divers projets liés notamment à l’économie verte, s’est fixé l’objectif de 42% d’énergies renouvelables en 2020 et 52% en 2030.

En 1995 à peine 15% de la population rurale marocaine avait accès à l’électricité. Ce taux est passé à 98% en 2016.

En matière d’énergie éolienne, le Maroc a le prix de vente le plus bas au monde, soit 3 centimes d’euro par kilowattheure.

 

La Rédaction

Légendes et crédits photo : 

Des journalistes africains lors des visites à Casablanca et à Rabat/ photos DR

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