Chronique : que faut-il retenir de la COP 24 ?

Vendredi 21 Décembre 2018 - 12:32

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La COP24 qui vient de s’achever à Katowice, en Pologne, était une étape nécessaire vers la mise en œuvre effective de l’Accord de Paris. En quelque sorte, il s’agissait, dans la ville polonaise, d’adopter un mode d’emploi appelé « rulebook ». Si ce manuel d’application a bien été adopté par la COP24, il se fonde sur la base du plus petit dénominateur commun. Il manque les financements, l’ambition, sans parler des questions de sécurité alimentaire et de droits humains.

En Pologne, pendant plus de deux semaines, les pays en développement demandaient une évaluation globale de leurs besoins financiers pour l’adaptation au changement climatique, les transferts de technologies et l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre. Cette évaluation aura donc lieu tous les quatre ans, ponctuée par des ateliers bisannuels regroupant tous les pays.

Concernant le financement à court terme, le fonds vert pour le climat va être renfloué à hauteur de dix milliards de dollars en 2019, donnant ainsi la possibilité aux pays africains de financer leur transition écologique. Une nouvelle cible financière sera fixée à la lumière de la première évaluation, en 2020, à l’horizon 2025.

On peut dire que l’Afrique est rentrée satisfaite de cet accord mais des sujets importants devront néanmoins être discutés au fil des réunions, en particulier la question des pertes et dommages dus au changement climatique, et l’objectif mentionné par le Groupe des scientifiques pour le climat, le Giec, qui préconise de tout faire pour ne pas dépasser une hausse de température de 1,5° sous peine de rendre la planète invivable.

En Pologne, les représentants des États ont pu, malgré tout, adopter des règles d’application minimales pour l’Accord de Paris. Cela montre qu’une forme de multilatéralisme autour de l’enjeu climatique reste possible. Mais sans l’ambition nécessaire, cette diplomatie risque de perdre peu à peu de sa consistance. Surtout si certains pays pollueurs continuent de minimiser la portée des COP en multipliant les sommets climatiques parallèles à l’instar des One Planet Summit, qui font la part belle aux acteurs privés et aux mesures non-contraignantes.

N’oublions pas que le contexte géopolitique actuel se montre difficile et hostile au multilatéralisme. Une des questions centrales qui se joue sur les négociations climatiques est celle des inégalités mondiales : les pays riches ne veulent pas lâcher grand-chose tandis que les pays en développement qui subissent les effets du réchauffement climatique n’ont pas le poids géopolitique pour négocier d’égal à égal avec les grands pays comme les Etats-Unis, la Russie, la Chine ou encore l’Union européenne.

Lors du prochain sommet des Nations unies sur le climat, en septembre 2019, les États qui n’ont pas réussi à transformer l’essai en Pologne, doivent absolument réagir en proposant de nouvelles feuilles de route revues à la hausse, c’est-à-dire des contributions nationales à la réduction des émissions de gaz à effet de serre adéquates avec l’objectif de limiter le réchauffement du climat à 1,5 degré et des promesses de financement appropriées.

 

Boris Kharl Ebaka

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