Conférence-débat : « conférence de Berlin 1885 : de la balkanisation à la recomposition des espaces »

Vendredi 27 Février 2015 - 12:15

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Le sujet continue de mobiliser le milieu intellectuel et universitaire. Le 26 février, date anniversaire de cet évènement, des enseignants chercheurs, historiens et étudiants se sont retrouvés à la Faculté des lettres pour évoquer l'impact de la conférence tenue à Berlin en Allemagne par 14 États européens avec pour résultat : le partage de l’Afrique.

Cette conférence-débat, selon les initiateurs, vise non seulement à analyser et comprendre les données géopolitiques actuelles, mais également à sensibiliser la communauté universitaire aux questions qui touchent à l’identité nationale et aux conflits régionaux. 

« Je félicite le département d’Histoire pour cette initiative de ce jour, un jour à double titre presque, d’une part célébrant un évènement de portée mondiale et transversale du point de vue académique, et d’autre part ouvrant, pour le compte de cette année 2014-15, le cycle des conférences académiques au sein de notre faculté. », a indiqué à l’ouverture le doyen de la Faculté des lettres et des sciences humaines, Dieudonné Tsokini.

Les participants au débat de ce jeudi, se sont focalisés sur le thème : « conférence de Berlin 1885 : de la balkanisation à la recomposition des espaces ». L’unique orateur du jour, Joseph Zidi, assistant à la Faculté des Lettres a, dans sa communication, insisté sur l’impact de la conférence de Berlin sur l’Afrique d’aujourd’hui, les conflits frontaliers  opposant des États notamment dans le Bassin du Congo, la question de l’identité culturelle et la perspective d’une Afrique unie fondée sur ses propres valeurs.

Joseph Zidi a expliqué qu’après les années qui ont suivi les indépendances africaines, deux camps se sont affrontés sur la question de la révision ou non du traité de Berlin, « il y a d’un côté, les révisionnistes et de l’autre, les souverainistes, c’est-à-dire, ceux qui défendent l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation ». À en croire l’historien, ces deux protagonistes ne sont jamais parvenus à solutionner les problèmes auxquels le continent était confronté. Ce qui a favorisé, a-t-il expliqué, l’avènement d’un troisième courant prônant ainsi l’idée de l’intégration régionale.

En réaction, les participants ont interrogé l’orateur sur la persistance des conflits frontaliers entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda, entre d’autres parties de l’Afrique. L’enseignant a fait savoir que les différends frontaliers actuels ne sont forcément pas la conséquence du partage de Berlin, mais plutôt la conséquence des rivalités politiques de certains dirigeants africains. « S’il y a eu des compromis entre l’Angola et les deux Congo au sujet de leurs frontières respectives, c’est parce que les responsables de ces trois pays, ont manifesté leur volonté d’amitié et de vivre ensemble », a-t-il justifié.

Il a souhaité que soient créés  des espaces d’intégration fondés sur la gouvernance culturelle, linguistique, afin que chaque peuple, chaque communauté puisse vivre en harmonie, et profiter des richesses qu’offre son environnement. Il est allé plus loin en parlant de la constitution des États-Unis d’Afrique, un projet cher au Guide libyen Mouammar Kadhafi, au Ghanéen Kwame Nkrumah, au Centrafricain Barthélemy Boganda, au Sénégalais Mamadou Dia et bien d’autres panafricanistes.

Pour la petite histoire, la conférence qui réunit à Berlin les puissances occidentales de novembre 1884 à février 1885, a pour objet, d’après les auteurs, de régler pacifiquement les litiges relatifs aux conquêtes coloniales en Afrique. L'Allemagne, qui ne s'est pas engagée dans la politique de colonisation joue les médiateurs et plaide en faveur de la liberté du commerce et de la navigation, notamment dans le bassin du Congo et celui du Niger. L'Acte final signé le 26 février 1885, fixait les règles de la colonisation de l'Afrique et impose le principe de l'effectivité pour reconnaître une annexion.

 

 

 

Fiacre Kombo

Légendes et crédits photo : 

1- Doyen de la faculté des lettres et le conférencier lors de la conférence débat. 2- les étudiants participant à la conférence