Consultations politiques: « Il faut poursuivre le dialogue, même sans cameras», pense Clément Mouamba

Mercredi 3 Juin 2015 - 20:50

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Au sortir de sa rencontre avec le chef de l’Etat, l’ancien ministre des Finances a exprimé son opinion sur les principaux sujets qui marquent l’actualité nationale.

 

Quelles sont les préoccupations que vous avez fait savoir au chef de l’Etat ?

J’ai dit au président que le dialogue est une vertu, le dialogue est une question nécessaire, mais pas suffisante. Lorsqu’il y a un dialogue, lorsqu’on arrive aux conclusions, il faut que ces conclusions soient appliquées. Ce qui n’a pas été le cas pour Ewo et Dolisie. C’est une attente, personnellement je suis pour le dialogue. Si le dialogue aboutit à des conclusions consensuelles et qu’elles soient appliquées, c’est comme cela qu’on peut faire fonctionner notre démocratie, en essayant de bannir l’intolérance et l’incompréhension que nous constatons dans un camp comme dans l’autre. J’ai également dit que dans ce dialogue il ne faut pas occulter la lancinante question de la gouvernance électorale. Il faut que dans notre pays quand quelqu’un  est élu, qu’il soit fier de la légitimité populaire, parce qu’il est proprement élu. Et que celui qui n’est pas élu soit également capable de reconnaitre, avec dignité son échec. Ce n’est pas une fatalité. Et quand nous aurons atteint ce niveau, je crois que le Congo aura fait des progrès, parce que nous balbutions. Il faut renforcer cette démocratie. Voilà les thèmes essentiels sur lesquels j’ai donné mon avis au chef de l’Etat.

Et au sujet de la Constitution ?

Tout est question des priorités. Un pays peut prioriser ses problèmes. Aujourd’hui c’est un ordre qui pose problème. J’ai dit au président qu’il y avait une passion autour de cette question. Lorsqu’il y a une passion, on peut prendre des décisions dans une période aussi passionnelle. Parce que cette constitution pose effectivement des problèmes. La modifier ou ne pas la modifier je lui ai dit simplement qu’il y a des camps, le pour et le contre, c’est tout à fait normal. Il faut les réconcilier, il faut aller à un consensus. Moi, à titre personnel, j’ai marqué des réserves sur son changement, surtout par rapport au moment où il faut le décider. J’ai dit au président, par rapport à une date buttoir, celle de juin-juillet 2016, pour la prochaine élection. Donc il faut faire en sorte que tout cela puisse être réglé dans les délais, pour que la bulle que nous sentons dans le pays ne puisse pas éclater dans le désordre. A titre personnel je ne suis pas partant pour un changement de la constitution, je l’ai exprimé courageusement au président. Je lui ai également suggéré que le dialogue, il faut le poursuivre, même sans cameras. Il faut parler, continuer à parler aux populations, à tout le monde. Je lui ai montré que j’étais toujours ouvert au dialogue. C’est ce que je viens de faire. Il faut briser les glaces. Je suis venu ici et j’assume ce que je fais, je suis citoyen de ce pays. Et j’ai aussi déploré que nous ayons autant d’hommes politiques dans le pays, mais très peu d’hommes d’Etat. Quand on est homme d’Etat on sait avaler sa colère. Dans ma langue on dit la colère d’un insensé on la lit sur la figure, celle d’un sage est enfouie dans les entrailles.

Sur l’économie ?

On n’a pas parlé d’économie. Puisqu’on lit la macro économie, les tendances sont bonnes, les taux sont bons ; nos taux de croissance, pratiquement tournent autour de 5%, c’est une aubaine, par rapport à ce qui se fait ailleurs. Donc l’économie congolaise, globalement, se porte, relativement bien, même si le pétrole nous joue des sales tours. Là aussi le grand problème, c’est la répartition de la richesse nationale, pour consolider l’unité nationale. Tout le monde doit participer à cet effort et jouir de cette richesse. C’est fondamental.

Sur les raisons d’avoir répondu positivement à l’invitation du Chef de l’Etat ?

Avant de venir ici, j’ai saisi Tsaty Mabiala qui est le secrétaire général. Je lui ai dit que j’avais une invitation et que j’irais. Il me l’a déconseillé, comme le parti avait pris position. J’ai dit, à ce moment-là vous me prendrez pour un indiscipliné, mais je ne suis pas paniqué pour cela. J’ai beaucoup travaillé pour l’unité de l’UPADS et je continue à travailler pour l’unité de ce parti. Je ne regrette pas la décision ni le déplacement que je viens de faire ici. Vous lisez les médias, vous lisez les réseaux sociaux. Il parait qu’on vient ici pour ramasser de l’argent. On ridiculise les cadres, on veut les vilipender dans le monde entier, je trouve cela, totalement, désolant. Je n’ai aucun complexe de venir saluer le chef de l’Etat, le chef du village. Quelle qu’en soit la nature des problèmes, ce que je viens de faire je l’assume. Je parle la tête haute, regardez mes mains, elles ne sont pas pleines d’argent. Je n'en ai pas non plus dans les poches.

Sur la sanction qui pourrait en découler ?

La sanction ? Mais je l’assume. J’étais dans ma vie un bon élève, rarement sanctionné, et j’ai fini ma carrière, je n’ai même pas eu un blâme.

La Rédaction

Légendes et crédits photo : 

Clément Mouamba interrogé par la presse

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