Couleurs de chez nous : affaissement intellectuel

Samedi 9 Décembre 2017 - 9:54

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Voici une expression que j’apprécie bien et que j’ai empruntée à un aîné, auteur d’une riche chronique disponible dans Les Dépêches de Brazzaville, chaque vendredi.

Il aime tellement la prononcer pour décrier l’inculture qui a gagné nos compatriotes, notamment les jeunes, qui n’ont désormais que leurs téléphones portables comme outil de distraction ou d’information et qui n’en usent que pour communiquer ou regarder des vidéos excitantes à tous points de vue mais jamais à des fins d’épanouissement intellectuel ou culturel. Observons ces jeunes ! En campagne comme en ville, ils se retrouvent en petits comités avec, au cœur de leurs échanges, deux ou trois thématiques phares : la musique, le sport et la vie des hommes politiques. Barça, Real, PSG, Chelsea ; Messi, Cristiano ou les autres stars de la musique de chez nous et d’ailleurs, tels sont les noms qui reviennent. Ces jeunes savent tout sur ces équipes et ces stars au point qu’il n’existe pour eux aucun autre centre d’intérêt.

Les jeunes ici indexés ne sont pas que des désœuvrés ou des déscolarisés. Le virus a fini par gagner même les étudiants  dont rares peuvent évoquer Platon ou Épicure et dans les chambres desquels on trouve facilement les posters,  maillots ou clips de leurs idoles que des classiques de la littérature ou tout autre ouvrage fondamental dans leur filière d’étude.

Un « affaissement intellectuel » au regard du niveau de certains, trahis d’abord par la langue puis par leur ignorance des grands faits contemporains. Dans les rues come sur le campus, difficile de les entendre débattre des questions politiques, économiques ou même des problématiques de société telles que le coût de la dot qui ne favorise pas le mariage des jeunes ; le loyer ou le transport qui demeurent des préoccupations, etc. N’allez surtout pas leur demander de vous citer des vers de Corneille ou Racine pour les littéraires ; Copernic, Blaise Pascal ou Einstein  pour les scientifiques moins encore de vous résumer la doctrine de Keynes pour ceux en Sciences économiques. Autant ils ignorent leurs propres « langues maternelles » et les noms de leurs arrière-grands-parents, autant, pour nos jeunes, ces penseurs du Moyen-âge sont de pures inventions comme l’est le sida aujourd’hui. Des astuces pour emmerder !

Quelle ne fut pas ma surprise lors d’un échange avec des jeunes étudiants, en Master, quand je leur demandai de me faire la différence entre une monarchie constitutionnelle et une République ! Une autre question sur Sony Labou Tansi et Henri Lopes, icônes parmi tant d’autres de notre littérature, me permit de mesurer le danger qui guette nos jeunes et je compris pourquoi leur propension à la platitude.  Un véritable « affaissement intellectuel », comparé à ce que furent les lycéens et étudiants hier. Toujours fiers d’arborer un « livre de poche » estampillé PUF (Presses universitaires de France). Ce fut une époque ! En y mêlant des exceptions, avouons que notre jeunesse se perd. Alors : que faire afin qu’elle renoue avec la culture ? La vraie. Accusés, répondez !

 

Van Francis Ntaloubi

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