Couleurs de chez nous: « Ewawa » : qui et pourquoi ?

Lundi 3 Octobre 2016 - 11:17

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On peut les considérer comme une catégorie sociale. Ils sont de plus en plus nombreux à travers le Congo : dans les villes comme dans les villages. Mais qui sont-ils ces Ewawa ? Qui est réellement Ewawa ? Enfin, Ewawa pour quel but ?

S’il faut traduire, on dira qu’Ewawa signifie ancien. Mais au fond, il désigne d’anciens sportifs, footballeurs en l’occurrence, ayant rangé leurs bottines. Mais qui, pour des besoins de la forme et de maintien physique, remontent sur le terrain occasionnellement. Surtout les week-ends. Entre amis d’un certain âge. Les Ewawa ont généralement plus de trente-cinq ans. En réalité, des Ewawa, on ne devrait pas attendre de nouveaux exploits. L’autre particularité, ce sont ces agapes qui servent de prologues à leurs rencontres sportives.

La mayonnaise a tellement pris que, partout, sont désormais organisées des rencontres sportives inter-quartiers, inter-villages, inter-zones, etc. De bons prétextes pour raviver des souvenirs et pour tisser une toile de solidarité. Il n’est pas rare que des gens partis de Pointe-Noire se retrouvent à Brazzaville en tant qu’ewawa. Ou ceux de Ouesso pour Makoua, de Dolisie pour Nkayi, etc. A l’image des hommes, les femmes, elles aussi, se retrouvent entre elles. Les anciennes handballeuses particulièrement.

Seulement, aujourd’hui, le concept « ewawa » tend à se galvauder. Des moins de trente ans, des moins de vingt ans, pleins de jus, et donc capables de performances, passent pour des « ewawa ». Ignorance ? Ou manque d’inspiration à trouver un concept les désignant ?

On pourrait aussi indexer ces anciens pratiquants d’autres disciplines qui, n’ayant jamais été aperçus sur un terrain de foot, se convertissent en « ewawa » du ballon rond. Allusion aux karatékas, judokas et autres. Effet de mode !

Si on peut le leur concéder, on devrait redéfinir le terme « ewawa » qui, au lieu de désigner des « vétérans du foot », doit désormais qualifier tout sportif non professionnel ou des « sportifs occasionnels ».

Le débat est ouvert. Autrement, le tribunal de la langue, du lingala surtout, doit retirer aux jeunes ce qualificatif d’ewawa qui ne leur sied pas.

Ewawa : une originalité bien congolaise. Ewawa : une couleur de chez nous.

 

Van Francis Ntaloubi

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