Couleurs de chez nous: « Liputa na tolo »

Samedi 24 Septembre 2016 - 0:35

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Nombre de Brazzavillois connaissent ce marché situé à Talangaï, dans le 6è arrondissement de la capitale. Au moins, ils en ont déjà entendu parler. 

En traduisant littéralement « liputa na tolo » veut dire « le pagne noué à la poitrine ». D’habitude, le pagne noué à ce niveau, au Congo, signifie que la femme s’apprête à aller se laver, qu’elle n’a pas encore pris sa douche, qu’elle est chez elle, loin de s’engager dans des courses hors foyer.

Mais, même dans cette disposition, la femme peut créer les conditions pour une cuisine express sans devoir effectuer de longues distances vers un marché public et réglementaire. En d’autres termes, il lui suffit de parcourir 100 mètres pour se procurer un kilo de viande, de poisson, des condiments et le tour est joué. 

C’est cette possibilité qu’a la femme d’aller et revenir, sans fards et rouges à lèvres, dans une tenue plus ou moins négligée qui donne tout son sens à ce concept de « liputa na tolo » (le pagne sur la poitrine).

Aujourd’hui, ce type de marchés fleurissent et occupent toutes les rues de nos villes et villages faussant d’ailleurs la politique d’aménagement urbain. Sans parler d’autres conséquences. Le phénomène met à nu l’impuissance des pouvoirs publics au point que les marchés formels et réglementaires se vident chaque jour. 

Tout commence par une vendeuse qui étale sa tomate au sol. S’ajoute une deuxième avec le légume. Puis une troisième qui propose le manioc ou les « divers ». Un mois plus tard, elles sont une quinzaine en ordre de bataille et prêtes à en découdre avec l’autorité qui penserait à les déguerpir des lieux.

Effrontées et solidaires, telles des hyènes menaçant le lion dévorant sa charogne, ces occupantes anarchiques des rues demeurent une préoccupation  même si, au nom de la débrouillardise, chacun essaie de survivre comme il peut. Une couleurbien de chez nous, un trait de la société congolaise qui illustre notre manière de vivre.

 

 

Van Francis Ntaloubi

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