Couleurs de chez nous : Objets d’art ou sorcellerie ?

Samedi 16 Septembre 2017 - 21:38

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Dans la plupart des ouvrages d’histoire ou de sociologie, le peuple congolais était présenté comme animiste. Un peuple qui croit aux objets naturels ou aux animaux. Puis, plus tard, les Congolais sont donnés comme majoritairement chrétiens.

Revenons sur le premier des traits qu’est l’animisme. En effet, enfant, je me rappelle que mon grand-père avait, dans ce qui lui tenait office de maison, diverses statuettes et plusieurs autres objets d’art voire de la poterie. Il vouait un certain culte à ce patrimoine hétéroclite, et sans réelle valeur à nos âges, au point de toujours les placer au milieu de la cour, le jour, à des fins de « bronzage, pour les rentrer au crépuscule. Mais, bien plus : il oignait de la kola mâchée sur ces personnages. A retenir aussi : l’absence d’interdits particuliers, car il était permis de les toucher ou les manipuler. Selon les explications, ce dispositif permettait de garder un lien avec les ancêtres ou les parents décédés, chaque statuette représentant un aïeul.

Cette pratique a laissé place à la décoration moderne avec des objets d’art d’un nouveau genre que l’on pouvait se procurer à Bifouiti, sortie sud de Brazzaville ou à Massengo au nord de la capitale si ce n’est à la Poste centrale ou au marché du Plateau ville. Combien de maisons à Brazzaville ou à Pointe-Noire n’étaient-elles pas remplies d’objets d’art représentant tous les éléments qui entourent notre quotidien ?

Autant passe le temps qu’il emporte tout dans son sillage. C’est ainsi que les maisons sont désormais vides ou remplies d’encadrements divers avec des photos des membres de la famille ou de paysages du Congo et d’ailleurs. Recherchez-vous les causes ou les raisons ?

L’éducation actuellement distillée à la population par certains médias et autres leaders d’opinion autoproclamés (suivez mon regard) la détourne de l’art. Il est de plus en plus fréquent que les Congolaises et Congolais qualifient d’instruments maléfiques ou magiques les œuvres d’art. Passent pour suspects tous ceux qui expriment leur passion pour ces œuvres en les suspendant sur les murs de maisons, dans leurs bureaux ou dans leurs voitures.

Le cinéma congolais, quand il existe, contribue souvent à cristalliser les peurs à l’égard de la sculpture par exemple. Dans certains films ou « théâtres de chez nous », on voit des femmes en transe crier « Feu ! » sur les monuments ou autres objets décoratifs. Une naïveté qui nourrit les marchands d’illusions et les non cités. On connaît le sort réservé à certaines galeries d’art ainsi que les critiques et commentaires que soulèvent les rares musées qui résistent encore sous nos tropiques.

Parce que l’art donne de la couleur à notre vie, en voici un plaidoyer.

 

Van Françis Ntaloubi

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