Décomplexons les regards

Samedi 13 Septembre 2014 - 5:45

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Dans un passé pas si lointain, parler de danse et de théâtre contemporains en Afrique suscitait des réactions qui démontraient combien dans l’imaginaire collectif ces formes d’expressions artistiques étaient considérées comme « un art fait pour les Blancs ».

On se souvient des débats agités qui animèrent certains hommes de culture ici même sur la dynamique qui s’opérait au milieu des années 2000 autour de la danse contemporaine. Des chorégraphes de la trempe d’Orchy Nzaba, de DeLaVallet Bidiefono, soutenus par un de leurs aînés, Salia Sanou, s’élevèrent contre les mauvaises langues. Formels, ces artistes démontrèrent combien leur engagement consistait à exprimer par le biais de ces formes artistiques ce qui constituait leur époque et leur vécu actuel. Réponse évidente qui renvoie d’ailleurs à l’essence même du mot « contemporain ». Au grand dam des conservateurs, nombre de ces artistes bénéficièrent d’une reconnaissance mondiale et se produisent depuis dans les plus prestigieux festivals du monde.

Mais que diront-ils, ces conservateurs, face à l’intérêt porté par les artistes africains pour l’art contemporain ? Ils s’en étonneront certainement, mais sans ignorer les progrès de la mondialisation, de notre époque et donc des discours. Si de l’art africain on ne connaissait que ses masques, ses statuettes, sa peinture naïve, il est urgent de se rendre compte, si ce n’est déjà fait, de la révolution qui s’opère depuis un certain temps sur le monde de l’art africain grâce à une nouvelle génération d’artistes décomplexés et désireux de décoloniser les regards et les discours. N’ayant pas connu l’ère coloniale, leurs réflexions sont profondément enracinées dans la modernité, et ils veulent partager leur vision du monde. L’attrait du marché occidental pour leur travail a permis à certains d’entre eux de prendre conscience de la valeur ajoutée de l’art dans l’économie.

Les Riac qu’accueille actuellement Brazzaville peuvent être le moyen de décomplexer les regards. Sortez à la rencontre de ces jeunes pousses de l’art contemporain africain encadrées par une Bill Kouélany résolue à stimuler leur créativité et à leur donner les moyens de se présenter sur la scène internationale. 

Les Dépêches de Brazzaville