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Dès le premier tour !

Lundi 17 Juillet 2017 - 13:30

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On a voté hier, au Congo, pour élire les députés à l’Assemblée nationale ainsi que les conseillers municipaux et départementaux. Le double scrutin a mobilisé pendant deux semaines de campagne électorale les candidats investis par des partis mais aussi des indépendants, certains opérant pour le compte de la société civile. Par le passé, cette catégorie de candidats avait donné du fil à retordre aux représentants des partis.

Il est vrai, en revanche, que sous ce statut de candidats « indépendants » œuvrent bien souvent des hommes et des femmes ayant le sentiment d’être brimés par leurs formations politiques, s’ils ou elles ne résistent pas simplement au compromis qui leur est proposé par ces dernières lorsqu’elles estiment que le moment est venu pour les uns, les unes et les autres de passer la main. Au bout du compte la plupart des « indépendants » reviennent grossir les effectifs de leurs partis d’origine, d’où l’absence, depuis lors, de groupes parlementaires constitués sous ce label au sein du parlement congolais.  

Ce constat posé, peut-on penser que la donne changera cette fois ? Rien n’est moins sûr. Mais qui pour prendre ses adversaires de court et l’emporter sans attendre au soir du 16 juillet ? Beaucoup de candidats ont caressé ce rêve. Même si, en effet, les thèmes et slogans portés sur affiches géantes, calicots, banderoles et kakémonos étaient variés, le pari de l’emporter dès le premier tour a été le plus entendu dans les discours développés dans les meetings et relayés par la presse. Comme si dans leur majorité, les candidats redoutaient la fatidique épreuve du deuxième tour, hantés sans doute par les « complots » politiques qu’offre ce moment au travers d’alliances inattendues et parfois jugées contre-nature.

Il va sans dire que gagner dès le premier tour est une chance énorme pour tout candidat à une élection à plusieurs. Cela éloigne le stress, limite les dépenses de campagne, et offre une once de crédibilité à l’élu. Pour les candidats sortants qui franchiront ce cap, il est clair qu’ils auront dès lors récolté la semence de leur précédent mandat. Les tout-nouveaux qui graviront cette échelle avec succès ne devront pas oublier que commencera alors pour eux l’autre bataille de légitimité que seul le contact régulier avec leur base électorale peut garantir.

Durant la dernière législature, bon nombre d’élus nationaux n’ont eu que le temps de revêtir l’écharpe tricolore, assister à la séance solennelle d’installation des instances de leur chambre et acter leur entrée à l’Assemblée. Au fil des sessions, ils ont migré vers la sortie, ne se présentant au siège du parlement que quand les circonstances l’autorisaient, car nombreux avaient à remplir des obligations extra-parlementaires hors des frontières nationales, laissant l’impression d’avoir été élus pour rien.

Assistera-t-on, une nouvelle fois à cette désobligeance des parlementaires à l’égard de l’institution pour laquelle ils se dépensent tant pour en devenir membres ? Les règlements intérieurs des assemblées nationales et locales ne devraient-ils pas inclure l’examen des absences prolongées non justifiées d’élus gratifiés d’émoluments moissonnés sur le sacrifice du contribuable ? Le législateur se contentera-t-il donc de fermer les yeux sur les désertions qui décrédibilisent les institutions nationales ?

Une chose parait justifier le comportement de certains élus : l’incurie. Sur la foi des observations antérieures du champ parlementaire congolais, étudier les lois, en proposer des nouvelles, réviser les clauses de celles devenues caduques, se pencher sur les dossiers, monter des enquêtes parlementaires, préparer les séances de questions orales avec le gouvernement n’ont semble-t-il pas toujours été le lot de certains députés, sénateurs et conseillers : trop ennuyeux, fastidieux,  tueur du temps que l’on devrait consacrer à autre chose, aux affaires, aux tontines, aux escapades, chuchotent-ils.

Alors si c’est avec le même désintérêt que l’on traitera à nouveau les institutions nationales chargées entre autres de contrôler l’action du gouvernement, le futur député, le futur conseiller se rendraient coupables ni plus ni moins d’escroquerie politique à l’égard du peuple-électeur. Et pour cela, gagner au premier tour ou au second moyennant quelque acrobatie ne sera d’aucune gloire.

Gankama N'Siah

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