Diaspora - Musique : « Sammy Massamba est un accoucheur de chefs-d’œuvres », déclare Abel Dibassa

Les Dépêches de Brazzaville (LDB) : Sammy Massamba dit qu’il n’a pas rencontré, ces trente dernières années, un musicien aussi complet que vous. Que lui répondez-vous ?

Abel Dibassa (AD) : Sammy Massamba est un auteur, compositeur, guitariste et l’homme-orchestre, arrangeur reconnu. Je ne sais pas comment réagir à cet hommage. Quoiqu’il en soit, c’est une grande fierté pour moi que d’avoir travaillé avec cet homme d’un humanisme infaillible. Pour tout vous dire, Sammy Massamba est un accoucheur à la fois d’esprit et de chefs-d’œuvres. Il a la passion du travail bien fait et ne tolère aucune approximation. Il sait se mettre au niveau de l’élève pour l’aider à avancer, à lui faire découvrir ses talents. Pour cela, je dis : chapeau l’artiste !

LDB : A quand remonte votre première rencontre ?

AD : Je connais Sammy Massamba depuis 1988. Le jour où je me suis ouvert à lui en lui confiant mon envie de me lancer dans la chanson, il m’a d’abord écouté avant de se prononcer. Et que m’a-t-il répondu ? « Jeune homme, tu dois travailler sans relâche si tu veux faire de la chanson une vocation ». Cette phrase est gravée dans le disque dur de ma mémoire. Depuis ce temps-là, 28 ans déjà, je bosse et je bosse sans jamais me décourager car le mot « renoncement » ne fait pas partie de mon répertoire. J’ai été membre de l’orchestre Zakala à Moungali, puis de Swédé Lokolé en Afrique de l’Ouest, avant de m’installer en Europe. 

LDB : Combien de temps a pris la conception de votre album ?

AD : Trois ans ! Trois ans de travail intense, trois ans durant lesquels je me suis fait violence, mais trois ans de bonheur, finalement, puisque j’ai accouché de cet album qui, je l’espère, trouvera l’adhésion des mélomanes.

LDB : Pour prolonger cette métaphore maternelle, votre bébé comporte 11 titres. Avez-vous une préférence pour tel ou tel autre titre ?

AD : Dites-moi : une mère peut-elle avoir une préférence pour tel ou tel autre de ses enfants ? Je ne le pense pas. Néanmoins, j’ai un faible pour le troisième titre, Mâ Loukoula. Et pour cause, j’y rends hommage à la mère qui m’a porté dans son ventre durant neuf mois.

LDB : Votre album s’intitule « Succession ». Voulez-vous dire qu’avec vous, la succession musicale est assurée au Congo ?

AD : Je n’ai pas la prétention de succéder à qui que ce soit. Chaque homme est unique. Toutefois, je tiens vraiment à être, dans les années à venir, l’un des représentants de la musique congolaise que certains estiment être en ce moment, à tort, en hibernation. J’arrive dans la sphère musicale actuelle et je convie les mélomanes congolais à s’approprier l’album « Succession ».