Disparition : l’étoile de Roger Botembe s’est éteinte dans le firmament de la peinture congolaise

Vendredi 3 Janvier 2020 - 19:23

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Le grand pinceau n’a pas passé le cap du Nouvel An, la toile de son existence noircie par la maladie a définitivement perdu ses couleurs pour prendre la teinte indéfinissable de l’éternité, le 31 décembre, en Afrique du Sud.

Maître Roger BotembeL’année 2020 commence bien tristement pour l’Académie des beaux-arts de Kinshasa (ABA). La disparition de son professeur associé et chef de section Arts-Plastiques, Roger Botembe Mimbayi Lita, endeuille aussi tout l’univers de la peinture. Le défunt lui a donné une impulsion réelle au début des années 1990 avec la création des Ateliers Botembe, en 1992. Agissant de la sorte, « il a dès lors fait figure de précurseur », raconte Franck Dikisongele. « Botembe pensait qu’il fallait travailler ensemble, constituer un atelier commun et non pas travailler chacun dans son coin dans une structure personnelle. Il était d’avis qu’il fallait savoir partager son expérience, quitte à créer dans un même espace. Nous avions un bureau d’études où nous pouvions discuter et parler de projets. Nous avons appris à travailler en synergie, mener des stages. Nous sommes le fruit du travail qu’il a encadré », a confié le peintre au Courrier de Kinshasa. Et donc, l’on comprend que l’Association congolaise des artistes plasticiens vient là de perdre une de ses grandes figures. Elle se mobilise d’ores et déjà pour une rencontre le lundi 6 janvier 2020 à l’ABA. À ce rendez-vous fixé à 15h00, « il sera décidé d’un programme adéquat des funérailles à la hauteur de l’illustre disparu », a fait savoir Dikisongele assez retourné par ce décès.

Franck Dikisongele a été l'un des membres des Ateliers Botembe à ses débuts et en parler lui a fait remonter d’heureux souvenirs. Il tient celui qui lui a mis le pied à l’étrier pour son géniteur, plus qu’un mentor. « Je lui dois beaucoup, beaucoup. Il était pour moi un père. Ce que je suis aujourd’hui, je le dois à Botembe. Il m’a appris mes premiers pas dans l’art. C’est vrai que l’on naît artiste, on ne le devient pas, mais si il n’avait pas mis les moyens nécessaires pour que je connaisse l’éclosion, je n’en serai pas à ce que je suis devenu. Je suis le pur fruit de ses mains », a affirmé Dikisongele.

Maître du trans-symbolisme

Pour Dikisongele, c’était une véritable aubaine que d’avoir pour encadreur Roger Botembe qu’il présente comme étant « le maître du trans-symbolisme, courant de la Renaissance de l’art africain contemporain ». La vision du Maître doublée de son expérience avait su canaliser la fougue qui les caractérisait, lui et ses homologues, au début. « Il est devenu le créneau grâce auquel nous pouvions nous reconnaître dans ce que nous faisions. Il ne nous a pas imposé l’appellation Les Ateliers Botembe, nous l’avons décidé à l’unanimité, Matemo, feu Kambere, Malambu, Freddy Tsimba et moi. Il était le maître et nous étions ses élèves. Nous étions cinq au départ, tous les autres ont intégré Les Ateliers Botembe par la suite  », a-t-il expliqué.

Il faut savoir qu’avant de se poser à Kinshasa et d’imposer ses marques au pays, feu Roger Botembe Mimbayi Lita a d’abord fait ses preuves dans l’atelier de Samir Zarour à Abidjan en Côte d’Ivoire à l’Institut national des arts d’Abidjan entre 1981 et 1982. Il est détenteur d’un diplôme de 2e degré en peinture monumentale de l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles.

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Maître Roger Botembe

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