Distinction : Alicia Aylies, Miss Guyane, gagnante du concours Miss France 2017

Cinq jeunes femmes ont été désignées à égalité, d’une part par le jury, présidé cette année par Arielle Dombasle et composé d'Ingrid Chauvin, de Michèle Bernier, de l'ancienne Miss France Malika Ménard, du chanteur Amir, de Christophe Barratier et du boxeur médaillé d'or aux JO 2016 Tony Yoka et, parallèlement, par les téléspectateurs votant par téléphone et SMS, avant que ces derniers, selon un dispositif inédit, n'élisent leur ambassadrice pour l'année 2017.

Samedi 17 décembre, Sylvie Tellier, présidente du comité Miss France, a révélé en personne les suffrages attribués aux finalistes à la fin des votes du public. À la fin, cinq miss affichant des beautés distinctes venues d’ailleurs, preuve que la compétition, cette année, n’a souffert d’aucun tabou quant à la question de la diversité. « Je ne peux que me réjouir d'une élection qui a donné toute sa place à la diversité », a commenté Louis-Georges Tin, le président du CRAN.

Au triomphe de la diversité, Alicia Aylies, 1 m 78, yeux verts, née le 21 avril 1998 à Fort-de-France, en Martinique. Fille unique, elle grandit en Guyane à Matoury aux côtés de sa mère, Marie-Chantal, monitrice d’auto-école. Très sportive, la petite fille se passionne dès l’âge de 4 ans pour l’escrime. Cette discipline, qu’elle pratique en compétition, lui permet de voyager et de découvrir la France. À l’adolescence, son joli minois est repéré par l’agence guyanaise Mannky’n Agency, qui lui propose de faire des photos. La pétillante Alicia fait ainsi ses premiers pas de mannequin à 16 ans. Son bac scientifique en poche, elle s’inscrit en première année de droit à l’université de Cayenne et se destine au métier de juriste. 

Parallèlement, la jeune fille, habituée des podiums, décide de prolonger l’aventure du mannequinat et de s’inscrire à des concours de beauté. Le 8 octobre dernier, elle est élue Miss Guyane 2016 à Cayenne. Son esprit de compétition allié à sa beauté métissée fait le reste lors du concours national. Le 17 décembre, devant quelque 8 500 personnes réunies dans l'Arena de Montpellier, Alicia Aylies remporte le titre de Miss France 2017 à l’issue d’une cérémonie suivie par plus de 8 millions de téléspectateurs, et offre pour la première fois la couronne à la Guyane, reléguant au second plan les arguments régulièrement avancés par les associations féministes.

Cette année encore, « Osez le féminisme » a dénoncé une élection « sexiste », mettant en valeur des « stéréotypes physiques irréels ». Si cette opinion se défend du point de vue du féminisme « mainstream », du point de vue du « black feminism », une autre analyse est nécessaire. Tandis que le discours dominant pousse les femmes blanches à se conformer aux canons de beauté, il affirme en même temps que les femmes noires ne peuvent y prétendre.

Selon les discours racistes ou colonialistes, les femmes noires peuvent être excitantes, aguichantes, « érotiques » et exotiques, mais elles ne sont jamais « belles », la beauté véritable étant réservée à la femme blanche, à la peau claire et aux cheveux lisses. Et souvent, ces femmes noires sont comparées à des animaux, « gazelles » quand on veut les séduire, ou « guenons » selon le degré d’estime, comme le savent bien Michelle Obama, Cécile Kyenge, Christiane Taubira et tant d'autres femmes moins connues.

Au lendemain de son sacre, encore hésitante entre interviews et séances photos, la jeune Alicia Aylies a confié sa fierté, même si elle est consciente de devoir mûrir et acquérir plus de confiance en elle. « Je ne serai plus juste Miss Guyane. Je suis devenue Miss France, la première Miss Guyane à avoir été élue dans ma région dont j’aurai marqué l’histoire : c’est une grande fierté pour moi…», a-t-elle déclaré.  Une fierté bien partagée en Guyane si l’on en croit les scènes de liesse et concerts de klaxons qui ont rythmé la nuit à Cayenne.