DJ Migo One : de « L’heure est grave » à « L’Après-Pétrole », l’araignée ne cesse de monter

Samedi 23 Août 2014 - 5:00

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La star congolaise du coupé-décalé, DJ Migo One, est au rendez-vous de toutes les cérémonies festives aujourd’hui. Après ses récentes prestations à Sibiti, où sa chanson a clôturé le banquet présidentiel, Migo One nous a reçus à l’hôtel Ledger à Brazzaville pour nous livrer le récit de son parcours musical et ses projections. Entretien

DJ Migo One, disc jokey, auteur-compositeur, est le père du concept de la widge et de la danse araignée. Il commence comme DJ dans les discothèques. Son rôle consiste à combiner les sons grâce à une bonne sélection musicale pour faire danser le public. C’est précisément en 2001 qu’il commence sa fonction de DJ aux côtés des DJ Ezmez, Tech-One, Pitchou-One, Mo-Bit, Nono… En 2005, sous l’influence de mélodies ivoiriennes coupé-décalé initiées par Doug Saga, DJ Migo One crée avec DJ Nono le groupe les Chasseurs des katakatas. Tramotina, un maxi single de deux titres, naît de cette union. Le premier titre, Tramotina, est une fresque sociale dans laquelle ils encouragent les jeunes à garder l’espoir malgré les manques. Le second titre, Katakata, en effet, est un chant d’animation qui les révèle sur l’échiquier national, bénéficiant du titre révélation de l’année 2006 aux Tam-Tam d’or des prix du meilleur clip et du meilleur groupe.

Un autre album de huit titres, L’État en danger, produit par Dénidé Production en 2009, sera vendu au Congo et en France. Puis arrive la séparation du groupe. Ainsi commence la carrière en solo de DJ Migo One, avec son premier maxi single de deux titres, Youkouri anti-complexe. On y trouve comme mélodie Youkouri anti-complexe qui exalte l’habitude d’avancer malgré les critiques, malgré les bâtons dans les roues, et Quel est ton menu ?, qui, loin de parler de gastronomie, concerne l’art vestimentaire, la façon de s’habiller.

Puis survient comme une bombe L’heure est grave en 2013, un disque qui compte quinze titres : Dosé, Ndéké na ndéké, Les Dza, La Widget obligée, Woulongué, Bilima, Décentralisation du boss, Masolo ya bongo, Youkouri, Jakarta, Styck bodo, Panechie. Concepts assez mystérieux dont il essaie de nous dévoiler le contenu. Le choix du titre L’heure est grave s’explique par son souci d’interpeller les jeunes. « Nous les jeunes, affirme-t-il, devons prendre nos responsabilités puisque l’avenir est entre nos mains. Il faut se former et aimer le travail pour ne pas toujours compter sur les parents. Dosé, par exemple, est une chanson où j’incite les jeunes à aimer l’école, à éviter la délinquance et la vie facile. Il faut lutter. Et dans Décentralisation du boss, j’invite ceux qui émergent dans la société à se souvenir des leurs pour ne pas être abandonnés à leur tour en cas de déchéance. Si Dieu te bénit, bénis aussi tes frères. En dehors de l’animation, ce sont les conseils que nous donnons souvent dans nos chansons. Mais certains les comprennent à leur façon» 

Concernant la signification du concept, « la widge », qui est le plus populaire chez les jeunes, DJ Migo One, son créateur, explique qu’« un jeune est la widge quand il sait respecter les gens, bien s’habiller quelque soit son rang social. Est la widge celui qui est positif, qui avance dans la positivité des choses, soit un élève qui utilise internet pour se cultiver, soit un autre toujours propre et stylé sans extravagance. » Quant à la chanson L’araignée qui monte, qui rampe et qui galope, c’est une métaphore très évocatrice, une chanson de gaieté, entonnée lors des manifestations à une certaine époque dans le quartier Intendance où Dj Migo One a passé une bonne partie de son enfance. « J’ai essayé de la métisser, dit-il, de la rendre plus moderne. Mon fils a aussi contribué à la création de la danse araignée. À l’occasion de son anniversaire, un jour j’ai invité ses amis. J’étais moi-même en train de mixer les sons quand je me suis mis à animer en leur demandant de bouger et de grimper… Les enfants ont merveilleusement exécuté ce jour-là une danse qui m’a donné l’idée de créer la danse araignée. Laquelle danse a permis à l’album L’heure est grave d’avoir de l’ampleur, d’avoir un impact à travers tout le Congo. Même en Chine, on danse araignée. Grâce à cette danse, Araignée a reçu le prix de la meilleure chanson métissée aux Tam-Tam d’or 2014. » Le disque L’heure est grave a permis à DJ Migo One d’offrir des spectacles dans la plupart des grandes manifestations culturelles et politiques organisées dans tous les départements du Congo. Ces deux dernières années, il a donné plusieurs concerts à l’étranger, notamment à Kinshasa, à Dakar, à Tunis, à Rabat et à Dubaï.

Il n’est donc pas étonnant que son effigie se retrouve sur les pancartes publicitaires placées, du Nord au Sud, dans les grandes villes du pays. Loin de se complaire dans ces distinctions, DJ Migo One est en préparation d’un nouvel album, L’Après-Pétrole, qui sera, pense-t-il, sur le marché l’année prochaine. Album dans lequel il voudrait valoriser le pagne ou les habits en pagne dont le tissu ne provient pas du pétrole qui tarira un de ces jours.

En attendant, un morceau intitulé Mabaya Mabaya est déjà dans les discothèques. En guise de perspectives, DJ Migo One entend également représenter le Congo jusqu’au bout du monde avec des artistes d’ailleurs, à l’image de Michael Jackson qui demeure indéfiniment son modèle.

Aubin Banzouzi