Dossier Biac : Deogratias Mutombo et la BCC bloquent et menacent les clients

Mercredi 4 Janvier 2017 - 15:30

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La Banque centrale du Congo (BCC) dirigée par Deogratias Mutombo maintient son opposition à la dissolution de la Banque internationale pour l’Afrique au Congo (Biac) prise par les actionnaires de cette institution bancaire en difficulté, le 4 novembre 2016, au cours d’une assemblée générale.

La décision des actionnaires propriétaires a été motivée par le souci de liquider la Biac et permettre ainsi le remboursement rapide des 400 mille clients épargnants de cette banque, la troisième de la RDC. Le communiqué des actionnaires du 29 décembre 2016 a alerté les épargnants contre tout remboursement de crédit. «Consécutivement à l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires du 4 novembre 2016 décidant la dissolution de la Biac et en attendant la suite des actions judiciaires en cours, les actionnaires de la Biac portent à la connaissance du public en général et des débiteurs de la banque en particulier que tout remboursement de crédit auprès des anciens membres du Comité d’administration provisoire durant cette période sera considéré comme nul et de nul effet », indique le communiqué. Et d’insister : « Les actionnaires de la Biac restent en attente de la nomination par la Banque centrale du Congo d’un liquidateur. Seul ce dernier sera habilité à procéder au recouvrement des crédits octroyés. En l’absence d’un liquidateur, le débiteur s’exposerait à payer à nouveau sa créance car le principe juridique veut que "qui paye mal, paie deux fois". Il appartient maintenant à la Banque centrale du Congo d’agréer le liquidateur pour que la procédure puisse suivre son cours au plus vite ».

Mais du côté de la BCC, le gouverneur Deogratias Mutombo a annoncé la reprise de la Biac par une banque chinoise, la China Taihe Bank, qui, d’après les dernières investigations, n’existerait pas ! Une situation d’autant plus inquiétante pour les actionnaires que les épargnants. Pire, le comité provisoire de la Biac sous administration de la BCC et présidé par Félix Bekila a littéralement brandi des menaces dans un communiqué daté du 30 décembre 2019, tout étant incapable de payer le 13e mois des agents de la Biac. Qualifiant les propriétaires de « prétendus actionnaires », le président du comité provisoire de la Biac « invite tous les débiteurs de la Biac S.A. à rembourser les crédits par le biais de leurs comptes débiteurs dans les délais conventionnels, demande à tous les débiteurs de s’acquitter diligemment de leurs obligations avec l’appel des garanties au risque de s’exposer aux dispositions de l’instruction n°13 modification n°04 de la Banque centrale du Congo relative à la mise à l’index, se réserve le droit de saisir les cours et tribunaux pour  tous les préjudices qui résulteraient du communique du 29 décembre 2016 ». Selon l’avocat conseil des actionnaires, Me Pierre Okendembo se confiant sur direct.cd, « les créances remboursées devaient servir au remboursement des épargnants et non pas au fonctionnement d’une banque en difficulté, dissoute par les actionnaires. Voici un cas flagrant de dilapidation de l’épargne publique ».

Comité d’administration provisoire hors-la-loi...

L’on apprend, par ailleurs, que le comité provisoire de la Biac serait hors-la-loi depuis le 25 décembre 2016, sombrant dans l’irrégularité. « Monsieur Bekila [Ndlr: le président du Comité d’administration provisoire] est sans qualité pour engager la Biac et il y a lieu même de relever à l’attention du public que l’intéressé est actuellement en appel dans le cadre des résolutions prises par les actionnaires », a élucidé Me Pierre Okendembo Mulamba. La mise sous tutelle de la Biac par la BCC avait une durée de 180 jours à partir de juin 2016. Ce délai a été retardé de 30 jours, soit le 25 décembre. Pendant ce laps de temps, la BCC devrait trouver un repreneur de la Biac et scruter les options ultimes de redressement de la Biac. Mais elle a affiché une incapacité déconcertante d’atteindre sa mission.

Au lieu de cela, elle s’est perdue en attaquant les actionnaires en justice sur la dissolution de la Biac prononcée le 4 novembre 2016, une décision prise afin de stopper l’hémorragie financière de la Biac dont le financement par la BCC est passé d’une cinquantaine de millions de dollars à plus de 150 millions en trois mois ! Et pourtant, les épargnants n’ont pas eu accès à leurs fonds. Le verdict au Tribunal de commerce de Kinshasa/Gombe sur l’affaire opposant la BCC aux actionnaires de la Biac devrait être rendu depuis le 4 décembre 2016, a-t-on appris. Mais cela n’a pas eu lieu. Dans les coulisses du Tribunal, soufflerait-on, des juges auraient été menacés par la hiérarchie de la BCC. L’on se demande si le gouverneur de la BCC ne serait pas sur un fauteuil éjectable à la suite d'une gestion scabreuse de ce dossier opaque et aussi avec la dégringolade de la monnaie nationale par rapport au dollar américain après plusieurs mois de stabilité.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Deogratias Mutombo, gouverneur de la BCC

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