Électricité en Afrique : la solution de la Banque mondiale pour élargir l’accès et baisser les coûts

Samedi 5 Novembre 2016 - 14:17

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Dans son dernier rapport intitulé « Making Power Affordable for Africa and Viable for its utilities », l’institution de Bretton Woods a recommandé plusieurs mesures urgentes à plusieurs niveaux dont les infrastructures, le transport, la distribution ainsi que la consommation. Globalement, les défis prochains des fournisseurs d’électricité des pays africains concerneront aussi bien la réduction des pertes techniques et commerciales que l’augmentation des tarifs de consommation à des proportions acceptables et selon des modalités à respecter.

La réflexion part d’une simple interrogation sur la capacité réelle pour l’Afrique subsaharienne d’étendre l’accès à une électricité bon marché à des millions d’habitants, tout en garantissant la rentabilité des compagnies d’électricité. Il s’agit d’une problématique majeure au moment où la plupart des compagnies de fourniture d’électricité de la région sont aujourd’hui déficitaires. Donc, il y a bien un vrai problème. Pour disposer d’une compréhension exacte du niveau de viabilité financière des compagnies d’électricité et des facteurs déterminant l’accessibilité de l’électricité pour les consommateurs, les enquêteurs ont examiné minutieusement les données provenant de 39 pays de la région. Et les résultats sont sans appel. Un Africain sur trois accède effectivement à l’électricité. L’usage du kérosène comme source alternative d’énergie tend même à se répandre. Les compagnies « sont à court d’argent ». Pire, les infrastructures vieillissantes ne leur permettent pas de connecter les consommateurs à une alimentation fiable. Si rien n’est fait, les enquêteurs craignent une progression alarmante du nombre d’Africains sans un accès à l’énergie électrique d’ici à 2030.

Cette entrée en matière démontre l’intérêt de l’étude pour de nombreux pays de la région dont la RDC où le taux de desserte en électricité reste très bas par rapport à la moyenne africaine. Dans sa solution, le rapport réaffirme l’urgence de prendre des mesures capables d’aider les compagnies d’électricité à recouvrer leurs coûts, sans rendre les tarifs hors de portée pour les ménages généralement pauvres. Comme mesures concrètes, il y a la nécessité de réduire les pertes techniques et commerciales causées par des compteurs trafiqués. Un problème réel même en RDC. Ensuite, les compagnies doivent fournir des efforts pour assurer le recouvrement maximal de leurs factures.

Par ailleurs, il est important de réfléchir sur une augmentation ciblée des tarifs. Cela partira bien entendu des clients les plus importants, mais le rapport insiste pour que ce ciblage s’accompagne nécessairement d’une amélioration tangible de la qualité du service en faveur des catégories ciblées. Enfin, l’autre recommandation importante est d’inciter les ménages à s’équiper de compteurs individuels pour pouvoir mesurer leur consommation. Le rapport insiste sur l’intérêt d’identifier les ménages pauvres et de cibler les subventions en leur faveur. Les compteurs prépayés permettent de mettre en place des petits versements successifs. À cet effet, ils peuvent constituer une piste intéressante à consolider. L’on parle également de partager le coût initial du raccordement entre tous les usagers, y compris les grandes et moyennes entreprises. Cela permettrait d’en atténuer le poids pour chaque usager, surtout parmi les plus démunis. En matière de raccordement, le rapport invite les pays africains à investir davantage dans les mini-réseaux ou les dispositifs hors réseau (basés notamment sur l’énergie solaire) pour assurer l’électrification des zones rurales.

L’implication d’une bonne desserte en électricité sur l’économie de la région n’est plus à démontrer. Mais les clés de cette exigence de développement tiennent à la fois de la performance des réseaux de distribution et de la baisse des coûts de raccordement et de consommation pour les usagers. Pour atteindre les deux objectifs apparemment difficiles au regard des intérêts contradictoires des uns et des autres, il y a des pistes à explorer. Cette étude est financée par le Programme d’accès aux énergies renouvelables en Afrique avec le soutien du Programme d’assistance à la gestion du secteur énergétique de la Banque mondiale.

Laurent Essolomwa

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